A l’heure où se tient le dialogue politique national au Gabon, l’ancien ministre de la Justice en exil en France plaide pour la formation d’«une chaîne d’union contre l’oppression», afin que soient assistées les victimes de toutes sortes de violations des droits humains au Gabon, y compris celles des évènements du 31 août 2016.
Bien que promus et protégés par des conventions internationales et des lois et règlements nationaux, à l’instar de la Constitution, les droits de l’homme «sont chaque jour violés au Gabon». C’est en tout cas ce qu’a déploré Séraphin Moundounga, dimanche 9 avril à Paris, à l’occasion de la sortie de son ONG Unité (de droit français). L’ancien ministre de la Justice, aujourd’hui en exil en France après son divorce d’avec le pouvoir en place en août 2016, tient pour responsables «les dirigeants de droit ou de fait» qui, selon lui, «abusent du droit d’exercice des prérogatives de puissance publique, notamment d’exercice de la force organisée», dont ceux-ci jouissent.
Face aux divers abus (assassinats, tortures, enlèvements, déportations, emprisonnements, viols) à l’encontre des Gabonais, des opérateurs économiques et des partenaires du Gabon, qui font craindre «un grave glissement vers l’apocalypse» et l’instauration de l’«Etat sauvage», il propose de mobiliser les Gabonais et toutes les personnes éprises de paix et militant pour la défense des droits de l’homme à travers le monde. Aussi appelle-t-il «toute personne physique ou morale vivant au Gabon ou en dehors, de nationalité gabonaise ou autre, victime d’une violation du moindre de ses droits par la puissance publique gabonaise ou par tout particulier physique ou moral» à se manifester individuellement
L’idée de Séraphin Moundounga : la mise en place d’une «chaîne de réveil pour le salut public et la paix au Gabon» qui, au travers d’«actions multiformes», propose d’«apporter assistance» à toutes les victimes de violation des droits et celles de déni de justice au Gabon. Pour l’ONG Unité, œuvrant pour la promotion et la défense des droits humains, il s’agira d’aider ces victimes à recouvrer leurs droits et à se faire indemniser «sans délai». L’autre objectif assigné à cette «chaîne de réveil» est de «contribuer, avec d’autres forces vives de la nation, à la libération amorcée du Gabon et du peuple gabonais du joug de la tyrannie, sur le socle de laquelle doit être érigé, durablement, le socle d’un Etat démocratique».
Parmi les victimes à assister, l’ONG Unité dit avoir déjà recensé 22 catégories, dont celles de «graves violations des droits de l’homme depuis le conflit postélectoral commencé le 31 août 2016», les anciens agents de l’Etat gabonais n’ayant pas bénéficié de leurs indemnités jusqu’à lors, les victimes de la faillite de la PosteBank, les étudiants victimes de suppression de bourses, les déflatés de structures publiques et privées diverses (Gabon Telecom, CNSS, etc.), les agriculteurs et les routiers et transporteurs victimes du mauvais entretien des routes. Tous ceux-ci devraient bénéficier, au cas par cas, d’une assistance multiforme (administrative, médiatique, diplomatique, judiciaire). Espérons dès lors que la mobilisation souhaitée autour de la cause se fasse.