Après diverses plaintes des syndicats à la direction générale des Recherches (DGR) et dans des structures de contrôle, la Cour des comptes a décidé d’effectuer une mission d’inspection dans l’organisme de Sécurité sociale dès lundi prochain. Les agents espèrent, pour cette mission d’inspection, que soient posées les vraies questions avec un intérêt particulier sur la gouvernance de la CNSS. Construction surfacturée de bâtiments (?), CNSS-Immo, patrimoine immobilier cédé dans des conditions pas toujours catholiques, véhicules du parc automobile invisibles à la CNSS…
C’est le lundi prochain que s’amorcera, à Batavéa, au siège de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), la mission d’inspection et de contrôle de la Cour des Comptes. Ce ne sera pas la première fois que cette institution de contrôle des finances de l’Etat sera reçue à Batavéa, et comme ses enquêtes se sont souvent soldées par de simples recommandations, là où ils auraient pu s’attendre à des demandes de sanctions pécuniaires à l’encontre des dirigeants et des prévaricateurs des finances de l’entreprise, les syndicalistes et les agents non syndiqués souhaitent voir la Cour des comptes mener cette fois-ci des enquêtes de fond ! Pour eux, il y va aussi de la crédibilité de cette institution.
Entreprise en décadence
Les agents espèrent vivement, en effet, que cette fois les magistrats de l’ordre financier s’intéresseront aux sujets liés à la gouvernance de cet organisme qu’ils estiment en pleine dérive et méritant de ce fait un nouveau management. Pour eux, du Centre médico-social Gisèle Ayouné à l’avenue de Cointet en passant par d’autres démembrements de la CNSS, les magistrats de la Cour des Comptes devraient méticuleusement examiner la surfacturation ou non du bâtiment de 7 étages en construction au siège même de l’entreprise. À ce sujet, des membres des syndicats locaux affirment que «le montant officiel des travaux, 15 milliards CFA, sent la “surfac” à plein nez». Ils estiment à 6 milliards de francs CFA le coût réel de ces travaux.
De même, ils pointent du doigt la CNSS-Immo, structure mise en place par le directeur général, Désiré Lasségué. «Quels en sont les avoirs ?», se demandent-ils. Ils voudraient savoir si le Conseil d’administration a marqué son accord quant à la création de cette structure, et si les avoirs à sa disposition ont été obtenus dans les règles de l’art.
Autre sujet que les agents de la CNSS voudraient partager avec les magistrats de la Cour des comptes : la gestion du patrimoine de la Cité CNSS de l’ex-Hôpital pédiatrique d’Owendo (HPO). Dans quelles conditions Désiré Lasségué a-t-il cédé ces villas et à qui ? Comment est-on arrivé au «partage» de ces villas ? D’une manière générale, les agents de l’organisation sont convaincus de ce que certains dirigeants se sont enrichis de manière illicite à travers la construction du bâtiment de 7 étages, du projet d’érection de deux tours d’un coût de 35 milliards de francs CFA – officiellement – sur le boulevard du bord de mer (à côté de l’agence Océan de BGFIbank à Glass) et par le partage, jugé irrégulier, des villas de la Cité CNSS de l’ex-HPO . Vrai ? Faux ? Les enquêteurs de la Cour des Comptes devraient en savoir un peu plus.
Construction et patrimoine immobilier : «les deux mamelles de l’enrichissement illicite de certains dirigeants»
De même, la gestion du parc automobile devrait être sujette à des questionnements. Il se susurre que la CNSS aurait acquis des véhicules qui restent invisibles dans les locaux de l’entreprise. «Ces voitures roulent plutôt sur l’axe Franceville-Bongoville et nullement pour des missions de la Caisse», soutient un agent au siège de Batavéa. Au sujet des deux tours dont les travaux de construction devraient démarrer dans peu de temps, un ancien directeur affirme que «le directeur général nous a annoncé que leur financement a été trouvé, mais comment a-t-il été obtenu ? Le Conseil d’administration a-t-il autorisé Désiré Lasségué à contracter des emprunts, alors que la Caisse est déjà suffisamment endettée ?»
«La Cour des comptes devrait s’efforcer, selon de nombreux agents, à aller au fond des choses, à vérifier la comptabilité et, s’il y a lieu, à sanctionner», au lieu de faire des inspections biaisées et d’établir des comptes-rendus faussés.