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Emmanuel Eyeghe : l’Etat doit faire des efforts pour que les entreprises ne ferment pas
Publié le samedi 29 avril 2017  |  Le Nouveau Gabon
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Le président nouvellement réélu de l’organisation patronale gabonaise (OPG), qui regroupe en son sein uniquement les PME locales, apporte une contribution au débat sur la vie chère, les mesures et recommandations prises lors du conseil de l’investissement ainsi qu’à la relance de l’économie.

Il profite également pour évoquer l’entrepreneuriat jeune et les politiques à mettre en place pour intéresser davantage de jeunes à s’éloigner du secteur public, notamment du travail à la fonction publique, au profit de la création de richesse.

Les populations ploient sous le poids de la hausse des denrées alimentaires. Qu’est-ce qui de votre point de vue peut justifier cette augmentation des prix en cette période sensible et délicate?

Le patronat n’a jamais été d’accord avec la mise en place de la taxe sur la contribution spéciale pour la solidarité (CSS) ; certains vous diront qu’ils sont d’accord, mais la finalité de cette taxe c’est de contribuer à la cherté de la vie. Nous sommes en période délicate et certains membres du patronat n’ont pas donné leur quitus par rapport à cette CSS sur laquelle s’arc-boutent les opérateurs économiques pour justifier la hausse des prix des denrées alimentaires que l’on vit actuellement.

Le gouvernement a engagé un programme visant la relance de l’économie. Comment appréciez-vous ce plan ?

Nous traversons une période difficile et c’est pour cette raison que la relance, à mon humble avis, sera difficile. Il faut passer par des procédures convaincantes. Et le Haut conseil de l’investissement (HCI) est l’une des voies à travers lesquelles nous pourrons relancer notre économie. En dehors de cela, il nous sera difficile d’inventer une solution miracle. Il suffit de suivre les recommandations du HCI, pour que notre économie se relance efficacement.

Quelle appréciation faites-vous des mesures prises lors de la tenue de cette instance justement?

La mise en place du Conseil de l’investissement est ce que les opérateurs économiques attendaient par rapport à la situation économique que nous traversons. Il fallait bien que cela ait lieu pour envisager les mesures qui allaient permettre de sortir de ce marasme. C’est quelque chose de structuré, avec un chronogramme d’actions qui, à un moment, sera opérationnel et permettra de sortir de cette situation, et qui donnera certainement des résultats, d’ici la fin de cette année.

A votre avis, la relance économique peut-elle se faire sans l’adoption de mesures d’assouplissement pour les entreprises ?

Vous savez, la relance économique s’assimile un peu à un tango qu’on danse à deux : l’Etat et le patronat. Il faut savoir ce qu’on veut : veut-on étouffer les entreprises ou alors désire-t-on qu’elles se maintiennent jusqu’à ce qu’il y ait la relance ? Je pense que non. A partir de là, l’Etat doit faire des efforts et ne pas assommer les entreprises de taxes qui vont les asphyxier et, plus tard, les emmener à fermer. Il faut que l’Etat assouplisse certaines choses pour que les entreprises puissent tenir. Si ce n’est pas le cas, nous vivrons la fermeture de ces entreprises, et si elles ferment, c’est le chômage et s’il y a le chômage, il y aura une insécurité sociale et publique. Ce qui amènera les investisseurs étrangers à dire que le Gabon est un pays à risques. Donc l’Etat doit faire des efforts pour amener les entreprises à produire davantage d’efforts de préservation des emplois. Et comme ça, on aura un maintien pendant un temps jusqu’à ce que la relance intervienne. Si l’Etat baisse les taxes et demande par exemple aux entreprises de ne pas licencier, on aura un statu quo qui permettra à tout le monde de respirer en attendant la reprise, et de préserver la paix sociale.

Vous êtes le patron d’une organisation patronale qui ne représente exclusivement que les opérateurs économiques locaux. Qu’est-ce que les entreprises gabonaises ont de particulier par rapport aux autres ?

Les Gabonais sont totalement absents de l’économie nationale. Ce qui n’est pas normal. C’est dans ce sens et, à partir de là, que l’OPG s’est dit qu’il fallait s’intéresser à ces acteurs qui avaient le courage de s’investir dans le secteur privé, et qu’il fallait faire la promotion de ceux qui se lançaient dans l’entrepreneuriat de manière à ce qu’ils puissent progressivement grignoter des parts de marchés dans l’économie nationale. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre pour récupérer au moins une partie de l’activité économique de notre pays.

En présentant la géographie des opérateurs économiques au Gabon, et d’après vous, le secteur est aux mains d’entreprises étrangères. Comment l’OPG compte-t-elle intéresser les nationaux à contribuer à la création de richesses ?

Il s’agit pour les nationaux de voir avec les autorités comment renforcer les capacités de ceux qui existent déjà depuis des années et qui éprouvent des difficultés à franchir le pas. Il faut que les autorités aient une politique de renforcement des capacités et amènent les jeunes à s’intéresser à la création d’entreprises. Pour cela, il faut leur dire que la fonction publique n’est pas la seule voie de salut. Notre pays est un pays jeune qui a une forte demande d’entrepreneurs dans tous les domaines. Mais il faut tenir un discours convaincant à ces jeunes, qu’on leur montre où est-ce que cela peut les amener et comment ils peuvent y arriver. Il faut aussi que les autorités mettent en place des facilités qui permettent aux jeunes entrepreneurs de s’installer avec plus de rapidité.

La dette de l’Etat vis-à-vis des entreprises connaît quelques difficultés dans le calendrier d’apurement. Où en est-on avec ce dossier ?

L’OPG en tant que telle n’essaie pas de résoudre ce problème. Nous avons mis en place une coalition qui s’occupe de suivre le règlement de ce dossier. Toutefois, nous espérons que nos dirigeants prendront conscience que cette dette doit être payée. Les chefs d’entreprises doivent tenir le coup jusqu’à ce qu’intervienne la relance économique et pour cela l’Etat doit les aider en réglant cette ardoise. Nous avons des entreprises qui sont concernées, certaines ont déjà été payées et nous osons espérer que lors des prochains échéanciers, le reste fera partie de la liste des entreprises à payer.

SeM
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