Le 1er mai 2017, les travailleurs du Gabon comme ceux du monde entier ont célébré la fête du travail. L’occasion de rappeler la nécessité, pour les dirigeants, d’apporter des solutions idoines à leurs préoccupations.
Si la Fête du travail semble rimer de plus en plus avec des activités festives que commémoratives, il n’en demeure pas moins que le principal objectif de cette journée est avant tout la célébration des travailleurs ayant versé leur sang ou ayant perdu la vie pour obtenir de meilleures conditions de travail et donc de meilleurs droits. L’essentiel des articulations de cette célébration rappelle de ce fait aux dirigeants leur devoir : apporter des solutions appropriées aux préoccupations des travailleurs.
Au Gabon, notamment à Libreville où les festivités ont été présidées par le Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, les travailleurs ont présenté leur manifeste. Un document notifiant ce qui reste à faire pour satisfaire la classe ouvrière, tranche la plus nombreuse de la population. Se basant sur les grèves dans les établissements scolaires, hospitaliers et dans plusieurs secteurs de la vie, en passant par les problèmes de la vie chère, les insuffisances dans le domaine de la santé, de la protection sociale, ainsi que les mauvaises conditions de travail, le président du Congrès des agents publics, parapublics et privés de l’Etat (Cappe), Emmanuel Mvé Mba, déclinant ce manifeste, a suggéré au gouvernement un certain nombre de solutions. Il a ainsi proposé, entre autres, la mise en place d’une Commission tripartite : gouvernement-employeurs-syndicats ; l’application des résolutions des Etats généraux de l’éducation ; un Conseil du dialogue social…
En réponse, le Premier ministre a déclaré que le gouvernement mettait tout en œuvre pour apporter des solutions appropriées à l’ensemble des préoccupations des travailleurs gabonais. Issoze Ngondet a d’ailleurs relevé le fait que ces préoccupations touchaient à des domaines fondamentaux et sont ainsi d’une urgence capitale. Pour y parvenir, il a, de nouveau, prôné le dialogue. «Cet événement, bien que festif, est aussi l’occasion de réfléchir sur des actions nécessaires à la poursuite de l’indispensable dialogue que nous avons toujours animé avec les partenaires sociaux, de manière dynamique. Ce dialogue constitue, à nos yeux, un puissant vecteur à même de fructifier les relations sociales», a déclaré le chef du gouvernement, souhaitant que cela puisse constituer le socle pour la bonne tenue des relations dans les entreprises et dans les administrations.
On devrait contextualiser et rappeler qu’au Gabon, le climat social est plus que tendu à cause des grèves et des revendications tous azimuts dans presque tous les domaines d’activités. En raison de quoi certains travailleurs ont indiqué qu’il ne fallait pas seulement voir en cette journée «la fête». «Nous commémorons la grève sanglante de mai 1886 aux usines McCormick de Chicago (USA), pour l’instauration de la journée de huit heures», a déclaré un employé d’un centre de santé du 4e arrondissement. «C’est la fête des travailleurs et non du travail et c’est le seul vrai jour où nous pouvons revendiquer publiquement sans la police derrière nous», a-t-il ajouté.
Le thème de cette journée, cette année au Gabon, était la «Promotion des organes d’expression du dialogue social au sein des entreprises». Au terme des festivités, la plupart des travailleurs espéraient déjà que tous ces beaux discours ne soient pas relégués aux calendes grecques comme l’ont été les autres depuis des dizaines d’années.