A quelques heures de l’ouverture du dialogue national, l’ancien Premier ministre, Raymond Ndong Sima, dans une tribune publiée sur sa page Facebook le 27 mars 2017, a estimé que ces assises qui devraient «s’articuler autour des acteurs qui ont pris directement part au scrutin présidentiel du mois d’août 2016», s’annoncent mal.
Un peu critiqué pour n’avoir pas particulièrement pris position et surtout dénoncé les événements liés à la dernière élection présidentielle au Gabon, l’ancien premier ministre, s’est exprimé sur le dialogue politique qui s’ouvre le 28 mars à Libreville. Dans sa page Facebook, il déclare que «le dialogue national annoncé à partir du 28 mars 2017 ne se présente pas sous les meilleurs auspices».
L’ancien premier ministre qui a également été candidat à l’élection présidentielle du mois d’août 2016, estime que «ce dialogue est, en tout premier lieu, frappé en quelque sorte d’un péché originel en ce qu’il prend pour acquis ce qui est précisément l’objet de toute élection : la détermination d’une majorité». Pour lui, il y a une question qui a été posée, en août 2016, aux électeurs gabonais : «Qui rassemble majoritairement les aspirations de la population ?». S’il ne donne pas une réponse directe et précise à cette interrogation, il apparait néanmoins qu’il souligne que «c’est la réponse à cette question qui a donné lieu aux contestations au lendemain de la proclamation des résultats du scrutin». Dans ce contexte, il assure que «le dialogue organisé pour surmonter ces contestations devrait s’articuler autour des acteurs qui ont pris directement part au scrutin».
Raymond Ndong Sima observe également que ce dialogue «s’organise ensuite de façon tout à fait surprenante puisqu’il s’ouvre à des personnes et à des groupes qui n’ont formulé aucune revendication spécifique sur des élections à l’origine des troubles sérieux que le pays a connu, fin août et début septembre 2016». «Quelle sera alors leur contribution à l’amélioration des institutions et à l’organisation des élections futures apaisées ?», s’est –il interrogé.
Or, précise-t-il, en application de la loi électorale, des candidats présentés par des partis politiques et des candidats indépendants ont pris part au scrutin. «Par conséquent, la formation d’une commission ad hoc chargée de préparer ce dialogue sur la base du clivage majorité-opposition a procédé d’une démarche hors la loi, contraire aux dispositions de la loi 7/96 notamment en son article 12 bis et les recommandations d’une telle commission, pour une organisation de ce dialogue calquée sur une architecture politique binaire, bancales et non pertinentes», a-t-il fustigé.
Pour l’ancien Premier ministre «ce dialogue se construit sur un quiproquo dès lors que les associations y sont invitées pour y exposer leurs attentes (…) se concentreront nécessairement sur les aspects économiques et financiers alors que le débat post-électoral porte sur les institutions et leur fonctionnement». Ndong Sima va plus loin pour présager une déception, voire un échec à la sortie de ce dialogue. «Un tel dialogue pourrait même déboucher sur une déception et peut-être même un mécontentement accrus», a-t-il affirmé. Par ailleurs, fait-il observé, ce dialogue s’organise de façon exclusive et non inclusive, dans le prolongement de la commission ad hoc qui l’a préparé. «En agissant de la sorte on donne du grain à moudre aux adversaires déclarés de ce dialogue», a-t-il mis en garde les organisateurs du dialogue.
Pour conclure, Raymond Ndong Sima s’interroge sur «la sincérité de l’objectif» de ce dialogue et note que «l’atomisation des associations acquises à la cause trompera le monde sur l’engouement supposé des Gabonais pour ce dialogue nécessaire, mais elle ne trompera pas le fond du problème, c’est à dire un climat politique altéré à la suite de contestations bruyamment exprimées il y a quelques mois».