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Retard de salaires au Gabon: "C’est de l’esclavage", s’indigne le président du syndicat des joueurs
Publié le mercredi 5 avril 2017  |  AFP
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© Autre presse par DR
L’international gabonais du CA Bastia, Rémy Ebanega
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Le Gabon, hôte de la Coupe d'Afrique des Nations 2017 en janvier-février dernier, détient un triste "record" mondial. Selon le dernier rapport de la Fifpro, publié en novembre dernier, 95,6% des footballeurs évoluant dans le pays d'Afrique centrale ont connu des retards de salaires.

"C'est de l'esclavage" s'est indigné auprès de l'AFP Rémy Ebanega, président du syndicat des joueurs gabonais et ancien défenseur des "Panthères", alors que 62% des joueurs locaux ne possèdent pas de copies de leur contrat, selon la même étude, pour réclamer leur dû.

Q: Votre syndicat a lancé le slogan "Stop à l'esclavage des footballeurs au Gabon" sur les réseaux sociaux. Ce n'est pas excessif ?

R: "Si ce n'est pas de l'esclavagisme, c'est quoi ? Quelqu'un qui va travailler onze mois pour toi, tu ne le payes pas: c'est de l'esclavage ! Et quand il se fait mal, tu l'enlèves (de l'équipe)... C'est la réalité dans 90% des clubs. C'est juste que les présidents de clubs ont tellement d'influence sur les joueurs, que ceux-ci ont peur de s'exprimer."

Q: Pourquoi les clubs payent-ils en retard ?

R: "Au niveau des clubs, il n'y a aucune réflexion sur un projet pour s'auto-financer. Ils se disent: +Je fais tout pour monter en première division parce que je sais que l'Etat va me subventionner+. Dès que l'Etat ne paye pas, ils disent qu'il y a un retard de salaires. Aucun club n'a un budget propre. L'Etat donne un peu pour vous permettre de pouvoir fonctionner, se structurer. Mais cela a échoué parce que les présidents de club se sont assis sur cet argent."

Q: Combien de litiges avez-vous à ce jour ?

R: "Nous avons plus de 100 dossiers de joueurs, dont une cinquantaine qui se trouvent déjà au tribunal via notre avocat. Mais c'est difficile parce que certains joueurs n'ont pas de contrats, pas même de bulletins de salaires. Rien du tout. Ces dossiers arrivent quand les joueurs ont le courage et la force de s'exprimer. Mais plus de 90% des 600 joueurs de première et deuxième division sont dans cette situation. C'est juste la partie visible."

Q: Comment faire pour améliorer la situation ? Que réclamez-vous ?

R: "Ce qu'on propose c'est une convention collective. Si nous sommes dans cette situation, c'est parce que les règlements ne sont pas appliqués. Au moins la convention collective est paritaire. Chacun aura son mot à dire. On veut mettre en place aussi une DNCG, c'est-à-dire une commission indépendante qui va contrôler avec des comptables le fonctionnement des clubs. Elle pourra sanctionner les clubs qui ne respectent pas les règles. On propose aussi un contrat standard parce qu'ici au Gabon, chaque club a son contrat et met tout ce qu'il veut dedans."

Q: Où en sont ces propositions ?

R: "On s'est rapproché du ministère des Sports et de la fédération, qui au départ n'étaient pas très réceptifs. On a été reçu il y a un mois par la fédération, et deux semaines avant par le ministère. Ils ont compris qu'on n'est pas là pour combattre les clubs, mais aussi pour promouvoir le football gabonais. Notre championnat n'est plus vu, personne ne va au stade. Sur le plan international, on vient d'être éliminé encore au 1er tour. Ils veulent travailler avec nous. On attend que le courant passe bien. Après cela, on va proposer le travail qu'on a fait, et attendre leur aval. On a déjà tout mis en place: la programmation, comment cela va se passer... Si on tombe d'accord, on aimerait que ces mesures entrent en vigueur pour la saison prochaine."

Propos recueillis par Yassine KHIRI
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