Vice-présidents, Secrétaire général, etc… Bref, ils sont de plus en plus nombreux, les cadres de l’Union nationale, qui bravent le mot d’ordre du parti pour aller prendre part au dialogue politique national organisé par le pouvoir d’Ali Bongo. Et dans la foulée, les rescapés fidèles n’ont plus de mots assez durs pour dénoncer ce qu’ils qualifient de débauchage massif du pouvoir, cherchant à décapiter leur parti, du moins ce qu’il en reste. Et cela, disent-ils pour donner un semblant de légitimité à son « bal de vampires ». Le parti dirigé par Zacharie Myboto vaut-il encore grand chose ?
C’est un parti désormais sectionné et exsangue de ses piliers qui, les uns après les autres, défient la ligne de leur chapelle en allant participer au dialogue d’Angondje. Après la vice-présidente, Estelle Ondo, désormais ministre d’Ali Bongo Ondimba ; après le vice-président, Mick Jocktane, qui a jugé qu’au nom du réalisme politique il fallait prendre part au dialogue organisé par le pouvoir ; le tour est revenu la semaine dernière à un autre vice-président de l’UN, Jean Pierre Rougou, qui comme tous les autres, estime, lui aussi que la politique de la chaise vide n’a jamais réussi à ses promoteurs.
Des prises de position contraires au boycott des négociations prôné par Zacharie Myboto, le président du parti, qui a pris fait et cause pour Jean Ping, dans le cadre de la Coalition pour la nouvelle république. Un regroupement de partis et autres personnalités politiques, qui ont décidé de faire bloc autour de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, opposant tout refus catégorique de s’asseoir à la table des négociations. Mais c’est une coalition qui s’effrite désormais à partir de l’UN de Zacharie Myboto. Lequel éprouve d’énormes difficultés à tenir la bride haute aux cadres du parti qui ont décidé de « pactiser avec l’ennemi », afin de briser le statu quo, en contribuant à l’élaboration d’un nouvel environnement politique plus viable.
Absence de consensus
La crise qui agite le parti de feu Mba Obame ne date pas d’aujourd’hui. L’ancien Premier ministre, Jean Eyeghe Ndong, avait déjà donné le top de la saignée actuellement enregistrée à l’UN. En effet, pour avoir affiché ouvertement son soutien à Jean Ping, lors de la campagne présidentielle, Eyeghe Ndong a été combattu et viré du parti pour haute trahison par le trio constitué de Zacharie Myboto, Casimir Oye Mba et Paulette Missambo. S’en est suivi le tour des souverainistes, qui eux aussi ont claqué la porte du parti, après avoir constaté les manœuvres du président de l’UN, qui voulait promouvoir la candidature de l’ancien gouverneur de la BEAC, Casimir Oye Mba, au détriment d’une candidature unique de Jean Ping.
Ce n’est que sur le tard, après plusieurs tractations à Paris, sous l’égide de Robert Bourgi qu’il se résoudra au deal, le 15 août dernier, après 3 jours d’âpres discussions nocturnes à son domicile de la Sablière. Devant la condition de la DTE, Destitution, Transition Election, posée par Myboto, exigeant la destitution préalable d’Ali Bongo avant toute élection, l’ancien Secrétaire du parti, Gérard Ella Nguema a pris les siens et sont allés créer une autre branche de l’Union nationale tendance AMO. C’est sous cette nouvelle branche que celui qui se réclame le dauphin d’André Mba Obame s’est présenté au scrutin présidentiel d’août dernier.
Avec cette nouvelle effusion des cadres du parti, certains y voient la conséquence directe des décisions unilatérales de Myboto cherchant à imposer son totalitarisme au parti. D’autres au contraire accusent le pouvoir de décapiter l’UN, dans le but de légitimer son dialogue. Mais par delà ces différentes critiques, le pronostic vital de l’Union national semble désormais engagé, et à l’allure où vont les choses, nombreux se demandent si l’UN est encore le grand parti de l’opposition qu’il a été au temps de Mba Obame.