Les véritables criminels financiers ne seraient pas inquiétés, pense le leader de la société civile. On assiste selon lui à un règlement de comptes dans l’entourage du chef de l’Etat.
Très critique vis-à-vis du pouvoir, Marc Ona Essangui, n’est pas emballé par des arrestations qui se multiplient au sein de la haute administration. Dans un poste sur son compte tweeter, le leader de la société civile, dite libre, assimile l’opération «Mamba» à une action «sélective qui fonctionne comme une toile d’araignée, elle n’attrape que les mouches», dit-il.
Il a fait siennes les réflexions de l’éditorial d’Oyéasseko, du journal ‘’Echos du nord’’, ironisant sur les interpellations d’Hervé Ndong, ancien collaborateur du Chef de l’Etat, poursuivi pour proxénétisme. En plaçant des jeunes dans des réseaux pédophiles, à qui profitait ce crime, s’interroge-t-il ? Ce type qui «s’adonnait à de mauvaises mœurs» paye en réalité son rapprochement avec l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, Maixent Accombressi, soutient-il.
Alfred Mabika, l’ancien PDG de la Postbank, menacé à son tour d’être poursuivi, a lâché quelques révélations dans son dernier livre présenté récemment à Paris. Il cite l’actuel Premier ministre, ainsi que le porte-parole du gouvernement, d’être également les comptables des difficultés financières traversées par la Postbank. Surpris de ne pas les voir inquiétés par ces révélations qui les éclaboussent, Marc Ona Essangui percoit un manque de scrupule, puisqu’il rappelle que dans les mêmes circonstances, Jean-Pierre Oyiba, ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat avait démissionné.
Une odeur de règlement de comptes, flaire-t-il car, selon lui, l’opération «Mamba» ressemble plus à une opération de communication adossée à un règlement de comptes dans l’entourage d’Ali Bongo. Le ballet «expéditif» d’arrestations, peu de temps après l’interview d’Hervé Patrick Opiangah, un proche d’Ali Bongo, porte les germes «d’une instruction aux ordres», rappelle ce dernier dans une interview dans la dernière parution du journal la loupe.
Ce qu’il qualifie de règlement de compte dans l’entourage du chef de l’Etat est bien loin de l’objectif de dénicher les criminels financiers dont l’action plombe l’économie du pays. «On aurait aimé que les propriétaires de la pieuvre Delta synergie et ses complices des multinationales ouvrent le bal pour donner du crédit à cette action», conclu le secrétaire exécutif de l’Ong Brainforest.
Lancée il y a peu, l’opération «Mamba» vise à mettre la main sur de hauts dirigeants, anciens ou en service, impliqués dans des détournements de deniers publics. Certains d’entre eux sont actuellement à la prison centrale de Libreville.