Estimant que la crise qui sévit depuis plusieurs années dans l’éducation au Gabon provient en partie de la politisation du secteur et de la démission des parents, plusieurs éducateurs chrétiens ont initié une réflexion de quatre jours devant aboutir à la fondation d’une école chrétienne.
Le constant serait plus préoccupant qu’il n’y paraît. «Depuis plus d’une vingtaine d’années maintenant, nombreux sont les spécialistes en éducation qui s’accordent à reconnaitre que le système éducatif gabonais est malade. Il est, selon eux, malade de la baisse de niveau : les élèves ont perdu toute notion de mérite et de goût de l’effort. Il est malade de la politisation du secteur, avec des grèves intempestives et un dialogue de sourds entre gouvernants et syndicats. Il est malade de la démission des parents. En somme, il est malade de son fonctionnement général.»
Le rappel fait par le révérend Jean-Marie Tchibinda, pasteur principal des ministères «Flots d’Eau Vive», impose que l’on traite le problème pendant qu’il est encore temps. C’est notamment l’objectif de la première édition de la Convention nationale des éducateurs chrétiens, qui s’est ouverte, mardi 18 avril à l’Ecole Ruban vert à Libreville, sous le thème «La formation du caractère dans l’éducation : enjeux et défis».
Jusqu’au vendredi 21 avril prochain, les participants venus de diverses églises du Gabon travailleront à «poser les fondements d’un projet d’école chrétienne. Une école fondée sur des valeurs bibliques. (…) Une école où la place et le rôle de l’éducateur, de l’apprenant et du parent seraient revus et redéfinis». Avec l’aide de deux spécialistes Sud-Africains du domaine, Graham Yoko (président du système Accelerated Christian Education (ACE) en Afrique) et Bradley Palmer (directeur du développement ACE Afrique), ils tenteront de répondre à des questions précises : «Pourquoi une école chrétienne ? Qu’est-ce qu’une école chrétienne ? Quelle est la place de l’éducateur, de l’apprenant et du parent dans ce projet d’école ? Comment comptons-nous la réaliser ?»
Au programme des deux derniers jours de réflexion, après avoir fait «l’état des lieux de l’éducation au Gabon» et défini les «caractéristiques d’une école chrétienne», les participants à la convention aborderont la question du rôle de l’éducateur chrétien et celui des parents dans l’apprentissage des enfants. «Nous croyons que notre système éducatif a besoin d’être repensé à partir même de sa vision fondamentale. Pourquoi envoyons-nous nos enfants à l’école ? La mission de l’école ne doit pas être la seule transmission du savoir, mais bien plus. Elle est la formation de tout l’être intérieur : le savoir être et le savoir-faire, le premier doit même primer sur le second. Le problème de nombreux pays africains n’est pas le manque d’instruction ou de connaissance de la part de ses gouvernants et cadres, mais plutôt la perte des valeurs morales», a regretté le révérend Jean-Marie Tchibinda, avant d’assurer de la nécessité de mener à bien le projet défendu par cette première convention des éducateurs chrétiens au Gabon.
Parmi les orateurs nationaux, on annonce Dr Simone Mensah (didacticienne à l’Ecole normale supérieure de Libreville) et Pr Eugénie Eyeang (maître de conférences en Didactique des langues et directeur du Centre de recherche appliquée aux arts et aux langues (CRAAL)).