Le secteur attire peu les investissements, notamment étrangers, et contribue faiblement à la production de la richesse nationale. L’Etat en quête de solutions pour changer la donne.
Alors que le Gabon dispose d’un sous-sol riche en ressources minérales (manganèse, fer, or, phosphate, potasse, uranium, etc.), le secteur minier reste encore très peu développé. Même si quelques industries se sont implantées dans certains domaines, le secteur minier repose essentiellement sur l’exploitation du manganèse. Le pays dispose de 250 millions de tonnes de manganèse exploitées par le groupe français Eramet via sa filiale COMILOG, avec une production annuelle qui tourne autour de 4 millions de tonnes, pour des perspectives de 6 millions en 2020. Des prémices d’exploitation d’autres minerais sont déjà observées dans le pays, notamment l’or, mais cela reste encore insuffisant pour appuyer le développement économique du Gabon.
Le ministre des Mines, Christian Magnagna (voire photo) indique à ce propos qu’il y a « une faible contribution du secteur minier au produit intérieur brut national ». Selon ses révélations dans une sortie récente dans la presse, il précise que cet apport a été estimé à 2,1% seulement en 2016. Cette statistique est d’ailleurs en baisse si l’on compare à celle d’il y a environ 7 ans, quand le secteur minier représentait 4% du Pib, 1,3% des recettes budgétaires hors pétrole du Gabon et fournissait environ 1 500 emplois formels.
Le manque de développement du secteur est principalement lié au peu d’intérêt que les investisseurs lui portent, notamment les investisseurs étrangers. Christian Magnagna confirme en effet qu’il y a « un faible intérêt des investisseurs étrangers pour le Gabon en ce qui concerne les activités minières ». En 2015, informe-t-il, le Gabon a reçu à peine 1% de l’ensemble des investissements directs étrangers (IDE) mobilisés sur toute l’Afrique au profit du secteur minier. Une part marginale incapable de booster l’activité minière qui, il faut le préciser, n’est centrée pour l’instant que sur le manganèse et l’or, les autres ressources étant encore en exploration.
Freins
Ce peu d’intérêt des investisseurs étrangers dans le secteur minier, malgré les potentialités de ce dernier, est dû à de nombreux facteurs liés à la faible attractivité de la destination Gabon. Pendant longtemps, les réformes entreprises ont montré leurs limites car le pays n’a toujours pas une industrie performante. Les organismes institutionnels créés pour favoriser les investissements privés, financer les projets de création des entreprises et accompagner les entreprises créées pour asseoir un tissu économique réel au Gabon, n’ont pas atteint les objectifs assignés.
De manière globale, les réformes institutionnelles pour favoriser les investissements et la création d’entreprises ne portent pas encore leurs fruits. Du fait de l’inertie dont fait preuve l’administration publique. Les dysfonctionnements sont nombreux : les procédures sont longues et complexes, le système du guichet unique de création des entreprises est moins performant qu’on ne l’espérait, la mobilisation des entrepreneurs est embryonnaire. In fine, le secteur minier a du mal à faire venir les investisseurs à cause du marché limité, une bureaucratie lourde qui est parfois indexée de corruption, une main d’œuvre chère et peu qualifiée, ainsi que l’insuffisance des infrastructures.
Intéresser les investisseurs
L’Etat a donc intérêt à multiplier les actions en vue d’intéresser les grands groupes internationaux afin qu’ils investissent dans le domaine des mines. « Nous avons élaboré une feuille de route qui s’articule autour de plusieurs axes notamment la réforme législative et structurelle, l’inventaire des ressources, l’amélioration de la gouvernance du secteur, l’augmentation de la production nationale, le développement de la filière aurifère et l’augmentation de ressources financières et techniques de la Société équatoriale des mines », indique le ministre gabonais des Mines.
En 2014, le Gabon a par exemple démarré la transformation locale de son manganèse à travers le Complexe métallurgique de Moanda, afin de tirer plus de richesses de ce minerai. Cette transformation devrait représenter 35% de la production d’ici 2025 et ainsi tripler la valeur ajoutée du manganèse de 293 milliards FCFA en 2010 à 900 milliards FCFA environ cette année-là. S’agissant de la gouvernance et de la transparence, le gouvernement s’est doté d’un nouveau code minier plus attractif en janvier 2015. Ce code introduit une fiscalité plus flexible en phase d’exploitation, à telle enseigne que le nombre de permis miniers d’exploration a doublé, passant aujourd’hui à une soixantaine. Des résultats qui pourront être consolidés dans les prochaines années.