Le vendredi 14 avril dernier, le jeune poète Benicien Bouschedy était à Port-Gentil dans la province de l’Ogooué Maritime, sur invitation des écrivains Edna Merey-Apinda et Elie Élisabethe autour d’un Café-littéraire organisé par Gervais Charles (professeur de français) et le Collège Evangélique. Son poème « Silences de la Contestation » était au centre de cette rencontre d’hommes de lettres.
«La plupart des hommes croient faussement qu’il leur suffit d’être inutiles ou dans l’indigence, afin que la République soit engagée à les placer ou à les secourir»; écrivait La Bruyère. Le jeune poète gabonais originaire de Malinga, Benicien Bouschedy l’a compris, lui qui est également étudiant en lettre, en proposant à la société humaine, à la conscience universelle un texte truffé des larmes immondes d’un monde où l’injustice et le mépris des lois d’une caste d’hommes-inhumains gouvernent en toute tranquillité les républiques. Et parce qu’il a réussi à faire des silences sociaux un bruit qui dérange ceux qui dorment sur les rêves des braves, Benicien Bouschedy a décidé de promener «comme un miroir tout le long du chemin» (Stendhal), son poème Silences de la Constatation à travers le Gabon.
C’était dans une salle remplie comme un œuf par des élèves du Collège Evangélique de Port-Gentil et d’autres venus des lycées et collèges, ainsi que des enseignants de la capitale économique, que le jeune poète a été reçu pour parler de sa dernière publication « Silences de la Contestation ».
Le public a répondu présent à travers un jeu de question-réponse qui a permis aux lecteurs de comprendre le sens de cette œuvre remplie de colère, de haine sociale, de positions mais également de propositions. Puisqu’il est question, pour l’auteur, «de sauver ce qui reste de nos espoirs tus, de nos rêves meurtris, de nos libertés battues, dans ces terres touchées par l’oppression, par l’emprisonnement, l’empoisonnement, la mort de l’unité et du sens. Silences de la Contestation est comme une lampe, à mon sens, qui doit éclairer l’empire humain et refuser à l’âme de la société de mourir. Dans l’inconscient de ce bruit constitué par la somme des silences qui étranglent l’humanité, j’ai voulu noter l’inexprimable en fixant les douleurs de la société comme motif à bâtir l’hypothèse de la révolte intérieur de chaque être. Je me dois de rappeler à chacun, surtout à la jeunesse gabonaise et celle du monde entier, la force qui est la leur afin de corriger les erreurs des aînés pour des meilleurs lendemains.»
Au cours de ce café-littéraire, plusieurs thèmes ont été abordés; devant les responsables de l’établissement. Plusieurs élèves et des enseignants ont intervenu, à la fois dans le sens de manifester la profondeur de Silences de la Contestation et pour déclarer leur amour aux lettres du jeune poète.
Pour Astrid Lengala, enseignante de français, «Benicien Bouschedy est un poète-mage qui répond à la définition d’Heidegger selon laquelle, «le poète est le gardien de l’être». Son œuvre intitulée Silences de la Contestation, dont thème et littérarité n’en font qu’un, propose à la fois un retour à la forme ontologique du monde et un code qui permettrait de saisir le bruit de la sommes des silences du monde, afin d’attiser la conscience. L’œuvre est née, le poète a fait sa part, il appartient à l’humanité d’en faire la sienne.»
Après Port-Gentil, plusieurs escales restent encore à franchir, pour notre jeune poète qui se définit comme «un révolté, un insoumis». Et quant aux élèves avec qui il a communié le 14 avril dernier, la voix de la jeune Cécilia Jack n’est pas restée muette, elle la poétesse urbaine: «la présence de monsieur Benicien Bouschedy dans notre lycée nous a permis de mieux discuter avec l’auteur sur l’ensemble de ses œuvres et surtout de comprendre Silences de la Contestation qui semble écrit dans une langue des esprits les plus illuminés. Il nous a appris qu’être jeune devrait nous permettre d’impacter notre société à travers des actes positifs que nos aînés ont failli. Nous devons nous démarquer, agir contre l’oppression et le bâillonnement des peuples. Ce livre traite de nos silences, de nos désespoirs, de nos larmes que l’auteur assume et expose et tente de panser.»
Dans l’espoir que le Ministère de la Culture accompagnera les écrivains dans cet élan de vulgariser leurs œuvres afin de les rapprocher auprès de leurs lectorats, nous ne pouvons que souhaiter bon vent au Poète-Militant-Révolté-Insoumis dans sa quête de conscientiser la société et de panser les vilenies de la cité.