Après la transmission aux autorités judiciaires de quatre dossiers devant faire l’objet de poursuites, le président de la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) a émis le vœu que les personnes reconnues coupables de crimes financiers soient sanctionnées.
Interrogé récemment par Radio Gabon, Dieudonné Odounga Awassi a dit de ne pas être là «pour faire le bilan» de ses prédécesseurs. Mais surtout, quatre ans après sa nomination à la tête de la CNLCEI, il n’entend pas donner d’ordres à qui que ce soit, y compris au procureur de la République de Libreville à qui il a transmis, il y a quelques jours, quatre dossiers liés aux soupçons d’infraction dans le cadre de la gestion de l’argent public. Pourtant, il voudrait bien que l’action publique s’accélère et que les coupables paient pour leurs actes.
«Il faut maintenant sanctionner», a exhorté Dieudonné Odounga Awassi, avant d’assurer que «si nous laissons ce fléau (prendre de l’ampleur sans sévir), tous les efforts que nous sommes en train de faire pour notre pays sont voués à l’échec». Semblant se défendre de donner de leçon à ses prédécesseurs, dont aucun n’était allé jusqu’à saisir la justice à la suite des saisis et alertes de plusieurs ONG nationales, le président de la CNLCEI a justifié son initiative par «la règle sacrosainte du fonctionnement de l’administration qu’est la continuité du service public». Toutefois, il n’a pas manqué de confier qu’aucune action similaire n’avait été envisagée par ses devanciers. «Quand je suis arrivé, je n’ai vu dans aucune archive de la Commission qu’il avait un ou plusieurs dossiers transmis au parquet.»
Pourtant, ce ne sont pas des raisons pour le faire qui auraient manqué aux anciens responsables de la Commission. Les conclusions des enquêtes économiques et financières menées par le bureau actuel ont montré que, entre 2006 et 2012, plus de la moitié du budget de l’Etat, environ 2 760 milliards de francs CFA, s’est volatilisée. Sur cette même période, a indiqué la CNLCEI, 600 milliards de francs ont été frauduleusement payés aux fournisseurs par l’Etat, via la direction générale du Budget et des Finances publiques (DGBFIP).
Dans un communiqué publié il y a deux semaines, la CNLCEI avait précisé que «les affaires (examinées en séance de travail du 31 janvier au 8 février 2017) concernent les fêtes tournantes, les marchés publics, et la gestion des crédits de fonctionnement des administrations. Y sont épinglées, les personnes physiques et morales issues des secteurs public/privé impliquées dans la chaîne de réalisation des prestations». Sur les quatre dossiers retenus et transmis au parquet de la République, deux nécessiteraient un approfondissement d’enquête et un dossier aurait été proposé au rejet.