Si jusqu’ici la vie chère dans le pays est unanimement imputée aux seuls opérateurs portuaires, il semblerait que d’autres éléments entrent également en ligne de compte.
Alors que nombre d’opérateurs économiques sont indexés comme responsables de la vie chère dans le pays, il apparaît opportun d’observer cette situation sous d’autres angles. Au-delà des accusations interposées sur les cause de ces hausse des prix de produits de première nécessité, en effet, d’aucuns soutiennent qu’il serait opportun de mener une analyse approfondie au niveau des mécanismes de l’offre et de la demande. Mais également, des salaires et des marges des intermédiaires, grossistes et détaillants.
En effet, comment comprendre que la Banque mondiale soutient que l’inflation est maîtrisée au Gabon alors que, sur le terrain, la hausse des prix est avérée ? Au vu et au su de tous, importateurs et opérateurs du secteur portuaire se renvoient mutuellement la balle. Dans les faits, qu’en est-il réellement ?
Traditionnellement, sur un produit importé de première nécessité standard, les catégories de certains prestataires concourent à la formation du prix final payé par le consommateur. Il s’agit du grossiste du pays d’origine, l’armateur, les opérateurs du port d’Owendo, les autorités gabonaises et l’importateur.
En ce qui concerne le grossiste du pays d’origine, celui-ci facture le produit livré sur le navire dans le pays de départ ; pour un montant de 25 à 50% du prix final. Soit une tendance baissière sur les dix dernières années, soutenue par les indicateurs conjoints du Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.
L’armateur, pour sa part, facture le transport maritime à l’importateur pour une somme représentant 1 à 15% du prix final. Des études des deux institutions de Bretton Woods ont soutenu qu’en 2016, les taux de fret pratiqués par les principaux armateurs sont relativement en baisse par rapport aux années précédentes.
Cette tendance baissière est également observable au niveau des coûts de passage portuaire, selon les acteurs du secteur. Ces derniers soutiennent, en effet, que les coûts de passage portuaires, constitués des prestations des différents opérateurs économiques portuaires (manutentionnaire, transitaire, transporteur pour la livraison), représentent entre 0,5 et 3% du prix final du produit importé.
Dans la composition de cette chaine menant à la tarification du produit, les prélèvements fiscaux et parafiscaux (Office des ports et rades du Gabon, Gabon Port Management, les Douanes, Scan Gabon, Marine marchande, mairie, etc.), représentent 5 à 35% du prix final.
Le reste de la chaine est composé de marges brutes des grossistes et détaillants pouvant représenter 40 à 60% du prix final. Une fois sortis de la zone portuaire et livrés chez les intermédiaires, détaillants et autres grossistes, les produits entrent dans un circuit de distribution vers le consommateur final.
A la lumière de ce qui précède, les opérateurs économiques semblent avoir pris l’engagement de respecter un certain niveau de prix et de marges plafonnées, du moins théoriquement. La question serait donc de savoir si ces marges sont effectivement respectées par les opérateurs. D’autant que ces derniers se plaignent de nouveaux coûts additionnels, dont la Contribution spéciale de solidarité (CSS), en vigueur depuis peu.
Par exemple, l’adoption de cette taxe a entrainé une augmentation de 1% du prix final appliquée de manière cumulative à chaque intermédiaire. Ainsi, un produit classique revendu quatre ou cinq fois aura donc un surcoût de 5%. Autant d’éléments qui, mis ensemble, permettent de se faire une opinion sur la cherté de la vie dans pays imputée, à tort ou raison, aux importateurs et opérateurs portuaires.