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Jean Ping : «Nous prenons notre destin en main»
Publié le vendredi 10 fevrier 2017  |  Gabon Review
Conférence
© AFP par STEVE JORDAN
Conférence de presse du leader de l`opposition gabonaise Jean Ping
Libreville le 2 Septembre 2016. Conférence de presse du leader de l`opposition gabonaise Jean Ping à sa résidence
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Intervenant sur les thèmes de l’actualité gabonaise, la résolution de l’UE, les dialogues politiques et les perspectives politiques, économiques et sociales, le leader de la coalition de l’opposition s’en est ouvert à la presse locale, le 7 février dernier. Avec une détermination visiblement inaltérée, il croit fermement à l’exécution de sa feuille de route pour prendre le pouvoir, le vote de la résolution de l’UE faisant, selon lui, partie de la démarche. Plutôt qu’en trois parties tel que promis, ci-après l’essentiel de l’entrevue.

Au lendemain de l’adoption de la résolution de l’Union européenne on vous a entendu vous féliciter de cette adoption. Par contre des réactions ça et là, certains trouvent que cette résolution est un échec de votre diplomatie, car les parlementaires européens n’ont pas été aussi fermes que l’ont été l’Onu et la Cedeao pour le cas de la Gambie ?

Comparaison n’est pas raison. Nous sommes dans des situations qui sont très différentes. En Gambie comme vous le savez, il y a la Cedeao qui marche et la CEDEAO marche mieux que l’Union africaine. Dès qu’une crise se déclenche, la Cedeao se met en mouvement. Vous avez vu qu’en Gambie, immédiatement après il y avait les bateaux Nigériens au large de la Gambie, les Alfa-Jet qui sillonnaient le ciel Gambien et l’armée du Sénégal prête à encercler la Gambie. Et le représentant de L’ONU là-bas s’est déclaré. Il s’est déclaré en faveur de Monsieur Adama Barrow. Les situations sont très différentes ici. Ce qui est sûr c’est que premièrement, l’Union européenne n’est pas tombée du ciel.

L’UE a été appelée par le gouvernement, par Monsieur Ali Bongo et a signé avec Ali Bongo un accord. C’est en vertu de cet accord que l’UE est venue ici faire le travail qui devait être fait. Et puis une résolution que vous connaissez a été adoptée, cette résolution reconnait que clairement que c’est moi qui ai gagné les élections. Je suis légitime et Ali est illégitime. Je ne sais pas si vous pouvez trouvez mieux que ça. L’autre conséquence est que vous entendez Billie By Nze menacer l’Union européenne, vous l’entendez vociférer, vous entendez des parlementaires pousser des cris, vous entendez ici et là des gens qui s’offusquent de la résolution de l’Union européenne. S’ils s’offusquent, c’est que c’est eux qui ont des problèmes, pas moi.

Monsieur le président, toujours réagissant sur cette adoption, vous avez dit que le peuple disait qu’il ne vous entendait plus, qu’il ne vous voyait plus. Et vous avez dit que vous allez sortir, vous allez occuper la rue. Quelle est votre stratégie pour vous installez au pouvoir, car il est clair aujourd’hui que l’Union européenne vous a reconnu comme président de la République élu après les élections du 27 aout 2016 ?



Vous savez que nous avons tenu un dia- logue. Au cours de ce dialogue nous avons fait le dérouler complet de notre action. En commençant justement par les questions de nos partenaires internationaux que nous avons continué à respecter. L’Union européenne fait partie de ces partenaires inter- nationaux. Et nous avons dit qu’à partir de là, nous avons un dérouler que vous devez connaitre. Nous avons mis en place tout ce qu’il faut pour un programme de gouverne- ment qui a été adopté, qui est clair. Nous avons les organes qui ont été mise en places. C’est-à-dire que nous pouvons gouverner immédiatement. Mais il y a des ban- dits qui nous empêchent de prendre notre place. Vos amis là qui tournent en rond, qui non seulement sont illégitimes, qui ont triché et qui ont été pris la main dans le sac. Ce qui est très grave. Vous voyez ils sont là, ils gouvernent par la force. On tue les gens tous les jours, on ne peut pas manifester, on ne peut pas bouger. On assassine les gens tous les jours, les charniers sont découverts tous les jours. Voilà ! Mais nous nous avançons, nous avançons. Je peux vous dire que nous avons notre dérouler et nous le suivons sans problème. Sans se préoccuper des gesticulations et des manœuvres des autres.

