LIBREVILLE - « C’est bien ce que vous êtes en train de faire ici, autrement on ne retrouverait plus rien de tout ce qu’on a laissé au frigo en rentrant le soir ». Voilà en quels termes n’a pas tari d’éloges un parent d’élèves, à l’endroit des organisateurs d’une session de cours de vacances dans un grand lycée de Libreville.
Ce fait est très révélateur d’une situation très préoccupante, car ce que ce parent d’élève a dit très haut dans un cynisme déconcertant, nombre d’autres le pensent bas.
Ainsi, l’école qui devrait être un haut lieu du savoir et de la connaissance, est réduite dans l’esprit de beaucoup de parents, à une simple garderie de leurs enfants, qu’ils éloignent de la maison le temps d’aller honorer leurs obligations professionnelles, pour que le contenu de leur réfrigérateur soit préservé.
Or, tel que n’avait de cesse de le rappeler en son temps Martin Luther King, « le but de l’éducation est… d’enseigner à penser de façon intense et critique. Car l’enseignement qui se préoccupe de l’excellence seule, peut s’avérer être la plus grande menace pour la société. En effet, le criminel le plus redoutable peut être l’homme doué de beaucoup de raison, mais qui est dénué de sens moral… Nous ne devrions donc jamais oublier que l’intelligence seule ne suffit point. L’intelligence plus un sens des responsabilités bien prononcé, voilà le but de l’éducation véritable ».
Présentée de cette manière, il est très manifeste que la mission d’éduquer est très complexe, et exige une implication sans réserve de tous les acteurs sociaux, en tête desquels les parents. En effet, si un jour s’étend sur 24 heures, un enfant ne reste en moyenne que 5 heures au sein des structures scolaires. Pendant les 19 heures restantes, il est en principe sous la responsabilité de sa famille. C’est par conséquent à la maison que l’essentiel de l’éducation devrait se faire.
Dans un pays tel que le nôtre, où presque tous les citoyens sont lettrés, sans pour autant prétendre remplacer le maître ou le professeur, chaque parent devrait être en mesure de faire réviser leurs leçons à ses enfants. Faire réciter au besoin ces leçons, en s’aidant de leurs cahiers de cours. Car l’enfant qui sait que son père ou sa mère exerce un contrôle régulier sur son travail scolaire, ne se permettra pas d’aller dans sa chambre jeter son cartable au retour de l’école, pour se planter par la suite devant la télé, ou s’amuser chez les voisins, ou encore de sortir le soir. Ne se préoccupant point d’être à jour de ses cours, pour le lendemain.
Beaucoup de parents d’élèves ne mettent pied à l’école de leurs enfants, que le jour de la rentrée des classes pour leur inscription ou réinscription, convaincus que leurs obligations se réduisent au paiement des frais d’écolage et d’achat de la tenue et des fournitures scolaires. Au nom de cette logique donc, une fois ces formalités accomplies, ils ne remettent pied à ladite école qu’en fin d’année, pour le retrait des bulletins de notes.
Les enseignants dans certaines circonstances tiennent leur part de responsabilité dans l’échec scolaire de leurs élèves. Il ne faut pourtant jamais oublier que la réussite repose sur l’effort soutenu dans le travail de chaque jour, de sorte que les leçons non sues ne s’accumulent point, et que l’élève n’attende pas les derniers moments avant les examens, pour commencer enfin à les étudier.
Seule une collaboration étroite entre l’école et la famille peut donc préserver le destin de ces enfants, dont l’esprit est souvent dissipé. Les parents peuvent honorer un engagement de cette nature à titre individuel, ou au moyen d’une adhésion à une association de parents d’élèves, dont le programme d’activités peut aider par son ampleur, à un sens des responsabilités plus perceptible.