Lancé en grande pompe à coup de milliards par le Premier Ministre d’alors, Raymond Ndong Sima, le premier championnat professionnel de football lors de la saison 2012-2013, nourrissait quantité d’espoir. Cinq ans après, les acteurs du monde footballistique jurent que rien ne va. Tout va de mal en pis ! La lourde conséquence réside dans la baisse drastique du niveau du football local. La réflexion est en cours pour voir comment revenir à l’amateurisme en raison de l’échec patent de l’actuelle formule.
Au matin du lancement de la nouvelle saison professionnelle de football en 2012-2013, Daniel Cousin, le manager des panthères du Gabon indiquait avec force, « Il va être difficile pour nous de réussir dans le professionnalisme. Nous ne sommes pas prêts. On n’est pas professionnel de 7h à midi et de midi à 14h on cesse de l’être pour redevenir professionnel durant l’après-midi. Le professionnalisme c’est un état d’esprit permanent ». Cinq ans plus tard, la réalité sur le terrain lui donne amplement raison. L’effritement du championnat dit professionnel inquiète véritablement la Ligue nationale de football, Linaf, et la Fédération gabonaise de football, Fégafoot, EAGAFOOT.
Selon le patron de la Linaf, Brice MbikaNdjambou, « En début de saison les clubs ont décidé qu’au terme de ce championnat nous allons faire le point pour voir si on doit annuler la formule professionnelle pour redevenir amateur. Nous allons nous poser les bonnes questions. Devons-nous continuer dans un championnat qui n’est pas professionnel ? Qu’est ce qui n’a pas marché ? Qui a fait quoi ? Pourquoi cela n’a pas marché et qui en est responsable ? Une décision forte va être prise. Le professionnalisme a des normes et cela n’engage pas seulement que les clubs. L’Etat devra répondre aussi. C’est lui qui doit préparer l’environnement juridique et autre pour faciliter les mutations du professionnalisme. Ceux qui pensent que nous sommes allés trop vite, n’ont pas tort. Il faut repenser de fond en comble notre sport roi. Il n’y a pas de sponsors dans notre championnat parce que l’environnement est fait de telle sorte que les sponsors ne viennent pas. Un sponsor ne vient pas pour faire plaisir. C’est un partenariat gagnant-gagnant. Le football professionnel est un busines Il faut un environnement adapté pour cela ».
Le journaliste sportif Prosper Tonda Mambeda évoque « Une reculade grave pour notre football. En même temps c’est un saut qui peut être qualitatif. Il faut bien réfléchir pout prendre les bonnes décisions. L’Etat est appelé a joué franc jeu et prendre ses responsabilités. Les propriétaires des clubs ont la lourde charge pour rendre les clubs indépendants, compétitifs, attractifs et rayonnants. Ils ne doivent pas seulement compter sur l’unique subvention de l’état. Les clubs doivent être financièrement assis. On veut avoir des résultats mais on ne mets pas en place le cadre normatif. C’est le paradoxe ». Un avis que partage l’ancien international gabonais, Jonas Ogandaga, vainqueur de la ligue africaine de football avec le Raja de Casablanca du Maroc en 1997. « C’est le résultat du pilotage à vue. C’est un vrai fiasco chez nous quand on parle de professionnalisme. Les clubs manquent de structures aux normes. Il y a combien d’équipes qui possèdent des stades ? Les salaires ne sont pas versés à temps. Beaucoup de président de clubs sont des vautours. Ils créent à la va-vite des clubs pour juste voler l’argent que l’état verse. Même si on repart à l’amateurisme on aura toujours des problèmes. Je me souviens à notre époque quand le championnat était amateur il y avait des sociétés qui finançaient et ça marchait parce que le gens d’alors étaient très sérieux. Les stades étaient pleins et la qualité du jeu fournie par les acteurs donnant envie de revenir au stade chaque week-end ».
Dans cette veine, un ancien supporter de l’AS SOGARA (seule équipe gabonaise à avoir joué en 1986, une finale de coupe d’Afrique des clubs vainqueurs de coupe contre Al-Ahly d’Egypte) a explosé de rire en affirmant « Les amateurs d’hier étaient en vérité les vrais professionnels. Les fameux professionnels d’aujourd’hui sont des vrais amateurs. Ils ont incapables de faire décoller le football ». Le championnat professionnel au Gabon bat tellement de l’aile que la Linaf en est à se demander si véritablement la phase retour va bien reprendre le 8 avril prochain. « Tout le monde sait que la trêve actuelle va se prononcer si le reste de la subvention de l’état n’est pas versée aux clubs pour la suite du championnat. Il serait bien dommage que la trêve perdure », ainsi parle Brice Mbika Ndjambou, premier responsable de la Linaf.