Frederik Willem de Klerk et Nelson Mandela étaient pourtant radicalement opposés, mais ils ont fini par trouver un minimum commun pour créer la nation Arc en ciel. Cette leçon de l’histoire ne pourrait-elle pas servir au Gabon ? Pourquoi ne pas vous entendre avec Monsieur Ali Bongo pour un dialogue ?

Absolument, je vous l’ai dit. Mandela s’est entendu avec De Klerk pour qu’il parte. Je suis donc prêt à m’entendre avec eux pour qu’ils partent. C’est simple ! Mandela était resté 27 ans en prison, tant que la condition n’était pas réunie : redonner la souveraineté au peuple, il n’a pas accepté un dia- logue. Il l’a accepté lorsque le pouvoir en place avait accepté de laisser la voix au peuple et à la majorité du peuple. Je suis prêt à cela. C’est ce que je vous dis depuis le début. Lorsque nous vivons dans un même pays on ne peut pas vivre ensemble en ressassant sans cesse les haines. Il faut à un moment donné se voir et parler claire- ment. Ce n’est pas en confisquant le pou- voir par la force, en massacrant, en tuant…les fosses communes on les retrouve tous les jours. Et vraiment vous croyez qu’un monsieur, parce qu’il détient la force, peut massacrer tout un peuple et nous dire que l’on doit s’asseoir dessus et dialoguer ? Je dis non ! Cela ne doit pas se passer comme ça !

En faisant le tour de l’intérieur du pays, nous nous rendons compte que vos partisans ne savent pas qu’elles sont les résolutions prises lors de votre dialogue ! A quoi est dû ce manque de communication de votre coalition avec l’intérieur du pays ?

C’est une question très importante. Il y a deux explications à cela. La première chose, il y a une confiscation des médias publics par l’État. Tout ce que nous faisons ne va pas à l’intérieur du pays, car les médias sont confisqués par des voyous. Les mêmes voyous qui pilent, qui tuent, qui gouvernent par le fer, le feu et le sang. On ne peut pas nous entendre à l’intérieur du pays. Nous devons donc utiliser d’autres moyens. Moi je suis en harmonie totale avec la population gabonaise. Donc je n’irais pas à ce dialogue.

C’est la raison pour laquelle nous allons faire le tour des capitales pour que les populations connaissent les résultats de notre dialogue, notre feuille de route et sur- tout pour qu’elles ne se disent pas où est Ping ? Que dit Ping ? Nous allons nous rendre sur place pour pallier cette insuffisance médiatique. Cela fait parti de notre programme d’actions, qu’ils s’agissent de Libreville ou de l’intérieur du pays. Nous ne nous occupons pas de ce que font les danseurs, de ceux qui ne pensent qu’à utiliser l’argent de l’État pour s’amuser. Nous, nous faisons notre travail.

Monsieur le président vous avez été très clair, vous n’irez pas au dialogue. Pensez vous que votre absence va servir à discréditer et à fragiliser la nature même de ce dialogue imposé par Ali Bongo?

