Les laits de substitution sont fréquemment conseillés par les pédiatres qui n’hésitent pas à prescrire certains laits artificiels aux mamans dès la naissance de leurs enfants. Ces laits sont vendus dans toutes les grandes surfaces, pharmacies voire détaillants, en échappant parfois à toute réglementation. Or, l’allaitement maternel est l’un des moyens efficaces de lutte contre les carences alimentaires chez le nourrisson et réduction de la mais mortalité infantile.
Autrefois, il était naturel d’allaiter son enfant dès la naissance. Aujourd’hui, l’allaitement maternel fait débat dans nos sociétés. Faut-il rechercher la cause de cette évolution dans les campagnes de promotion des laits maternisés des grands industriels ? Les mamans ne sont-elles pas suffisamment informées des bienfaits de l’allaitement maternel ? Autant de questions que se pose la société actuelle qui constate une baisse de l’utilisation de cette méthode nutritionnelle.
En effet, selon le rapport sur la situation de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant au Gabon, préparé par l’Association Gabonaise pour la Promotion de l’Alimentation Infantile (AGPAI), des obstacles et des problèmes ont été identifiés. A savoir, un très faible taux d’initiation précoce à l’allaitement maternel (32.3% des enfants sont allaités dans l’heure suivant l’accouchement) et d’allaitement exclusif des enfants moins de six mois (6%). Aussi, 41% des enfants sont nourris avec des liquides et des aliments autres que le lait maternel après la naissance, et la durée moyenne de l’allaitement est faible par rapport aux autres pays de la région (11.5 mois). Enfin, il y a une violation récurrente par les firmes d’alimentation infantile du Code International de Commercialisation des Substituts du Lait Maternel et du décret N°000033/PR/MSP mettant en œuvre le Code au Gabon. Bien que le décret N° 000033/PR/MSP prévoit la création d’un comité national multisectoriel, chargé des questions liées aux substituts du lait maternel et aux aliments de complément. Ce comité, placé sous l’autorité du Ministre de la Santé, n’assure pas toujours la surveillance et l’application de ce Code, qui n’est pas effectif à ce jour.
Rappelons qu’en 1981, l’Assemblée Mondiale de la Santé avait adopté le Code International de Commercialisation des Substituts du lait maternel en réponse aux pratiques inappropriées de commercialisation des substituts du lait maternel qui contribuaient au déclin alarmant des taux d’allaitement maternel dans le monde et à l’augmentation des taux de malnutrition, morbidité et mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Cela particulièrement dans les pays en développement.
Afin de mieux protéger l’allaitement au Gabon, l’AGPAI recommande une implication accrue de l’Inspection Générale de la Santé dans la surveillance de l’application du Code, ainsi que la suspension de la délivrance d’autorisations de publicité pour les aliments de complément par l’Inspection Générale de la Santé.