Suspension de salaires, menaces de licenciement, dissolution de la principale centrale syndicale, la Conasysed, etc. C’est par des mesures aussi fortes et punitives que le Gouvernement a décidé de faire face à la grève des enseignants, qui paralyse le secteur de l’éducation depuis fin octobre dernier. Une fermeté qui peut prêter le flanc à l’autoritarisme gouvernemental et donc à son irresponsabilité dans la gestion de cette crise, qui laisse déjà entrevoir l’horizon d’une année blanche.
Jusqu’où ira la « dérive autoritaire » du Gouvernement dans la gestion de la crise, qui paralyse le secteur de l’éducation depuis cinq mois ? Après la suspension de salaires de plus de huit cents enseignants grévistes, avec menaces de licenciement des effectifs de la fonction publique, après la dissolution de la Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation (Conasysed), quelle autre mesure coercitive le ministre de l’Education Nationale, Florentin Moussavou, peut-il encore agiter, afin de contraindre les enseignants à la reprise des cours ? La question est d’autant plus intéressante que toutes les décisions punitives prises jusqu’ici par la tutelle gouvernementale pour tenter d’asphyxier les enseignants n’ont produit aucun effet.
En tout cas pas plus qu’elles ne les ont radicalisé davantage. Car même si dans certains établissements, on constate le retour progressif de certains enseignants frappés par cette suspension de salaires, le noyau le plus dur et fidèle à la Conasysed, lui reste déterminé par ce qu’il considère comme des agissements, mieux une épreuve de force, un défi lancé par le gouvernement qui au mépris de la négociation a préféré la force et la provocation, accusant les enseignants de collusion sans doute avec les leaders politiques de l’opposition. C’est pourquoi, devant une telle présomption de manipulation des syndicats des enseignants, le gouvernement n’entend donner d’autre suite à la crise actuelle que le langage de fermeté. Puisque la fébrilité dans le camp du pouvoir aujourd’hui est telle que tout mouvement de grève s’apparente désormais à une instrumentalisation politique comme si les problèmes n’existaient plus dans ce pays.
Et cela alors même que le Gabon traverse une crise multisectorielle manifeste depuis quelques années déjà. Crise exacerbée d’ailleurs par le dernier scrutin présidentiel, dont le contentieux jamais achevé continue de pourrir le bon fonctionnement du pays. Certes, l’engament politique de certains leaders syndicaux comme Marcel Libama, Jean Rémy Yama, et tous les autres qui avaient appelé à voter Jean Ping, en août dernier n’est plus à nier, mais de là à assimiler systématiquement la grève des enseignants à une manifestation politique, qu’il faut à tout prix casser, constitue un faux-fuyant, une fuite en avant du gouvernement. Un gouvernement, qui au lieu de prendre toute la mesure du problème et privilégier la discussion, afin de trouver un compromis, préfère lui la fermeté et la loi du plus comme si c’était là la meilleure solution. Une fermeté qui peut d’ailleurs être considérée comme une dérive autoritaire d’un gouvernement, dont la gestion de la crise éducative aura mis à nu l’inefficacité des mesures préconisées.