Concernant le dialogue, il y a des dia- logues. Nous avons tenu notre dialogue. Vous-mêmes vous connaissez les conclusions de notre dialogue. Ces conclusions sont claires y compris la question que vous avez posée, quelle est votre feuille de route ? Cette feuille de route a été parfaitement déclinée pendant ce dialogue et nous la suivons pas à pas. Maintenant vous parlez du dialogue de l’imposteur. Pour tenir un dia- logue du genre de celui qu’il propose, il veut que nous y soyons tous. C’est clair, vous savez que la population gabonaise ne veut pas de ce dialogue et surtout ne veut pas que nous y participions. Ils disent clairement que si Monsieur Ping va à ce dialogue, c’est qu’il a trahit et nous viendrons bruler chez lui. Moi je suis en harmonie totale avec la population gabonaise. Donc je n’irais pas à ce dialogue. C’est clair je n’irais jamais à ce dialogue. Ils le savent d’ailleurs, alors, ils essayent tout autour d’aller chercher du monde, d’aller à la pêche. Ils disent avoir une cinquantaine de partis avec eux. Qu’ils prennent tous les partis qu’ils veulent. Nous, nous sommes là, nous n’irons pas au dialogue et l’équipe qui est avec moi est claire. Nous n’irons pas à ce dialogue et il ne donnera absolu- ment rien. Nous ferons le nécessaire pour rétablir la crédibilité du Gabon.

C’est eux qui insistent à tout prix pour que je vienne au dialogue. Ils vont voir tous nos leaders pour qu’ils aillent au dialogue. Ils les supplient de venir au dialogue. Parmi les leaders de la coalition, ceux qui ont participé au vote avec moi, personne n’a accepté, ils ont tous refusé. Alors ils vont chercher les petits poissons, pour dire nous avons 50 partis. Bientôt ils diront qu’ils ont 59 sur 50 partis politiques avec nous. Mais qu’ils aillent avec le menu fretin. Nous nous n’irons pas à un tel dialogue. Mais si il s’agit des questions claires telles que restituer la souveraineté du peuple, d’accepter les résultats des urnes et d’organiser la transition, nous sommes prêts alors à respecter tous nos engagements. Y compris agir comme Mandela.

Monsieur le président, la crise politique actuelle pèse sur l’économie gabonaise. Aujourd’hui les investisseurs craignent de venir s’implanter au Gabon et entre temps, ce sont des milliers de jeunes gabonais qui sont au chômage. Quelles mesures envisagez- vous pour sauver l’économie gabonaise ?

Vous venez de le dire, aucun investisseur ne peut venir au Gabon dans les circonstances actuelles. Le pays ne marche pas. Le pays est en ruine. Le pays est en crise Aucun investisseur normal ne viendra. Vous savez que c’est le pétrole qui constitue l’une de nos principales ressources, vous savez que Shell a vendu ses actifs. Total est en train de vendre comme Shell. La plupart des compagnies pétrolières partent. Même Maurel et Prom qui, semblait-il est leur entreprise, va. Tout le monde s’en va. La situation économique est donc très grave. Il faut rétablir la stabilité économique du pays. Nous, nous disons aux entreprises étrangères que nous sommes prêts, non pas à envoyer des redressements fiscaux comme font ceux là. Nous nous passons des accords avec ces entreprises pour rétablir le climat des affaires, pour rétablir la sécurité des investisseurs. Nous demanderons à la communauté internationale, notamment à l’Union européenne de réunir les bail- leurs de fonds pour que l’on nous considère comme un pays sinistré et qu’on nous vienne en aide. C’est ce que la Centrafrique a fait. Nous rappelons que la Centrafrique a eu des moyens colossaux pour régler une situa- tion chaotique et dangereuse. Nous sommes aujourd’hui dans cette même situation. Nous sommes dans une situation chaotique. Nous ferons le nécessaire pour rétablir la crédibilité du Gabon. Pour que les gens comme Bilié By Nze ne menace plus de quitter l’Union européenne comme s’il avait la possibilité de le faire. Vous n’avez qu’à dire à ces gens, ceux qui vocifèrent qu’ils quittent l’UE.

