Solidaire des enseignants radiés et de la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed), suspendue de toute activité, le Rassemblement héritage & modernité (RH&M) entend organiser, à Libreville, une «grande marche pacifique de sauvegarde du système éducatif gabonais».
Jusqu’ici muet sur les derniers rebondissements autour de la crise dans le secteur de l’éducation, le Rassemblement héritage & modernité (RH&M) a enfin réagi, le 24 mars dernier à Libreville, sur cette situation hypothéquant la scolarité de près de 800 000 élèves. Le mouvement politique va ainsi initier une marche de soutien à la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed), dont les activités ont été suspendues ; mais également aux enseignants dont les salaires ont été suspendus.
«Nous convions tous les parents d’élèves, les enseignants et la société civile, à se mobiliser pour la grande marche pacifique de sauvegarde du système éducatif gabonais», a lancé un membre du directoire du RH&M, relayé par l’hebdomadaire Echos du Nord du 27 mars. Si aucune date n’a été annoncée pour cette manifestation, Michel Mboumi est cependant revenu la radiation des enseignants grévistes et la suspension de la confédération syndicale.
«Face à un manque notoire de politique d’éducation, il était vain d’engager le bras de fer avec les enseignants, encore moins de suspendre une centrale syndicale. Car ici, le gouvernement n’a pas en réalité rempli ses devoirs, ni tenu ses engagements», a analysé l’ancien député du Parti démocratique gabonais (PDG), aujourd’hui dans l’opposition. Ce dernier a ainsi invité le ministre de l’Education nationale à reconnaître sa part de responsabilité dans cette crise.
Selon Michel Mboumi, Florentin Moussavou devrait envisager des négociations avec les syndicats, «pour une possible sortie de crise». Peut-être cette démarche permettra-t-elle de rattraper le coup. Car, pour le membre de RH&M, il ne fait aucun doute que les problèmes minant le secteur éducation sont loin d’être la priorité du gouvernement et du chef de l’Etat.
«Nos soi-disant émergents ont réalisé la prouesse de construire en 12 mois deux stades de près de 400 milliards de francs CFA, et n’ont pas été capables de sortir de terre, en sept ans, un seul établissement scolaire dont le coût d’une salle de classe équipée est de 35 millions de francs CFA», a déploré Michel Mboumi, appelant le gouvernement à se ressaisir pour «sortir de cette crise dont il détient seul les clés».
Ressaisissement qui passerait, entre autres, par une reconsidération des dernières décisions du gouvernement : la radiation des enseignants et l’interdiction des activités de la Conasysed. Une issue qui, de l’avis de Michel Mboumi, permettrait de «créer un climat de sérénité propice aux négociations qui permettraient de sortir de la crise actuelle». Sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr, le ministre de l’Education nationale a annoncé son intention de mettre fin à l’intransigeance des enseignants.