Libreville – L’Union nationale (UN), l’un des principaux partis de l’opposition gabonaise a soufflé vendredi dernier sur ses 7 bougies, occasion pour ses cadres et militants de célébrer les 7 ans de la difficile existence du parti dont l’ambition est de parvenir à l’alternance au pouvoir incarné depuis près d’un demi-siècle par le parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1968).
L’histoire de l’Union nationale se confond un peu à l’histoire du Gabon de l’après Omar Bongo Ondimba. Le parti a en effet été créé dans l’ambiance de la succession à Omar Bongo qui a dirigé le Gabon de 1967 jusqu’à sa mort le 8 juin 2009. Ses adversaires politiques (Pierre Mamboundou, opposant historique) et certains de ses compagnons se sont lancés dans une folle course à sa succession à travers l’élection présidentielle anticipée d’août 2009.
La victoire à ce scrutin d’Ali Bongo Ondimba, fils du président défunt, a été comme un os bloqué à la gorge de certains leaders dont d’anciens candidats à ce scrutin. Pour contrer le nouveau maître du palais du bord de mer, une solide coalition sinon un front de la contestation se forme et André Mba Obame, arrivé 3ème au scrutin d’août 2009 (selon les résultats officiels), prend les commandes de cette contestation.
Il manœuvre habilement et réussi à créer le 10 février 2010 l’Union nationale, présenté comme le « parti unique » de l’opposition. Il s’agit en fait d’une fusion du MAD de Pierre Claver Zeng Ebome avec Jean Eyeghe Ndong, du RNR de Gérard Ella Nguema avec Jean Ntoutoume Ngoua et de l’UGDD de Zacharie Myboto avec Paulette Missambo, Casimir Oye Mba et André Mba Obame.
Signe d’un accouchement douloureux, la présidence du parti est confiée à Zachary Myboto. Il sera secondé par une constellation de vice-présidents. Quatre au total. André Mba Obame se taille le poste de Secrétaire exécutif pour un mandat de 4 ans. Question, probablement de bondir à la présidence du parti 4 ans plus tard afin de briguer le fauteuil présidentiel en 2016 sous le label Union nationale.
Le premier coup dur pour le parti intervient 3 mois seulement après sa fondation. Le 19 mai 2010, Pierre Claver Nzeng Ebome, membre fondateur et vice-président du parti décède brutalement. Porté par la ferveur populaire et une vague anti-Bongo, le parti résiste à ce choc.
Le plus dur intervient le 26 janvier 2011 soit onze mois après. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Jean François Ndongou prononce la dissolution du parti pour avoir « violé gravement la Constitution ». Son secrétaire exécutif qui revendique sa victoire à l’élection présidentielle du 30 août 2009 décide de prêter serment en qualité de président de la République et forme un gouvernement parallèle.
Craignant d’être arrêtés la direction du parti trouve refuge au siège du PNUD à Libreville. Cet exil forcé durera 3 mois. Malgré leur « libération » avec les bons offices de l’ONU, les dirigeants de l’Union nationale accusent le coup. Ils sont affaiblis par la dissolution de leur formation politique. André Mba Obame tombe malade. Il lutte entre l’Afrique du sud, la France et d’autres pays pour sa survie humaine. Les autres cadres continuent la lutte pour la réhabilitation du parti qui intervient au début de l’année 2015.
Le parti réhabilité doit à nouveau faire face à une autre épreuve. Une bourrasque. Très dure. La mort de son très populaire et influent Secrétaire exécutif. André Mba Obame s’est éteint le 12 avril 2015 à Yaoundé au Cameroun. La triste nouvelle suivie d’une vague de sympathie pour les idéaux de cet ancien enfant chéri du pouvoir qui a parfaitement réussi son passage du pouvoir à l’opposition redonne du tonus au parti. Mais l’absence d’AMO (André Mba Obame) se fait lourdement sentir à l’approche de l’élection présidentielle de 2016. Le parti tâtonne à positionner un candidat. Le congrès ordinaire s’achève sans une décision ferme de participer à la compétition.
C’est finalement à la veille de l’ouverture de la campagne électorale qu’un congrès extraordinaire jette Casimir Oyé Mba dans la course. Un peu trop tard car les autres candidats ont plusieurs longueurs d’avance sur l’occupation du terrain.
La mort dans l’âme, Zachary Myboto, président de l’UN sacrifie son candidat et arrache nuitamment, dans sa résidence, l’accord qui fait de Jean Ping le candidat unique de « l’opposition ». Ainsi donc, le parti le mieux structuré de l’opposition ne présentera pas un candidat jusqu’au bout. Et pour tant dans sa courte campagne électorale Casimir Oyé Mba a tenté de séduire en répétant que « cette fois-ci même si c’est le pape qui me demande de retirer ma candidature, je lui demanderai à mon tour de retourner chez lui à Rome ». Une idée forte pour conjurer sa volte-face d’août 2009 lorsqu’il s’était retiré subrepticement la veille du vote.
7 ans après sa difficile existence, l’Union nationale est à nouveau à la croisée des chemins. Participera-t-elle ou pas aux élections législatives de juillet prochain ? Une autre équation très difficile.