Libreville – Sauf changement de dernière minute, une rencontre entre les présidents Ali Bongo et François Hollande est prévue la semaine prochaine à Paris, la date du 8 avril 2014 a été avancée dans les deux chancelleries, après une entrevue en groupe à Bruxelles en marge du 4ème sommet UE-Afrique. La redynamisation de l’axe Libreville-Paris et la situation en Centrafrique en seront certainement les principaux mobiles.
Depuis près de deux ans passés à l’Elysée, François Hollande n’avait pas daigné recevoir Ali Bongo Ondimba en France. La semaine prochaine, et ce n’est pas un poisson d’avril, les deux chefs d’Etat se rencontreront à l’Elysée, dans le cadre d’une visite de travail. Tordant ainsi le cou à deux ans de jubilation de l’opposition gabonaise qui se délectait de l’absence de rencontre au sommet entre les deux hommes. La nouvelle est tombée comme un coupe gorges pour ces derniers et pour tous ceux qui riaient sous cape et analysaient cette soi-disant «distance» comme une écharde dans le pied du Président Ali Bongo Ondimba. Notamment, dans sa perspective probable de briguer un nouveau mandat en août 2016.
Selon de bonne source, Ali Bongo Ondimba devrait séjourner à Paris pour une visite de travail, du 7 au 9 avril, au retour du prochain sommet Union européenne-Afrique qui s’est tenu à Bruxelles, en Belgique, les 2 et 3 avril 2014. L’emploi du temps de l’escale parisienne comporte une rencontre, le 8 avril, avec son homologue français, François Hollande.
La situation en République centrafricaine devrait occuper une bonne place au menu des échanges entre les deux hommes. Car, un peu plus de trois mois après le lancement de l’opération française Sangaris visant à empêcher des massacres de populations civiles dans une situation que la Maison blanche avait qualifiée de «prégénocidaire», les choses semblent s’enliser et les 1600 soldats français envoyés à Bangui pourraient y rester beaucoup plus longtemps que les six mois prévus.
Si aujourd’hui, ces 1600 hommes se révèlent insuffisant pour stabiliser la situation, le contingent français devrait être soutenu par un renfort des soldats de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca). Ce n’est sans doute pas par hasard que la Belgique qui abrite le prochain sommet Afrique-UE, a affrété un avion C130 pour le transport d’hommes et paquetages, de 48 soldats des Forces armées gabonaises (FAG) en partance pour Bangui où ils ont relevé des troupes de la Misca. A leur départ de Libreville, le 13 mars dernier, la présence de l’Ambassadeur de France au Gabon, Jean François Desmazières, à la base aérienne Forces françaises au Gabon (FFG) a été fort remarquée aux côtés du ministre gabonais de la Défense, Ernest Mpouho Epigat.
A la suite de cet embarquement, Catherine Samba Pandza, président par intérim de la RCA, est arrivée à Libreville le 18 mars. Elle y a été reçue par le chef de l’Etat gabonais, Ali Bongo, par ailleurs président en exercice de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Et dans la foulée, Toussaint Kongo-Doudou, ministre Centrafricain des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et de la Francophonie, qui était présent à Libreville dans le cadre des travaux du Conseil des ministres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), a échangé, le 25 mars 2014, avec le Premier ministre gabonais, Daniel Ona Ondo. Ce ballet autour de Libreville ne saurait être fortuit, Libreville ayant toujours joué un rôle de premier plan dans les problèmes politiques de la RCA.
Idéalement placé au cœur du golfe de Guinée, Libreville, qui compte 1000 hommes des FFG, est un élément important de la stratégie militaire française en Afrique équatoriale, le point de départ ou le terminal de nombreuses opérations en Afrique centrale. La suite à donner à l’opération Sangaris passe donc nécessairement par le Gabon.
Le tout dernier sommet Afrique-UE de Bruxelles a d’ailleurs été l’occasion pour François Hollande d’organiser, en marge, le mercredi 2 avril dernier, à la mi-journée, un mini-sommet sur la Centrafrique avec plusieurs de ses homologues d’Afrique, en présence de Catherine Samba-Panza, chef de l’État de la transition en RCA. Etaient également conviés le Sud-africain Jacob Zuma, le Tchadien Idriss Déby Itno, le Congolais Denis Sassou Nguesso, et bien entendu le Gabonais Ali Bongo Ondimba mais aussi du Mauritanien, Mohamed Ould Abdel Azziz, en sa qualité de président de l’Union africaine.
Cependant, il ne fait l’ombre d’aucun doute, que cette visite de travail offrira aux deux dirigeants l’opportunité de mieux échanger sur tous les sujets brulants de l’heure, de sceller davantage leur amitié et de redynamiser les relations France/Gabon.