Nicolas Nguema, président du mouvement “Stop pillage” à l’initiative de la plainte déposée le mercredi 12 avril dernier, contre Marie Madeleine Mborantsuo, présidente de la Cour constitutionnelle devant la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI), qui lui reproche d’avoir commis les infractions de blanchiment en bande organisée, de détournement des deniers publics, de prise illégale d’intérêts, fondée sur le conflit d’intérêts et de délit d’initié, revient succinctement sur ses motivations, ses craintes et ses attentes.
Qu’est ce qui a motivé la création du mouvement »Stop pillage » ?
La création du mouvement anti-corruption Stop pillage a été motivé par la situation de crise éthique que traverse notre pays le Gabon et non une crise économique comme veut le faire croire le gouvernement. Nous constatons qu’il y a une dérive sans précédent de l’éthique et de la morale dans notre pays. Cette dérive nous mène au genre de comportements criminels que nous vivons notamment dans le domaine financier. Et cela nous observons tous les jours. L’État essaie de mettre au grand jour les responsables à travers l’opération Mamba mais qui malheureusement ne ressemble qu’à règlement de compte. Des pillages de deniers publics sont orchestrés et les institutions étatiques créées pour rattraper les auteurs attendent quelques fois que nous les citoyens, nous puissions les saisir. C’est dans cette optique que notre mouvement est né et avec l’aide de la société civile représentée dans la présente plainte par Marc Ona Essangui, qui est bien connu pour avoir mené la campagne anti-corruption “publier ce que vous payez” et Moukagni Iwangou, juriste chevronné, magistrat hors hiérarchie qui s’est aussi joint à la plainte. Notre action est citoyenne et nous espérons qu’elle aidera à faire la lumière sur ce dossier.
Vous ne craignez pas que les accointances qui sont connues entre les différentes responsables de ce pays ne mettent un frein à cette action ?
Force sera pour eux de constater que notre dossier et nos dossiers à venirs sont bien complets donc il n’y aucune raison que cela n’aboutissent pas dans la mesure où nous avons respecté la loi de façon strict. Il se trouve que dans le cas de la présidente de la Cour Constitutionnelle, Marie Madeleine Mborantsuo, elle s’est mise dans une situation de faute de gestion par rapport à sa fonction. Par conséquent, elle devra forcément répondre de ses actes suite aux preuves que nous possédons. Le dossier que nous déposons devant la commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite comporte plus d’une centaine de pages. Nous avons pris la peine de décortiquer plusieurs éléments qui nous ont conduit à déduire que les faits qui lui sont reprochés sont de la compétence de la commission. Nous sommes dans un Etat de droit aime à dire nos dirigeants, ce sera l’occasion pour nos institutions de nous le démontrer.
Les accointances il peut y en avoir mais est-ce que c’est ainsi qu’on doit diriger un pays? Poursuivre telle personne parce qu’elle n’est pas de mon bord politique ou telle autre parce qu’elle devient gênante et ainsi de suite… Nous pensons que dans un Etat de droit, tout le monde est un justiciable. Nous avons le droit à ce que nos causes soit entendu conformément à la loi devant les instances que nous saisissons. Pour la cas de Madame Marie Madeleine Mborantsuo, elle a le droit d’apporter les preuves susceptibles de la disculper. Les connivences et autres accointances desservent notre démocratie et dénigre nos institutions. La Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite est une institution indépendante, en tant que citoyen, j’ai la faiblesse de croire en elle et en sa capacité d’investigation. Comme disent les anglo-saxons : wait and see !
Quels messages lancez vous à l’endroit des personnes qui vont examiner ce dossier ?
Nous lançons un message claire, simple et précis. Ils devaient être le bras droit du peuple afin de faire appliquer la loi dans son strict sens. Lorsqu’on est porté à la tête d’une institution on doit faire preuve de bonne figure et d’éthique. La Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite n’a pas été créée pour rien? Son objectif était de rattraper les auteurs d’enrichissement sans cause. Ce que nous attendons d’une telle Commission c’est qu’elle fasse son travail avec probité. De ne plus faire le favoritisme ou de refermer les dossiers sous prétexte que ses gens sont puissants. C’est l’argent du peuple gabonais ; il nous appartient à nous tous. De ce fait, ils ont le devoir de répondre de la gabegie financière. Cet argent aurait pu servir pour construire des écoles; pour nos enfants et nos petits frères puissent aller à l’école, des routes; pour que nous puissions librement circuler à Libreville et à l’intérieur du pays, des hôpitaux pour nos familles puissent se soigner convenablement, des université, des soutenir l’entreprenariat des jeunes, les jeunes filles mères ete… Cet argent ne sert pas à s’acheter des grosses voitures, des grandes villas en France en Afrique du Sud ou de vivre dans l’opulence comme l’a déclaré le parquet financier de Paris qui mène actuellement une enquête sur Marie Madeleine Mborantsuo depuis 2014.
Que les membres de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite fassent preuve de probité et d’exemplarité. Ils ne le feront pas parce que je le leur demande mais parce que c’est leur devoir, parce que ne pas le faire c’est trahir leur serment et partant trahir le Gabon.