Depuis plusieurs jours maintenant, le portail de l’Université Omar Bongo de Libreville est fermé, l’administration et les cours paralysés par un mouvement de grève du personnel administratif et des enseignants membres du Syndicat national des enseignants et chercheurs, Snec. Mais, toujours pas de négociations avec la tutelle, Rectorat et Ministère de l’Enseignement supérieur. Comme si la situation semblait les arranger tous deux.
Certes, le budget alloué à l’Enseignement Supérieur et à la recherche dans le pays est infiniment minime comparé à celui de la Défense par exemple, mais il pourrait, malgré tout, subvenir à une bonne partie des besoins si et seulement si il était utilisé à bon escient. C’est ce que semblent dire les enseignants et chercheurs, ainsi que les personnels administratifs de l’Université Omar Bongo à leurs responsables, si l’on s’en tient aux messages que l’on lit sur des banderoles à la devanture de la cité universitaire par ces temps de crise. Ce jeudi 9 février 2017, on avait l’impression que le mouvement gagnait en intensité au vu de la multitude de barricades érigées depuis le portail jusqu’au cœur de l’institution pour non seulement empêcher l’accès du campus aux véhicules, mais aussi faire entendre du mieux qu’ils peuvent leur voix.
Dans une grève déclenchée pour non-paiement de primes notamment. Grève à l’occasion de laquelle la tête du Recteur est mise à prix comme si les grévistes avaient vent d’une sordide affaire de droits détournés. Si cela en était le cas, le Professeur Marc-Louis Ropivia serait-il le seul à payer ou faut-il aller chercher les responsables jusqu’à la cime de l’arbre, c’est-à-dire au Ministère de tutelle ? Le contexte s’y prêtant, Ali Bongo Ondimba ayant consenti, à l’instar de son homologue camerounais Paul Biya, de s’en prendre désormais aux agents indélicats de l’Etat. Le comble ici, c’est que c’est l’avenir de plusieurs milliers de futurs cadres Gabonais qui est menacé, celui du pays avec. D’où la question de savoir comment la hiérarchie peut-elle garder le mutisme le plus total devant pareille scène si elle pense du fond de son cœur que l’Education est le fondement du développement, surtout par ces temps de mondialisation où il est plus qu’impérieux de se servir de l’exemple d’autrui pour penser ses schémas ?
Et pourtant, il existe des pistes de solutions !
Elle gagnerait, à notre humble avis, à communiquer en ouvrant des discussions avec les grévistes dont les revendications sont, on ne peut plus, fondées, vu qu’elles sont pour la plupart inscrites dans des doléances antérieures auxquelles la hiérarchie avait déjà promis apporter des réponses positives. Or, ce que l’on observe, c’est qu’aussi bien le rectorat que le Ministère de l’Enseignement Supérieur se murent derrière un silence qualifié par plusieurs langues de coupable, laissant le mouvement gagner en intensité et faisant courir aux étudiants le risque d’une année blanche, même si ici elles sont, les années blanches, évitées de justesse tous les ans.
Et si, permettez que je vous chahute, l’on procédait à l’arrêt des cours pendant une année académique pour tout remettre en surface et tenter de régler ce qui le peut et qui parait par sa sensibilité être primordial avant que de reprendre le chemin des amphis du bon pied ? Folle idée me direz-vous, même si dans les tréfonds, il y en a qui pensent qu’elle mérite d’être posée sur la table, car il ne sert à rien de revenir tous le temps sur les mêmes braises sans émettre le vœu de les éteindre pour de bon. Je sais que cette solution serait très vite balayée du revers de la main par ceux à qui la crise profite !
Au nom de la République et des valeurs qu’elle devrait incarner, unissons nos efforts pour éviter à la première de nos institutions universitaires la débâcle. Ceci passant inéluctablement par l’assainissement des esprits qui lui font tant défaut. Y compris dans le temple du savoir qu’est l’UOB très mal en point depuis des lustres déjà par la faute des hommes souvent. Et ce ne sont pas les descentes incessantes des forces de l’ordre violant les textes sur les franchises universitaires qui seront à nouveau sollicitées pour non pas trouver solution aux problèmes posés, mais plutôt envenimer les rapports entre la tutelle et les personnels grévistes qui pourraient être sous peu suivis par les étudiants au motif qu’ils auraient du mal à supporter de nouveaux retards dans le règlement de leurs bourses et le fait qu’ils soient poussés à l’oisiveté à cause du mouvement de grève actuellement observé au sein de l’institution.