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Justice : « ( …) le procureur général et madame le premier président de la cour d’appel ont reçu des instructions du ministre de la justice de nous déguerpir de la salle du palais de justice », dixit Germain Nguema Ella
Publié le mardi 7 fevrier 2017  |  Gaboneco
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L’affaire fait grand bruit. Selon le Procureur Général et le Premier Président de la Cour d’appel, le Ministre de la Justice a décidé d’user de la force pour chasser les magistrats présents au piquet de grève sis palais de justice. Réaction immédiate du bureau du Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag). Le Synamag estime que cet acte aura de lourdes conséquences dans le pays. Interview.
Gaboneco (Ge) : Mr le président depuis longtemps vous êtes en grève. Qu’en est-il de la décision du ministre de la justice d’envoyer les forces de l’ordre déguerpir les magistrats ?

Germain Nguema Ella (GNE) : Je suis étonné de cette information et de cette réaction. Il y a eu une Assemblée Générale vendredi dernier. Les collègues nous ont fait savoir que le Procureur Général et madame le Premier Président de la Cour d’appel ont reçu des instructions du Ministre de la justice de nous déguerpir de la salle du Palais de justice ou nous avons notre piquet de grève. Comment peut-on envoyer soit des policiers ou des gendarmes nous chasser de notre lieu de travail ? La loi nous donne l’autorisation de rester au piquet de grève qui est le lieu du travail. En plus nous sommes des magistrats et nous incarnons le pouvoir judicaire qui fait partie des trois composantes de la république avec l’exécutif et le législatif. Je crois qu’emmener les forces de l’ordre nous violenter c’est assez grave et c’est de la fiction. Cela va entrainer de lourdes conséquences dans ce pays. Je doute que cela soit possible. Si cela se réalise ce sera très grave. Au nombre des conséquences, le petit service minimum qui existe va complètement disparaitre.

Ge : Mr le président quelle est la réaction des magistrats ?

GNE : Il y a une Assemblée Générale ce mardi 7 février qui concerne les magistrats de la cour de cassation. Nous allons voir comment vont réagir les chefs, (Ndlr : le Premier Président de la cour de cassation et le Procureur Général près de la cour de cassation). Donc nous aurons fait le tour de la justice au niveau de Libreville. Le tribunal a déjà eu son Assemblée Générale. Idem pour la Cour d’appel ou est tombé cette information. Le Procureur Général et madame le Premier Président de la cour d’appel sont des hauts magistrats qui ont rang de magistrats de la cour de cassation. Ils ne peuvent pas raconter n’importe quoi. Ils ne peuvent rapporter que les instructions reçus. Quand nous aurons fait le tour de toutes les juridictions, c’est-à-dire, le tribunal, la cour d’appel et la cour de cassation. Ce mercredi 8 février nous allons convoquer une grande Assemblée Générale pour décider de la conduite à tenir.

Ge : Pourquoi depuis 3 mois que vous êtes en grève, rien ne bouge ?

GNE : C’est le comble dans ce pays ! Nous sommes en grève pour rien que 6 points sur les 30 de notre cahier de charge. Les 6 points peuvent être facilement réglés. L’Etat ne nous prend pas au sérieux. On ne veut pas nous rendre digne. On aime nous voir dans cette situation de précarité qui favorise la corruption. Le judicaire est un pouvoir qui tend vers la mendicité. Nous sommes pourtant les seuls à prêter un serment de dignité. Cela signifie que nous devons avoir un comportement responsable, mais malheureusement le serment que nous prêtons n’a pas de réalité à la pratique. Il faut que le président du conseil supérieur de la magistrature, (le chef de l’état), s’implique personnellement pour régler définitivement ce problème. On ne demande pas d’aller sur la lune. On pose des problèmes pratiques et techniques. C’est le peuple qui subit. Il y a des gens en prison qui mérite de sortir. Nous demandons des bâtiments pour les tribunaux administratifs à Port-Gentil et Franceville. On affecte des magistrats la bas, alors qu’il n’y a pas de bâtiments. Comment peut-on sortir de l’Ecole supérieure de la Magistrature et rester 3 ans sans travailler. Je vous fais remarquer que la cour d’appel administrative est située au quartier kalikack, (premier arrondissement) à Libreville. Cette Cour d’Appel est dans les locaux d’un motel, c’est inimaginable ! Les magistrats se retrouvent dans un bordel. A l’étage les magistrats travaillent et en dessous continue la situation normale de cet établissement.

Ge : Mr le président est ce que le pourrissement de cette situation ne va pas entrainer une crise dans la société ?

GNE : La population commence déjà à en avoir marre. Il faut trouver une solution pour les détenus. Il y a ceux qui sont en détention préventive. Mais cela perdure, il y a forcément des innocents. Les coupables doivent savoir combien de temps ils vont être en prison. Le tribunal du travail ne peut pas travailler alors qu’il y a des licenciements massifs dans ce pays. La personne qui a perdu son boulot doit savoir si elle peut avoir de l’argent dans le cadre de la procédure engagée. Je ne parle pas du plan économique où on ne peut pas en ce moment ouvrir une société ou s’immatriculer parce que le tribunal commercial ne travaille pas. Rien n’est fait pour trouver des solutions. Nous n’avons que des promesses du Ministre de la justice. Les choses se règlent à pas de caméléon et d’escargot. C’est extrêmement triste pour notre pays.

Propos recueilli par YAO
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