Depuis lundi, Lomé, la capitale togolaise abrite une réunion des magistrats du Gabon, du Ghana, du Niger, de la RDC et du Togo, axée sur l'élaboration d'une politique commune de protection de la faune et de la flore.
Pendant cinq jours, les juges et les procureurs de ces différents pays seront appelés à plancher sur les moyens à mettre en œuvre, dans le cadre des poursuites envers les auteurs des trafics de la faune, de la flore et d'infractions connexes.
L'atelier de Lomé, qui se tient après celui d'Accra en juin 2016, devrait permettre d'approfondir la compréhension des magistrats et juges de ces pays sur les meilleures pratiques de l'utilisation des outils de détection et de répression. Pour le ministre togolais en charge de l’Environnement, André Johnson, « les initiatives prises par des pays pour la protection de la flore et de la faune se révèlent inefficaces ».
Et d’ajouter : « il semble évident que la poursuite judiciaire est le moyen le plus efficace de protéger nos faunes et flores. A cet effet pendant cinq jours, les participants vont s’atteler à définir un cadre favorisant des sanctions uniformes et plus lourdes contre les trafiquants. La détection et la répression doivent s’amplifier pour mettre un terme au fléau ».
Le patrimoine naturel du Gabon mieux protégé
Au Gabon, le mécanisme mis en place par les autorités, dans la cadre de la préservation de la biodiversité repose sur la « Stratégie d’Aichi » de la Convention mondiale en faveur de la biodiversité. Ce plan se base sur une stratégie pour la biodiversité biologique étalée de 2011 à 2020. Il vise à inspirer de grandes actions en soutien à la biodiversité, à travers des buts stratégiques et 20 objectifs spécifiques. Dans le cadre du Gabon, il prescrit la sanctuarisation de 17 % des zones terrestres et 10 % des zones marines et côtières.
Dans le cadre de la lutte contre le phénomène du braconnage, le Gabon s’est donné de moyens conséquents. L’Etat a considérablement renforcé les moyens alloués à l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN). Car, jusqu’en 2009, faute de moyens, la protection effective de ces espaces était principalement menée par des organisations non gouvernementales.
Plusieurs parcs nationaux ne bénéficiaient pas de mesures de protection effective. Le parc de Minkebe, à la frontière avec le Cameroun, en était la preuve la plus évidente. Il abritait un vaste camp d’orpailleurs illégaux et de braconniers regroupant près de 6 000 personnes dans des activités illégales et nuisibles à l’environnement. Plus spécifiquement, le braconnage des éléphants aurait conduit à la disparition de plus de 14 000 éléphants entre 2004 et 2012, indique-t-on à l’ANPN.
Renforcement des moyens
Des mesures correctives ont également été engagées pour réaffirmer la souveraineté nationale sur cette partie du territoire. Le premier levier d’action a été le renforcement des moyens financiers et humains de l’ANPN. Le budget combiné – ressources publics et appui des partenaires – de cette agence est ainsi passé de 1,3 milliard FCFA en 2009 à 13 milliards FCFA au pic de 2014.
Ces ressources ont permis de recruter et d’équiper plus de 500 éco-gardes, qui sillonnent désormais les différents parcs. Plus d’un millier d’interventions ont été menées pour dissuader ou appréhender les braconniers, dont la plus emblématique est à ce jour le démantèlement, en novembre 2013, du camp illégal de Minkébé.