S’il n’a pas réussi à s’imposer à Lorient depuis son arrivée en 2014, Denis Bouanga, actuellement en prêt à Tours, fait des étincelles en Ligue 2. Avec douze buts et six passes décisives à son compteur cette saison, l’international gabonais est tout simplement une des révélations de la saison. Entretien.
«Denis, après avoir passé six mois en prêt à Strasbourg (alors en National), vous avez été prêté à Tours l’été dernier. Comment s’est passée votre intégration en L2 ?
J’ai vite trouvé mes marques, et je me suis vite senti à l’aise à Tours. Ici, la plus part des joueurs sont jeunes, en plus de cela j’en connaissais déjà quelques-uns, comme Cyriaque Louvion, donc cela a facilité les choses. Ensuite avec le reste du groupe, on a commencé à se fréquenter à l’extérieur et aujourd’hui je m’entends très bien avec tout le monde.
Vous êtes à Lorient depuis 2014, pourquoi ne pas être resté là-bas pour tenter de vous imposer avec l’équipe première avec qui vous avez joué cinq rencontres ?
C’était un choix du club. Il ne me faisait pas particulièrement confiance. Au départ, j’étais contre un prêt à Tours, tout simplement car je pensais avoir ma place à Lorient. Mais l’ancien coach du TFC, Fabien Mercadal, a su me convaincre. Il m’a appelé et m’a dit qu’il me ferait jouer le plus possible puisqu’il avait besoin d’un joueur comme moi, avec mes qualités dans l’équipe. C’est donc sans hésiter que j’ai décidé de partir et je ne le regrette pas du tout actuellement.
Cette année vous êtes titulaire indiscutable avec 26 titularisations en 30 apparitions en L2. Vous n’avez jamais joué autant de rencontres dans une saison. Comment vous êtes-vous adaptez mentalement et physiquement à ce nouveau statut ?
Lors de mon arrivée, je me suis dit que j’allais jouer pour la première fois en Ligue 2. J’avais une seule envie : celle de disputer tous les matches. Au fur et à mesure, je me sentais de mieux en mieux sur le terrain ce qui m’a permis d’obtenir la confiance de l’ancien entraîneur, Fabien Mercadal, mais aussi du présent, Gilbert Zoonekynd, pour enchainer les matches. C’est quelque chose qui me fait beaucoup de bien et me permet d’avancer.
Avec douze réalisations et six passes décisives vous êtes le meilleur buteur et le meilleur passeur du club, mais aussi une révélation de la Ligue 2. Comment expliquez-vous autant de succès ?
Lorsqu’on me fait confiance, je sais la rendre comme il se doit en donnant le meilleur de moi-même sur le terrain. Cette réussite, je la dois aussi aux joueurs de l’équipe, ils me mettent en valeur. Tout cela, c’est beaucoup d’armes pour progresser par la suite.
Préférez-vous distiller des passes ou trouver le chemin des filets ?
Franchement, je préfère marquer. Depuis tout petit j’aime inscrire des buts, pour moi c’est un sentiment merveilleux. Je suis toujours heureux quand je marque. Mais faire des passes et alimenter mon ou mes attaquants j’aime ça aussi.
Si vous deviez décrire votre style sur le terrain en quelques mots, que diriez-vous ?
Je ne suis pas du genre à lâcher prise, je suis un soldat sur le terrain. Je suis revenu de loin, après mon échec au Mans, je me disais qu’il fallait que je saisisse ma chance. Maintenant à chaque fois que je suis sur un terrain je me donne à fond pendant au moins 90 minutes. Le football, c’est mon métier, j’en fais ma vie, donc je donne ma vie sur le terrain.
«L’engouement au Gabon était incroyable»
Vos performances vous ont permis de participer à la CAN avec le Gabon, le pays d’origine de votre père. Qu’est-ce qu’on se dit à ce moment-là ?
J’étais vraiment heureux quand j’ai appris la nouvelle et je me suis dit : « Maintenant c’est à toi de jouer. Ça va être ta première sélection, tu rêvais de participer à la Coupe d’Afrique des Nations, à toi de faire tes preuves. » J’ai pris plaisir à jouer avec le Gabon et disputer ma première CAN.
Quel souvenir gardez-vous de vos premiers moments avec le Gabon ?
Ce que je retiens c’est surtout l’engouement qu’il y avait au pays. Le public était présent trois heures avant la rencontre devant le stade et criait pour nous voir jouer. Même après notre premier match nul, ils étaient présent au stade et ce jusqu’à notre dernière confrontation. C’était incroyable ! Je ne vois pas beaucoup cette ambiance en France, surtout à Tours. Il y avait tout pour faire une bonne compétition, mais on n’a pas eu de chance…
N’était-ce pas trop frustrant d’avoir été éliminé dès le premier tour de cette CAN, à domicile qui plus est ?
Si, car on ne méritait pas d’être éliminé. On n’a pas perdu une seule fois, on s’est fait sortir sur trois matches nuls. En plus toucher les montants à chaque rencontre, c’était encore plus rageant. Mais il faut être positif. On sait de quoi on est capable aujourd’hui, on peut faire mieux et on va faire mieux.
Aujourd’hui, Tours est seizième avec deux points d’avance sur la zone rouge. Comment abordez-vous le sprint final ?
On prend les matches un par un, comme si c’était des finales. On ne regarde pas ce qu’il y a en dessous et ce qu’il y a devant. Le mot d’ordre c’est de ne pas perdre, de gagner et de rester sur notre lancée de trois victoires et de trois matchs nuls. Tant qu’on ne perd pas, on est bien.
La fin de saison est aussi décisive pour vous puisque votre prêt prend bientôt fin. Comment envisagez-vous la suite ?
Je sais qu’il me reste deux ans de contrat à Lorient et qu’ils ont la mainmise sur moi, mais j’ai quand même mon mot à dire. Après tout dépend de leur situation si le club reste en Ligue 1 ou descend en Ligue 2. Ma première envie c’est de jouer en première division la saison prochaine…
Du coup l’année prochaine vous vous voyez plus à Lorient ou dans une autre équipe ?
Je me verrais bien à Lorient. Après je ne vais pas dire que je vais refuser tous les autres clubs, ça reste à voir. Mais si Lorient me fait confiance cette fois-ci, et bien pourquoi ne pas jouer en Ligue 1 avec eux.»