Le président de l’Union pour la nouvelle république (UPNR), Maître Louis Gaston Mayila, soutien de Jean Ping, a tenu le week-end écoulé, une conférence de presse à Libreville. Conférence au cours de laquelle, l’ancien ministre d’Omar Bongo a dit sa disponibilité à prendre part au dialogue d’Ali Bongo Ondimba, à condition que le président guinéen, Alpha Kondé en soit le facilitateur désigné par l’ONU. Au-delà de ce qu’on pourrait appeler un chantage opportuniste, dans les rangs de la coalition pro Ping, c’est plus le sentiment de la trahison qui domine.
Pour ceux qui connaissent bien l’homme, ce n’est ni une grosse surprise ni un revirement spectaculaire. Même du temps où il officiait encore comme ministre sous l’ère Omar Bongo, Mayila s’est toujours illustré par des va-et-vient. Tantôt il est dans la majorité, tantôt dans l’opposition. Au sujet de l’actuel dialogue politique, toutes ses allusions, toutes ses ambigüités dès le départ laissaient présager quelque chose de louche, sauf pour ses amis de la maison de Jean Ping, qui ne l’ont pas compris. Après avoir juré qu’il ne prendra en aucun cas part au dialogue du pouvoir, celui qui est désormais connu pour sa navette politique, vient d’annoncer, vendredi dernier, qu’il est maintenant prêt à y aller.
Les intentions de Me Louis Gaston Mayila sont, on ne peut plus claires désormais pour ces compagnons de lutte pro Ping, qui viennent d’apprendre à leurs dépens, que l’homme est sur le point de rejoindre, même tardivement la table des négociations d’Ali Bongo. A condition de voir le président guinéen, Alpha Kondé, par ailleurs président en exercice de l’Union Africaine, débarquer à Libreville sous mandat onusien, comme le laisse entendre la rumeur. On se demande alors qu’est-ce qu’il ira faire à un dialogue sur le point de rendre sa copie, un dialogue auquel il n’a pas participé à une seule phase depuis fin mars dernier. Ou ira-t-il simplement faire le béni oui-oui, en approuvant sans mot dire tout ce que les autres auront déjà arrêté ? Que pourra-t-il d’ailleurs objecter aux décisions que les autres auront scellées en son absence ?
Un coup porté à Jean Ping ?
Dans tous les cas, la décision de Mayila semble difficile et l’homme pourrait se retrouver entre le marteau et l’enclume. Puisqu’il est désormais cerné de deux côtés. Soit aller au forcing au dialogue, même au cas où Alpha Kondé ne déposait pas ses valises à Libreville, quitte à aller accepter éperdument l’ensemble des conclusions arrêtées, car en tant que lève-tard il n’aura rien à contester, qui puisse lui être concédé là-bas. Soit se taire à jamais en démissionnant de la cour de l’ancien président de la commission de l’Union Africaine où il contestait le pouvoir d’Ali Bongo.
Cela lui éviterait les ennuis avec ses frères de lutte pros Ping, qui eux n’admettent pas ces prises de position individuelles en faveur du fameux dialogue, qu’ils qualifient volontiers de "bal des vampires". Même si l’homme jure « Jean Ping, c’est mon ami », c’est une sortie qui va dorénavant éveiller la méfiance de toute la cour du rival d’Ali Bongo, qui ne verra plus l’avocat que comme l’un des maillons les plus faibles, n’hésitant pas à rallier « l’ennemi » en cas de tempête.
Surtout après l’effondrement de l’Union Nationale, dont la plupart des cadres boycottent chaque jour, démissions à la clef, l’interdiction du parti de s’asseoir à la table des négociations avec le pouvoir, au grand désarroi de Zacharie Myboto et tous les autres affidés soutenants Ping. Bref, avec cette sortie du président de l’UPNR, c’est le bloc pro Ping, qui s’érode petit à petit, et à cette allure, un effondrement massif n’est pas exclu, surtout avec la perspective des législatives à l’horizon. C’est le propre des oppositions africaines. Des coalitions gigantesques aux pieds d’argile et qui n’hésitent pas à crouler sous le poids des ambitions crypto-personnelles.