Dans une interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique le 27 avril dernier, l’ancien Premier ministre et Sénateur du 2ème arrondissement de Libreville n’y est pas allé par le dos de la cuillère. Il estime que «si nous voulons construire la démocratie gabonaise, il est impensable d’accepter une prise de pouvoir illégitime».
À travers les manifestations à l’intérieur du pays, les marches de la diaspora et les séjours à l’étranger de ses dirigeants, la Coalition pour la nouvelle République, regroupée autour de Jean Ping, ne vise qu’un objectif : «pousser Ali Bongo à accepter le verdict des urnes», laisse entendre Jean Eyéghé Ndong, l’un des tout premiers soutiens à la candidature de l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine à la dernière élection présidentielle. Pour lui, il est clair que «Jean Ping a été élu, et nous en avons la preuve ; les chiffres des procès-verbaux le donnent gagnant, mais il y a eu des manœuvres, et Ali Bongo a choisi de se maintenir au pouvoir».
À l’instar d’autres personnalités gabonaises, notamment de René Ndemezo’o Obiang, le sénateur du 2ème arrondissement de Libreville affirme que «le principal problème aujourd’hui est qu’Ali Bongo n’a pas été élu», et il estime qu‘ «il faut donner aux Gabonais l’opportunité de respecter leurs institutions et leurs élections». Il s’agit en fait d’amener les populations à «respecter la fonction présidentielle et son mode d’élection».
«Aujourd’hui, ajoute-t-il, les Gabonais ont l’impression que leur bulletin de vote ne signifie plus rien». Ce qui a pour conséquence la situation actuelle : «le Gabon est devenu ingouvernable ; l’administration ne fonctionne plus. Nous n’avons jamais connu une telle situation dans ce pays, et cela n’a rien à voir avec la chute des cours du pétrole, comme on peut l’entendre dire».
Jean Eyéghé Ndong a par ailleurs estimé que le dialogue politique organisé à Angondjé dans la banlieue Nord de Libreville est «un écran de fumée». Pour l’ancien Premier ministre, avec sa majorité à l’Assemblée nationale et au Sénat, Ali Bongo n’avait pas besoin d’organiser un conclave aussi cher. Il pouvait prendre des mesures fortes, s’il le voulait vraiment.
Interrogé sur une éventuelle participation de la galaxie Jean Ping aux prochaines élections législatives, Jean Eyéghé Ndong a affirmé que les discussions sur le sujet se poursuivaient, et qu’il y en aura d’autres. Il a toutefois admis qu’il n’était pas pour «la chaise vide». «Pour ma part, je ne suis pas favorable au boycott», a-t-il tenu à préciser. Le mot «boycott» est sciemment utilisé par l’élu du 2ème arrondissement, car ce mot, lancé en octobre 1990 par le leader des Bûcherons, résonne encore aux oreilles d’un grand nombre de Gabonais comme celui qui avait permis au Parti démocratique gabonais de remporter, cette année-là, les toutes premières législatives de l’ère multipartite post-conférence nationale.