L’avalanche des réactions enregistrées ces derniers temps du côté du pouvoir achève désormais de convaincre de la panique, qui s’est emparée de celui-ci, suite à l’adoption, la semaine dernière par le parlement européen d’une résolution contre le régime d’Ali Bongo. L’événement que l’on pouvait considérer comme minime prend alors, petit à petit un tournant politique important. Ce qui naturellement donne du grain à moudre au triomphalisme de Jean Ping, qui voit là une victoire monumentale dans la bataille post-présidentielle, qui l’oppose à l’actuel Chef de l’Etat.
Plus qu’une fébrilité, c’est un affolement presque généralisé qui s’est emparé du pouvoir, alors que les parlementaires européens viennent de voter une résolution préconisant des sanctions ciblées contre le régime d’Ali Bongo Ondimba. Une résolution adoptée à l’initiative du camp Ping, qui continue à rejeter le pouvoir de son ancien beau-frère, en clamant à qui veut l’entendre qu’il est le président légitime du Gabon. Pour les Eurodéputés, il est clair que les résultats de la dernière présidentielle manquaient de transparence. Ce qui pour eux, remet en cause la légitimité d’Ali Bongo en tant que Président du Gabon. C’est pourquoi, ils demandent que soient bloqués les avoirs à l’étrangers de tous ceux, qui dans le sérail se seraient rendu coupables des violations des droits de l’Homme, lors des violences postélectorales d’août dernier.
Entre autres sanctions, ils demandent l’arrêt de toute forme de coopération avec le Gabon, l’interdiction de séjour dans l’espace Schengen. Et comme pour boucler le tout, les députés européens ont enjoint au pouvoir gabonais d’organiser un dialogue intensif, incluant le camp de Jean Ping. Une victoire, du moins symbolique pour Jean Ping, qui se dit confiant, ne cachant plus d’ailleurs sa satisfaction à l’endroit des Eurodéputés, qui l’aideront certainement dans sa logique de punition de son rival pour, dit-il son "coup d’Etat militaro-électoral". Victoire symbolique parce que ces sanctions pour être appliquées devront d’abord passer par le Conseil européen, organe supérieur de l’Union européenne, qui décidera de les voter ou non.
Ce dont se moque d’ailleurs le Ministre de la Communication, Alain Claude Billie By-Nze, en sa qualité de Porte-parole du Gouvernement gabonais. Lequel n’a pas manqué de minimiser l’aide au développement de l’Union Européenne. Pour le Porte-parole du Gouvernement, contrairement à certains autres pays africains, le Gabon ne reçoit que la part congrue de ladite aide. Soit 8 milliards de FCFA seulement. Une façon indirecte de dire que de toute façon le pays s’en passerait volontiers, si jamais le Conseil européen venait à approuver la résolution des parlementaires.
De "non-événement" à la panique générale
Si Alain Claude Bilié By Nzé minimise la portée des sanctions préconisées par les Eurodéputés, il reste que la valse des réactions enregistrées à la suite de cette résolution renvoie un autre signal. Elle traduit une certaine « panique » du pouvoir, surtout quand on voit les sorties intempestives du Parti Démocratique Gabonais, des Sénateurs, et quelques autres partis alliés de la majorité présidentielle, qui dénoncent tous une ingérence inacceptable. Mieux, ils accusent l’UE d’instrumentalisation et de vouloir déstabiliser le pouvoir de Libreville. L’exemple parfait du tumulte suscité, il y a quelques années par le livre du journaliste français, Pierre Pean. Alors qu’au départ on avait considéré que ce livre n’était rien d’autre que de l’affabulation, un non-événement, les réactions qui ont suivi ont fini par faire du non-événement un événement. Au point qu’on a même organisé des marches de protestation contre l’ingérence française. Et c’est cette propension du pouvoir à vouloir répondre à tout, comme une réponse du berger à la bergère, qui confère aux non-événements un relief hautement important.