Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), s’est exprimé sur les transferts d’argent via le Mobile Money au sein de la Commaunuté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cameroun, Congo, Centrafrique, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad). C’était au cours d’une conférence de presse organisé le 22 mars 2017 à Yaoundé.
« Vous avez des opérateurs de téléphonie mobile qui, sans avoir l’autorisation, ou les contraintes auxquelles sont soumises les banques, font exactement l’activité des banques. Il faut mieux assurer ça », a déclaré Abbas Tolli. Pour qui, il faut prendre des mesures pour éviter des risques de blanchiment et d’évasion fiscale. Ou même le financement du terrorisme.
« Nous allons avoir des instruments qui tiennent en compte tous ces paramètres. Il faut étendre le champ de la supervision de ces innovations de manière à ce que ces innovations soient circonscrites. Nos textes ne permettent pas que de telles opérations se fassent », a expliqué le gouverneur de la Banque centrale.
La sortie de Abbas Mahamat Tolli intervient dans un contexte où les opérateurs de téléphonie mobile au Cameroun se sont lancés dans les transferts d’argent dans pratiquement tous les pays d’Afrique. L’opérateur MTN Cameroon, par exemple, procède actuellement à l’envoi d’argent vers 25 pays en Afrique à partir d'un compte MTN Mobile Money.
Par ailleurs, grâce à l’application WorldRemit, acteur britannique des nouvelles technologies, des personnes résidant dans plus de 50 pays différents peuvent envoyer de l’argent à des proches et des amis au Cameroun, avec la même facilité qu’un SMS.
Le destinataire a le choix du mode de perception de l’argent : virement bancaire dans n’importe quelle banque du Cameroun, recharge de téléphonie mobile auprès d’un dépositaire MTN ou Orange, ou bien encore espèces à collecter dans l’une des centaines d’antennes partenaires au Cameroun.
Au mois de février 2017, l’Agence de régulation des télécommunications a fait le point sur les données qu’elle a sur le mobile money au Cameroun, depuis son lancement en 2011. Ainsi, jusqu’en 2014, indique le régulateur, ce secteur a enregistré des transactions à hauteur de 72 milliards de FCFA. Toujours selon l’ART, ces 72 milliards de FCFA correspondent à neuf millions de transactions à travers des SMS. A ce jour, plus de 6000 points de paiement existent à travers le Cameroun. WorldRemit, lui, indique que les transferts d’argent jouent un rôle prépondérant pour l’économie du pays, puisque les Camerounais ont reçu 244 millions de dollars (environ 134 milliards de FCFA) en 2015 par ce biais, selon des chiffres de la Banque mondiale.