Si les Gabonais se posaient jusque-là des questions sur la participation militaire du Gabon en République centrafricaine (RCA), le retrait des militaires tchadiens annoncé il y a peu, alors que le président tchadien venait de participer à un mini sommet sur la crise Centrafricaine, tenu en marge du Sommet Union Européenne-Afrique, vient conforter leur envie de voir leurs «enfants retourner au pays au risque de payer le prix fort». Le pavé a également été jeté dans la marre à l’Assemblée nationale par Philippe Nzengue Mayila, président de la commission des Affaires étrangères.
Engagé par solidarité sous régionale dans la Mission de soutien à la Centrafrique (Misca) qui tente d’apporter la sécurité et le retour à la paix en RCA, le Gabon, par la voix du président de la Commission de l’Assemblée nationale chargée des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la défense nationale, réfléchit désormais sur le retrait de ses soldats. Le débat a du moins été soulevé par ce parlementaire à travers les colonnes du quotidien L’union, le lundi 7 avril 2014, sous le titre «Le Gabon va-t-il lui aussi rappeler son contingent ?».
Les derniers événements relatifs à la crise centrafricaine, en l’occurrence l’annonce du retrait des troupes tchadiennes, du fait des accusations de meurtres et autres exactions dont ils sont accusés, ne laisse pas indifférents les responsables des autres pays. Car, en plus des accusations de certains leaders politiques et religieux centrafricains qui pointent du doigt les militaires Tchadiens, qui figurent parmi les plus expérimentés et aguerris sur le terrain, une montée de la violence se retourne désormais contre les forces d’interposition.
La Misca comme l’Opération Sangaris coordonnée par la France se retrouvent de plus en plus prises pour cibles par les fractions, musulmane et chrétienne, qui se font la guerre. Outre cette vague de violence et malgré la prochaine arrivée d’une force européenne appelée Eufor RCA, le pays menace de plus en plus d’être coupé en deux par ces forces antagonistes.
Du coup, l’on se demande s’il est nécessaire d’attendre de perdre des soldats avant de penser à les rappeler. Les uns et les autres qui suivent de près l’actualité centrafricaine estiment que «le Gabon met beaucoup de moyens dans ce conflit». L’on indique que le pays d’Omar Bongo Ondimba, l’un des médiateurs traditionnel de ce conflit, au-delà de son contingent de 500 militaires, offre aussi de la logistique. Au regard de l’évolution des choses, l’on estime qu’il est «temps pour le pays de penser à ses enfants».
Toute chose qui vient épouser cette sortie du député puisque le conflit se retourne maintenant pour viser les forces venues à la rescousse des «frères et sœurs» en détresse. De même que la crise commence à se situer hors des capacités des forces venues prêter main-forte. Si aucun mort gabonais n’a officiellement été déclaré en RCA, les quartiers de Libreville bruissent de rumeurs qui font état du contraire et prétendent que des scenarii sont échafaudés pour cacher ce que subissent réellement les soldats gabonais à Bangui. «Il n’y a pas de fumée sans feu», soutient un dicton. Le député Philippe Nzengue Mayila en sait-il plus qu’on ne veut en dire ?