Monsieur le président, un bilan de la Can pour vous qui avez travaillé dans l’administration et qui êtes, permettez nous l’expression, devenu opposant ?

Nous n’avons pas voulu nous prononcer sur la question de la Can depuis le début. Vous avez dû le remarquer. Parce que nous avons estimé que la CAN est une fête de la CAF qui comprend plus de 50 états et que nos querelles internes ne doivent pas prendre le pas sur cet évènement. Les dépenses de la CAN ? Les dépenses de la CAN sont supérieures à toutes les dépenses cumulées de l’Éducation nationale, de la Santé, du Logement etc. Si vous additionnez tout ça, vous verrez que ça équivaut même à l’investissement mis en place pour la CAN. Est-ce que vous trouvez ça normal pour un pays qui connaît cette crise actuelle, un pays qui connaît la misère, où il n’y a pas de travail, où les entreprises sont à la rue et vous ne pensez qu’à danser, à fêter…C’est quelque chose que les gabonais n’acceptent pas. C’est la raison pour laquelle vous avez vu les gabonais se réjouir de la défaite de leur propre équipe. C’est très significatif : on n’est pas d’accord avec ça! Nous avons dépensé d’après ce qu’ils disent eux mêmes plus de 460 et quelques milliards de FCFA pour la CAN de 2012. Pour cette Can, un investissement similaire. Nous ne sommes pas très loin des 1000 milliards dépensés, pendant que le peuple meure. Mais ça ne s’arrête pas là…on continue avec Amissa, la Can des juniors etc. Croyez-vous que ces gens sont des personnes équilibrées ? Des personnes équilibrées peuvent-elles faire ce genre de choses ? Demandez-leur comment le stade de Port-Gentil a été financé ? Il a été financé par la Chine sur un prêt. C’est à dire que ce prêt là fera parti de la dette. Qu’ils racontent tout ce qu’ils veulent raconter, nous nous sommes déjà fixés. On est allé chercher une mascotte, une pan- thère qui a couté presque 2 milliards.

Le FMI a annoncé une mission d’audit sur les salaires de la fonction publique. Ne pensez-vous pas que le gouvernement va profiter de ce rapport pour décider de la baisse des salaires tel qu’il le prévoit ? Dans un tel cas, que pouvez-vous dire aux fonctionnaires ?

Je n’ai pas de conseils à donner aux fonctionnaires gabonais, ils savent ce qui se passe. Ils sont déjà en grève. D’abord les salaires, je ne suis pas sur qu’ils seront payés. Vous pouvez réduire les salaires mais si même les salaires réduits, vous ne pouvez pas les payer c’est qu’il y a problème. Et toute la fonction publique est en grève. Ceux qui vont dans les bureaux, ils ne travaillent pas, ils attendent. C’est le piège qui se referme constamment autour de ces gens là. On dit que le piège oublie l’oiseau mais l’oiseau n’oublie pas le piège.

Et pour finir ?…

Je crois qu’il faut que je vous remercie, car vous avez accepté cet exercice. Vous m’avez posé les questions les plus difficiles, les plus délicates. J’y ai tenté de répondre avec sincérité. Je voudrais vous dire une chose : il est impossible dans un pays de penser que vous allez continuer à gouverner par le fer, le sang et le feu et de penser que vous survivrez comme ça. Nous pensons que le nombre de morts découverts dans les charniers, et ceux découverts récemment, avoisinent les 150 morts. Sans compter ceux que nous avons retrouvés auparavant. La vérité finira forcément par sortir. Comment pensez-vous qu’un régime peut continuer comme ça ? Indéfiniment, sans même songer à faire son mea culpa ? Le sang des gabonais crie vengeance. Ce n’est pas que nous voulons nous venger, mais nous entendons le sang des gabonais crier vengeance. Il faut qu’ils s’apprêtent à trouver des cachettes bien préparées. A bon entendeur, salut !

Alain Mouanda
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