Au-delà des fortes incertitudes concernant les perspectives économiques et financières de la plupart des pays en développement, le Gabon garde des fondamentaux plus ou moins solides pour promouvoir les investissements étrangers.
De 2009 à 2014, la destination Gabon a enregistré une attraction particulière en matière d’investissements directs étrangers (IDE). Le pays a pu capter un maximum d’IDE en augmentation de 69,8%. Au plan international, le pays a vu son classement sensiblement amélioré. Pour la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les performances de l’économie gabonaise résultent de la politique d’ouverture marquée par des allègements fiscaux dans plusieurs secteurs d’activités et les nouvelles facilités qu’offre le pays en termes d’opportunités sur le marché national, ces dernières années.
Globalement, souligne cet organisme, l’attractivité de l’économie gabonaise s’est améliorée grâce au renforcement du cadre des affaires, à la construction et au renforcement du capital humain. De toute évidence, il s’agissait d’un schéma économique où l’Etat s’est mué en grand argentier afin de susciter, dans le même temps, l’intérêt des investisseurs (étrangers) à travers des programmes spécifiques comme les zones économiques spéciales où de nombreuses sociétés installées bénéficient de plusieurs facilités, notamment fiscales.
L’une des réussites de cette option est le partenariat initié en 2010 entre l’Etat gabonais et le groupe Olam. Cette convention est matérialisée par l’élaboration et la mise en place de six projets majeurs : développement des plantations d’hévéaculture à Bitam, projet Graine, développement de la Zone économique à régime privilégié de Nkok, construction de l’usine d’engrais, et enfin, concession portuaire pour l’extension du port d’Owendo en cours de réalisation. Entre 2010 et 2016, les investissements d’Olam au Gabon se sont évaluées à 1,5 milliard de dollars, soit un peu plus de 900 milliards FCFA.
Progression de 100%...
Au cours des récentes années, les investissements directs étrangers ont connu un bond impressionnant. Ils sont passés de 2,5 milliards d’euros en 2009 à 5 milliards d’euros en 2014, soit 100% d’augmentation sur la période de référence. Les classements internationaux ont illustré cette tendance avec le classement 2015 du cabinet britannique Global entrepreneurship and development institute qui a placé le Gabon à la 9e place des pays africains où « il faisait bon investir ». Au niveau mondial, le pays avait gagné 20 places pour se positionner à la 86e marche sur les 144 pays évalués.
Le Global Entrepreneurship Index basait son étude sur l’usage d’Internet, le niveau de corruption, la liberté économique ou encore la profondeur du marché des capitaux. Et selon ce service basé à Londres, le Gabon a su s’imposer comme un eldorado pour entreprises. Cette amélioration a surtout été consécutive aux réformes des administrations et institutions en charge de la création et de la promotion des entreprises (transformation de l'APIP en Centre de développement des entreprises – CDE, lancement de l'Agence de promotion des investissements et des exportations – APIEX, redynamisation de la Chambre de commerce).
Dysfonctionnements
Cependant, ce nouveau souffle s'est heurté à de nombreux dysfonctionnements qui sont, entre autres : longueurs et complexité des procédures, système de guichet unique moins efficace qu’escompté, mobilisations des entrepreneurs inexistants. Cette évolution n’a pas été sans porter un coup aux IDE. Et à partir de 2015, la baisse des IDE que connaissent tous les Pays de la CEMAC et partant de l’Afrique, a également atteint le Gabon, provoquant un impact significatif sur tous les secteurs moteurs de son économie.
Le marché limité, la bureaucratie, une main d'œuvre chère et peu qualifiée ainsi que l'insuffisance des infrastructures sont venus ajouter leur lot de pesanteurs dans cette conjoncture. Résultats des courses, dans le classement Doing Business 2016 de la Banque mondiale, le Gabon occupe la 162e place sur 189 pays listés. Une sentence qui amène à une révision de tout le dispositif entrepreneurial.
Nouveaux leviers actionnés
Avec le contexte économique actuel, du côté de Libreville, l’on mise sur les nouveaux leviers actionnés pour inverser cette tendance et relancer les IDE. Le pays est engagé dans une vaste réforme de son système de promotion et d’attraction des investissements directs étrangers, avec des réformes et des institutions à l’instar du Haut conseil de l’investissement (HCI).
Le Gabon avance certes à petits pas dans cette dynamique, peut-être trop lentement estiment certains, pour parvenir à diversifier son économie et créer la confiance des investisseurs. Mais, le pays dispose d’atouts importants, tels que l'accès aux matières premières, la stabilité politique et un pouvoir d'achat élevé comparativement aux autres pays en Afrique au sud du Sahara.
Malgré tout, les signaux ne sont pas encore au rouge, même si la vigilance reste de mise avec des prix du pétrole toujours très bas qui font pression sur le budget de l’Etat, et donc sur les investissements publics. Asiatiques, européens et américains manifestent encore leur appétit pour le potentiel économique gabonais. La machine d’investissements est donc relancée, la sécurité juridique et les incitations vers les entreprises aussi.