Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment
Accueil
News
Société
Article
Société

Aide au développement : Le Gabon peut-il se passer de l’UE ?
Publié le mercredi 8 fevrier 2017  |  Gaboneco
Vue
© Getty Images par DR
Vue aérienne de Libreville
Comment


Divisées par des tensions d’ordres politico-diplomatiques, les relations entre le Gabon et l’Union Européenne (UE) tendent à prendre un coup. Mettant en avant sa souveraineté, le Gabon refuse de se voir dicter un mode de gouvernance par les eurodéputés. Surtout pas par l’UE. Dans la foulée de ce refus, le pays dirigé par Ali Bongo Ondimba envisage même d’examiner les contours de l’Accord de Cotonou. Accord dans lequel le Gabon dit ne pas trouver son compte.
Les relations diplomatiques entre le Gabon et l’Union Européenne (UE) ne sont plus au beau fixe ! Et pour cause une résolution récemment adoptée par les eurodéputés, suite aux violences post-électorales d’août dernier, entache la légitimité de l’actuel Président de la République gabonaise, Ali Bongo Ondimba. La même résolution qualifie le dernier scrutin présidentiel de « non transparent et hautement douteux » et invite par la même voix, le Gouvernement gabonais à « mener une réforme approfondie et rapide du processus électoral pour l’améliorer et le rendre pleinement transparent et crédible ».

Une résolution mal accueillie par les tenants du pouvoir qui invitent le parlement européen à se ressaisir car indique le porte-parole du Gouvernement, Alain Claude Bilie By Nzé, « rien ne leur donne le droit de décider de qui est démocrate et qui ne l’est pas, et rien ne leur donne le droit non plus de distribuer des bons points aux peuples africains ». Lors de sa dernière conférence de presse, le membre du Gouvernement a ajouté « le Gabon est un Etat souverain qui exerce pleinement ses droits ». Lassé de cette prise de position, de cet « acharnement sans précédent » contre le Gabon, le Gouvernement envisage de revisiter certains accords en cours notamment celui de Cotonou adopté en 2000.

Concrètement, si le Gabon manifeste son désir de ne plus faire partie de cet accord, poussé par les tensions nées de la résolution, c’est en partie à cause de la part infime qui lui est réservée dans le cadre du Fond Européen de Développement (11eFED). Sur les fonds prévus par l’UE pour les pays africains, le Gabon ne perçoit que 8 milliards de francs CFA dans le cadre du 11e FED contre plus de 25 milliards de francs CFA dans le 10e FED. Un montant huit fois inférieur au plus petit montant perçu par d’autres pays africains.

Alain Claude Bilie By Nzé parle de « part congrue » et traduit la volonté du Gouvernement « d’examiner les suites à donner à une coopération au nom de laquelle certains voudraient s’arroger le droit de distribuer des bons points et les certificats de démocratie ». Pour autant, le Gabon peut-il se prévaloir d’un tel privilège ? Si le pays parvient à concrétiser cette volonté, quelles pourraient en être les conséquences ?

L’UE, un acteur essentiel pour le Gabon ?

Le point central de naissance des relations bilatérales entre le Gabon et l’UE est l’accord de Cotonou, signé en 2000 au Bénin et révisé en 2005. L’accord qui touche plusieurs aspects de la vie politique, économique, sociale, commerciale et financière du Gabon a permis durant des années, au pays de bénéficier d’opportunités dans plusieurs domaines. Plus axé sur le développement endogène dans toutes ses formes, le partenariat a par exemple permis à l’UE de s’illustrer au Gabon, sur la base du FED, dans des projets multiples liés à la formation professionnelle, la construction d’infrastructures scolaire, routier, de santé, l’agriculture et l’environnement. Au Gabon, suivant une logique d’aide au développement, l’UE concentre son appui dans des secteurs à fort caractère sociale dans une large majorité et économique dans une moindre mesure.

Vecteur essentiel de développement, la formation technique et professionnelle fait partie de ces secteurs pour lequel l’appui multiforme est plus fréquent. L’objectif de l’organisme est d’accompagner le Gabon dans sa diversification économique et la création d’emploi. Et cela passe d’abord par la formation. Au niveau national, c’est la Cellule d’Appui à l’ordonnateur National du FED (Caon-FED) qui chapeaute les projets de l’organisme.

Mais au Gabon, l’UE n’est pas qu’un partenaire social, c’est aussi un partenaire économique dont la mission a été centrée sur le développement de l’économie nationale avec l’adoption d’un accord de partenariat spécifique au développement du commerce extérieur. C’est d’ailleurs l’Accord de partenariat économique (APE), objet de toutes les supputations qui est le texte fondateur de cet élan, selon l’UE, l’une des alternatives qui permettraient au Gabon de garantir le libre accès au marché européen pour tous ses produits et pour une période illimitée. Pas donc étonnant qu’en juillet 2016, à l’occasion de la 15e session du comité ministériel de négociation de l’Accord de partenariat économique (Comina), le Gabon s’est dit conscient de la plus-value que cet accord apporte pour les « outils de politique fiscales et douanière ».

Si le Gabon et l’UE échouent dans l’émancipation de leur coopération en raison d’un climat politique trop tendu, cela devrait sans risque de se tromper, impacter négativement sur l’ensemble des accords que les deux pôles sont jusqu ’ici parvenus à mettre en place. Pour l’UE, cela pourrait être envisagé comme une sorte de solution face au rejet des autorités gabonaises de prendre en compte la résolution adoptée par les eurodéputés. De cette position pourrait alors naître des sanctions. Cela ne pourrait malheureusement pas profiter au Gabon qui paie les frais d’une crise économique aigüe qui perdure et dont le sort est également dépendant des partenaires comme l’UE.

Michaël Moukouangui Moukala
Commentaires


Comment