Faustin Boukoubi, celui qui, malgré les perfides stratagèmes qui lui avaient été tendus lors du dernier congrès du PDG, s’est maintenu au poste très convoité de secrétaire général de la formation politique au pouvoir, est à la peine pour ne plus avoir sa marge de manœuvre d’antan. Il s’en est plaint à ses ouailles, par courrier.
Après s’être donné le courage et fourni l’effort d’assumer son poste de secrétaire général du PDG, «nouvelle formule», sans se plaindre et en jouant la carte du «tout est au mieux dans le meilleur des mondes possibles», Faustin Boukoubi, député de Pana, a décidé de rompre avec le faux-semblant dans lequel il baignait, de se montrer franc avec lui-même et envers ses camarades du part, surtout les ressortissants du département de la Lombo Bouenguidi qui continuent de le croire «tout-puissant» au sein du système au pouvoir.
En effet, dans une lettre datée du 24 mars dernier aux contenances, à peine voilées, de déballage et menée sans langue de bois avec toute la franchise que lui reconnaissent les plus objectifs de ses camarades, selon sa propre expression, Faustin Boukoubi, l’arrogant secrétaire général du PDG des années 2009-2011, a reconnu la faiblesse qui est désormais la sienne malgré position au sein du parti politique le plus puissant du Gabon. Un poste qui ne lui permet plus de peser, comme avant, de son poids pour obtenir des faveurs ou des pistons pour ceux de sa circonscription politique qui en ont besoin.
«Comme je me suis efforcé de le faire quasiment tout au long de ma vie professionnelle, je continuerai d’apporter mon soutien à ceux qui pourraient en avoir besoin, tant dans le cadre de la formation, la recherche d’emplois que les promotions éventuelles», écrit Boukoubi démontrant par la même que sa position au sein du PDG offrait du travail et bien d’autres avantages aux siens. Et de poursuivre, reconnaissant qu’il a perdu de sa superbe, «force est de reconnaître que ma position actuelle réduit ma marge de manœuvre, dans ce sens que je ne peux plus agir qu’indirectement, à travers des décideurs qui veulent bien me rendre des services». Comme quoi, il garde encore quelques camarades pouvant avoir de la compassion pour lui. Mais, «ces personnalités reconnaissantes et généreuses paraissent de moins en moins nombreuses, car elles ont leurs propres préoccupations et d’autres personnalités plus importantes à satisfaire». On pourrait déduire que le secrétaire général du PDG reconnait là que les que les nouveaux promus, lors du dernier congrès, aux postes clés de l’ancien parti unique, ne se réfèrent qu’au président de la formation politique et président de la République.
Mettant en évidence un découragement qui tue son ambition personnelle au plan professionnel ou politique, Faustin Boukoubi n’a pas hésité, dans sa confession, à exhorter ses compatriotes à rechercher les opportunités de promotion auprès d’autres connaissances susceptibles de les aider. «N’hésitez pas, utilisez toutes vos connaissances, amis ou parents, capables de vous avancer. Aussi bien maintenant que dans mes vieux jours, j’apprécie sincèrement et j’admirerai toujours, le cœur en joie, le rayonnement de ceux qui parviendront», a-t-il déclaré. Comme quoi, au «grand parti des masses», il n’y a pas de mérite qui vaille pour l’obtention d’un avantage social ou professionnel, il faudra encore et longtemps utiliser les amis et connaissances, les pistons, les passe-droits et autres cooptation sur la base des affinités.
Cet aveu partagé avec ses frères et sœurs du département de Lombo Bouenguidi de manière simpliste laisse penser à une disgrâce difficile à assumer et qui ronge progressivement celui qui devrait être le patron de Louis, quartier de Libreville abritant le siège du PDG. L’objectif visé par cette lettre-confession, qui circule depuis bientôt une semaine n’est-il pas de faire d’amener, par la lamentation, le Distingué camarade, Ali Bongo Ondimba, à un peu de compassion vis-à-vis de son auteur ?
L’«ambition» étant sortie de son lexique, Faustin Boukoubi aura-t-il le courage de mettre un terme au supplice qu’il endure depuis un bon moment et qui en faisait, bien avant le 10e congrès ordinaire du PDG en avril 2013, quelqu’un dont les nouveaux ténors du pouvoir se contrefichaient et qu’il fallait écarter. Malgré qu’il soit touché en son tréfonds, l’homme, on peut en être assuré, ne se démarquera jamais des autorités en place à l’exemple de Jean Ping et Jacques Adiahénot. Alors qu’il était annoncé partant de son siège de secrétaire général, Faustin Boukoubi avait en effet déclaré, lors de la cérémonie d’ouverture du congrès d’avril 2013 : «Quelle que soit la décision que vous prendrez dimanche, je resterai un militant fidèle du PDG auquel je dois tant».