Avec 15% de la population mondiale, l’Afrique représente à peine 3% de la consommation mondiale d’électricité. Une distorsion qui devra être réglée d’ici peu si les moyens et la volonté des hommes politiques convergent vers le même but, notamment celui de la faciliter l’accès à l’électricité sur le continent.
La situation déplorable relative au faible taux d’électrification dont se contente le continent africain malgré la croissance annuelle de 5% de son PIB, soit deux fois celle de l’Europe, a amené le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, à déduire que «le continent africain est victime d’une forme d’apartheid énergétique» qui prive ses habitants de l’accès généralisé à l’électricité dont jouissent les pays du Nord.
Selon un rapport de la Banque mondiale publié en 2013, 1,2 milliard d’individus vivent sans électricité dans le monde. Un tiers d’entre eux est concentré dans vingt pays asiatiques et africains. «Aujourd’hui, la consommation d’énergie du milliard de personnes vivant sur l’ensemble du continent africain équivaut à ce que la Belgique offre à ses 11 millions d’habitants», a souligné Jim Yong Kim le 1er avril dernier dans un discours à Washington.
Afin de combattre cette inégalité et injustice dans la répartition énergétique et permettre au million d’Africains l’accès aux services énergétiques modernes, Jim Yong Kim a défendu un vaste projet de centrale hydroélectrique en République démocratique du Congo pour lequel la Banque mondiale vient de débloquer une aide de 73 millions de dollars. Son coût total est évalué à environ 12 milliards de dollars. Baptisé Inga III, et décrit comme le plus puissant barrage du monde, ce site pourra selon le président de la Banque mondiale «faire naître la plus grande centrale hydroélectrique au monde d’une capacité totale de 40 gigawatts».
«Ce serait l’équivalent de la moitié de la capacité de production de l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne aujourd’hui. Il permettra également d’éviter l’émission de 8 milliards de tonnes de carbone sur 30 ans qu’un projet similaire au charbon aurait provoqué», a assuré Jim Yong Kim.
L’électricité est en effet un produit rare en Afrique. Malgré ses nombreux avantages naturels (des conditions solaires et éoliennes extrêmement favorables, un potentiel hydro important et une biomasse potentielle durable et conséquente) et ses besoins conséquents, «le continent obscur» ne prend pas part à la croissance mondiale des énergies renouvelables.