Entamé il y a près de cinq mois, le bras de fer entre les enseignants et la tutelle gouvernementale file lentement, mais surement vers une année blanche, faute de dialogue et de concession des deux parties. Et dans cet aveuglement des positions radicalement opposées, les élèves et leurs parents, conscients des mesures punitives du gouvernement, appellent désormais ce dernier au ressaisissement, et à reprendre ainsi la discussion avec les responsables syndicaux de l’éducation nationale.
Ce qui était encore jusque-là considéré comme une simple hypothèse acquiert désormais de fortes probabilités de se produire, une année blanche.
Et le scénario devient tellement probable à mesure que les mois passent, et que l’année académique 2016-2017 se précipite inexorablement vers sa fin qu’élèves et parents d’élèves appellent maintenant le gouvernement à revenir à la table des négociations avec les enseignants.
Pour l’association des parents d’élèves qui demande à tous les parents d’élèves de garder leurs enfants à la maison jusqu’à nouvel ordre, il est clair que la mesure prise par le gouvernement de suspendre les salaires de plus de 800 enseignants, avec des menaces d’exclusion des ces derniers de la fonction publique n’a rien produit de positif comme résultat. Au contraire, elle n’a contribué qu’a renforcer la détermination et le caractère jusqu’au boutiste des enseignants grévistes. Et avec donc d’un côté les enseignants vent debout et décidés à tenir la dragée haute au gouvernement, c’est-à-dire jusqu’à satisfaction totale de leurs revendications, et de l’autre le gouvernement promettant de les vaincre par la punition, la suspension de leurs salaires et leur licenciement à terme des effectifs de la fonction publique, c’est une bataille que ni l’une ni l’autre des deux parties n’envisage pas de perdre.
Un antagonisme de positions sans concession, qui semble s’enliser et éclaircir davantage l’horizon d’une année blanche, alors que le calendrier académique, lui, s’égrène lentement vers son terme. Une situation non sans exacerber l’affolement des parents d’élèves conscients de la mesure d’un statu quo voulu et entretenu.
Des programmes scolaires toujours rafistolés
A quelques trois mois de la fin de l’année académique, même au meilleur des cas où gouvernement et enseignants parviendraient à un compromis, nombreux sont ceux qui imaginent déjà mal comment on pourrait parvenir à rattraper près de cinq mois de retard et valider l’année scolaire filante. Sauf à croire qu’il sera question d’une autre année de rafistolage comme il est désormais tradition dans ce secteur de l’éducation où depuis quelques années, aucun calendrier n’a jamais été exécuté à 100%.Ce qui décrédibilise fortement le niveau des apprenants ainsi que la qualité des diplômes obtenus chaque fin d’année. BEPC, BAC, BTS, Licence, Master, etc...
Ces parchemins semblent déjà avoir perdu leur vrai poids dans un système éducatif éternellement en ébullition, et où les programmes scolaires annuels ne sont plus que l’hypothèque d’un avenir savamment brouillé sur la voie de l’"émergence en 2025". Décidément c’est un pays de rafistolages et d’à peu près, y compris même pour des secteurs aussi cruciaux que l’éducation et la formation. Avec des citoyens mal ou pas du tout formés, voilà désormais réunis les ingrédients d’une "jeunesse sacrée", le Gabon de demain.