Sans compassion pour les victimes de la répression des marches d’élèves à travers le pays, le 20 février dernier, le ministre de l’Education nationale a simplement condamné ces manifestations. Mieux, sans évoquer les raisons à l’origine de ces marches, Florentin Moussavou a plutôt a annoncé des sanctions contre certains enseignants.
24 heures après la violente répression des marches d’élèves de lycées et collèges à Port-Gentil, Lambaréné, Libreville et Owendo, le ministre de l’Education a réagi, ce 21 février, à ces «manifestations aux effets divers».
«Répondant, en effet, à des appels diffusés abondamment dans la rue et les réseaux sociaux, relayés par des officines syndicales et partisanes, ces jeunes compatriotes prétendaient vouloir défendre leur droit à l’école et, conséquemment, les intérêts de leurs enseignants», a déclaré Florentin Moussavou.
Pour le membre du gouvernement, il ne fait aucun doute que ces manifestations avaient un caractère illégal, d’autant plus qu’il est notoirement établi que les enseignants dont l’identité est connue, ont méthodiquement vidé les salles de classes, en envoyant les élèves dans la rue.
«Le gouvernement prend dès à présent toutes ses responsabilités pour assurer la sécurité des établissements, des élèves et des enseignants désireux d’assurer leur métier d’éducateurs», a annoncé le ministre de l’Education nationale, sans donner aucune précision et autres détails sur lesdites mesures. Est-ce les mêmes éléments des forces de l’ordre, ayant violemment réprimé les manifestations des élèves, qui assureront la sécurité de ces derniers ? La question reste posée…
Par ailleurs, Florentin Moussavou a également menacé les enseignants soupçonnés d’avoir poussé les élèves dans la rue. Ce dernier a notamment brandi «l’exécution des mesures de suspension de solde par mesure conservatoire dès le 25 février 2017». Et, plus spécifiquement, les mesures relatives «au retrait du poste budgétaire et donc à la radiation à l’encontre de tous ceux des agents qui sont en situation d’abandon de poste depuis au moins trois mois».
Qu’à cela ne tienne, le ministre de l’Education nationale a tenu à saluer «le professionnalisme de nos forces de sécurité qui, grâce à la retenue dont ils ont fait montre, ont permis d’éviter la survenue d’incidents majeurs». Enfin Florentin Moussavou a appelé les parents d’élèves, les élèves eux-mêmes, les enseignants et chefs d’établissement à prendre, chacun à son niveau, «la pleine mesure de sa situation, afin d’obtenir que l’école gabonaise reprenne son statut d’espace de rencontre et de construction de la Nation gabonaise».
«J’appelle tous les acteurs du système éducatif gabonais à ne pas se laisser instrumentaliser en vue de garantir un retour au calme dans les écoles, les collèges et les lycées de la République», a conclu Florentin Moussavou.
Une sortie qui s’imposait certes, mais qui pour beaucoup, n’a visiblement pas atteint les objectifs escomptés. Comme un déni de réalité, Florentin Moussavou n’a nullement évoqué les motifs à l’origine de ces manifestations : le paiement des bourses et le retour des enseignants dans les salles de classes. En somme, la sortie du ministre de l’Education nationale n’aura fait que raviver la flamme de la révolte chez les élèves, les enseignants et parents d’élèves.