Libreville – La grève des médecins déclenchée par le SYNAPS (Syndicat national des professionnels de la santé) qui paralyse depuis plusieurs semaines les grands hôpitaux de la capitale gabonaise compte déjà beaucoup de morts. Un pressant appel est lancé aux médecins des services publics de l’Etat à faire confiance au gouvernement et à continuer à vaquer à leurs occupations. La vie d’un homme, d’un malade n’a pas de prix, s’est-exclamé le secrétaire général du ministère de la santé. Tout en demandant aux médecins de faire recours à leurs qualités intellectuelles pour l’analyse objective et dépassionnée de leur situation.
Suite au durcissement du mouvement de grève des médecins, le secrétaire général du ministère rappelle l’obligation pour les grévistes d’observer un service minimum, de surcroît dans le secteur sensible de la santé, et de laisser les non-grévistes accéder à leur lieu de travail. Brandissant les nombreuses concessions accordées par l’Etat depuis le début des négociations avec cette centrale syndicale dans différents secteurs. Maintenant que va faire le gouvernement ? Le Synaps, qui revendique environ 2.000 adhérents, assure que la suspension du service minimum doit-être suivie à 100% sur tout le territoire national. Les grévistes réclament des revalorisations des salaires, ainsi que la réhabilitation et l’équipement des hôpitaux.
En effet, même si le droit à la grève est reconnu par la loi, le moment est-il bien choisi ? Se demande nombre d’observateurs avertis qui pensent que le SYNAPS devrait observer une retenue avant de se lancer dans cet arrêt de travail qui occasionne encore de nombreuses pertes en vies humaines. S’il est vrai que les médecins ont droit de jouir des conditions optimales de travail à cause de la complexité de leur métier, mais ils ne peuvent pas non plus prétendre qu’ils soient aujourd’hui les mal aimés de la République ou les moins payés. Il est vrai qu’ils comptent aujourd’hui parmi les catégories socioprofessionnelles ou plutôt les fonctionnaires qui doivent bénéficier de la Prime d’Incitation à la Performance (PIP) à l’instar des professeurs d’universités, des magistrats.
Dans le préavis de grève qui se trouve sur la table du Premier ministre, la coalition des confédérations syndicales s’insurge entre autre sur les critères d’évaluations qui devront être mises en place pour prétendre percevoir, la PIP initiée par le chef de l’Etat suite à la suspension des fonds communs des agents des régies financières. Ces fonds communs seront désormais redistribuer à l’ensemble des agents civils de l’Etat. Les fameux fonds communs s’élevaient à plus de 212 milliards de FCFA que seul 9000 agents en avaient droit. « Il n’y a aucune raison objective justifiant cette grève », a indiqué le secrétaire général du ministère.
Après la rencontre de samedi dernier avec le premier ministre, Daniel Ona Ondo, le Syndicat des médecins du Gabon se dit qu’il n’est pas distrait à la proposition de l’ouverture du dialogue social. A cette occasion, il annonce la convocation d’une plénière de la commission ad hoc chargée de l’analyse et du suivi du cahier des charges de médecins des services publics de l’Etat. Cette demande l’est, en vue de l’analyse et de l’adoption, par cette commission, des propositions de celle-ci et de l’examen des dossiers spécifiques restés pendants, notamment celui relatif à la paie des médecins et à ses conséquences.
Le Synaps plaide en faveur de la mise en place du cadre formel des négociations inclusives. Ce cadre selon ce syndicat, doit traiter, non seulement le dossier des nominations à la nouvelle nomenclature et aux grades actualisés mais aussi tous les autres dossiers pendants notamment le dossier de la régularisation de la situation administrative et financière des nouvelles unités, des litiges financiers et des conditions de travail etc.
N’empêche que, bien que le Synaps ait annoncé privilégier le dialogue plutôt que le bras de fer aux conséquences incalculables, et après la rencontre tendue de samedi dernier avec les responsables des centrales syndicales qui ont unanimement décidé de ne pas accorder à son gouvernement la moindre trêve sociale, ni le moindre état de grâce, Ona Ondo gagnerait à se synchroniser rapidement avec le cahier des charges en souffrance des syndicats s’il ne veut voir l’estime que le chef de l’Etat a fondé sur lui fondre comme du beurre au soleil avant ses premiers 100 jours à la Primature.