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Gabon / Contexte sociopolitique : La leçon de choses de Séraphin Moundounga
Publié le lundi 6 fevrier 2017  |  Gabon Review
Séraphin
© Autre presse par DR
Séraphin Moundounga, Vice-Premier ministre, ministre de la Justice
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Fruit de saison : quelques jours après la résolution du Parlement européen sur la dernière présidentielle au Gabon, Séraphin Moundounga, ancien ministre de la Justice d’Ali Bongo, désormais indépendant, a été amené à s’épancher. La résolution du Parlement de l’UE, les pistes pour une de sortie de crise au Gabon, l’ONG créée à la faveur de sa dissidence avec le pouvoir, le dialogue prochain d’Ali Bongo, la Can 2017, la vague d’arrestations dans le cadre de l’opération Mamba… autant de sujets abordés avec l’ancien Garde des Sceaux.

Gabonreview : Le Parlement européen vient d’adopter la résolution, tant attendue par l’opposition, sur la présidentielle du 27 août dernier. Pensez-vous que cette résolution va faire bouger l’ordre politique en place à Libreville ? Si oui, à quelle échéance ?

Séraphin Mondounga : Le Parlement européen, comme je le présageais déjà depuis le processus amorcé le 12 décembre dernier à Libreville, vient de confirmer l’universalité et l’indivisibilité des droits de l’homme et notamment le droit de choisir et de révoquer librement ses dirigeants, en l’espèce le choix porté par le peuple gabonais sur le président élu Jean Ping et, conséquemment, la révocation de l’ancien chef de l’État, Ali Bongo dont la fin, de l’obstination à ne pas accepter l’expression souveraine du peuple gabonais, est irréversible et désormais imminente, à une échéance dictée par le fait qu’il est l’unique chef d’Etat sortant, africain, à être pris la main dans le sac et les doigts à la fois dans la confiture, ainsi qu’internationalement reconnu, panafricainement et internationalement, comme battu, tel que vient de le confirmer le vote quasi unanime du Parlement européen, sur saisine des observateurs européens sollicités par l’ancien pouvoir gabonais qui ainsi décidé de tomber, spectaculairement, devant tout le monde, en présence des invités étrangers et en direct à la télévision et dans les réseaux sociaux.

Il est maintenant question d’une autre procédure visant à demander au Conseil européen d’adopter des sanctions. Croyez-vous qu’elle aura le même succès que la résolution votée au Parlement européen à 553 voix sur les 647 votants ?

La résolution votée par le Parlement européen procède de l’article 9 de l’accord de Cotonou liant l’Union européenne et ses États membres aux États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique ; article dont les dispositions font de 3 valeurs démocratiques (Etat de droit, Droits de l’Homme et Démocratie) des éléments à caractère essentiel et, ainsi, dont toute violation par tout signataire de l’accord autorise les autres membres à prendre des sanctions si le dialogue politique prévu à l’article 8 dudit accord de Cotonou qui doit être engagé entre l’Union européenne, les autorités de fait ou de droit de l’Etat en cause, son opposition et sa société civile (et non ni le Dialogue national du président élu Jean Ping ni celui que préconise Mr Ali Bongo qui sollicite des prolongations comme au football) ne permet pas de mettre un terme à la violation des droits concernés et si les consultations prévues par l’article 96 du même accord de Cotonou échouent aussi. Puisqu’il s’agit d’une obligation internationale, toutes les parties sont tenues par une obligation d’appliquer tout traité ou toute convention internationale de bonne foi, en application du principe édicté à l’article 26 de la Convention de Vienne sur le droit des traités en partant du principe latin Pacta sunt servanda («Les conventions doivent être respectées»). Je ne peux préjuger de la mauvaise foi d’un partenaire, car, pour moi, sa bonne foi est présumée acquise une fois le traité signé et ratifié.

L’application de l’accord de Cotonou bénéficiera de cette application de bonne foi par la Commission de l’Union européenne, par le Conseil européen comme par les tous les États membres. Pour la paix et la démocratie au Gabon, mais aussi pour le triomphe du droit international et pour la sécurité en Europe et dans tout le monde libre, victimes collatérales d’immigrations massives et de la vascularisation du terrorisme, du fait des régimes tyranniques et d’États faillis dans l’étranger proche des grandes démocraties.


D’aucuns disent : ces différentes résolutions n’auront aucune prise réelle sur le pouvoir de Libreville. Ne pensez-vous pas qu’ils ont raison, au regard des exemples congolais ou burundais ?

D’abord, comparaison n’est pas raison. Ensuite, grâce aux sanctions européennes et internationales, le processus politique qui a failli se figer en RDC s’est décanté pour empêcher un troisième mandat anticonstitutionnel tel que désormais en bonne voie, pour que ce pays-frère puisse connaître une paix durable ; là où au Burundi la crise est née des divergences entre l’interprétation de la Constitution, prenant ou pas en compte la période de transition dans l’inventaire des mandats présidentiels eu égard à un accord politique ayant ouvert la voie à la transition de l’époque. Pour le Gabon, le cas est tout aussi différent des deux autres pays qu’il l’est de toutes les situations en Afrique subsaharienne, de tentative de fraude particulièrement inintelligente que tous les fraudeurs sont publiquement «éventrés». Les sanctions ciblées comme l’interdiction, aux membres du coup d’État politico-militaro-juridicio-constitutionnel, d’entrée dans le territoire des États membres de l’Union européenne, du survol de l’espace aérien européen ainsi que le gel de leurs avoirs et la mise sous scellés de leurs biens dans tout le monde libre, contribueront à accélérer le processus de retour à la paix au Gabon par le triomphe de la volonté populaire exprimée le 27 Août 2016 et la répartition de toutes les graves violations des droits de l’homme depuis le 31 Août et qui se poursuivent chaque jour.

Vous avez été identifié comme l’une des figures de proue du lobbying ayant amené à l’obtention de la résolution obtenue du Parlement européen. Que pouvez-vous en dire ou encore quelles ont été les actions menées ?

Ma volonté à contribuer au triomphe de la volonté souveraine du peuple gabonais est une constante de mon action politique amorcée comme Député à 26 ans et ce jusqu’à ce jour, notamment en refusant le 30 août 2016 d’alléger un imaginaire hacker des résultats électoraux pourtant non informatisés, tel que je l’avais dénoncé en publiant le même jour un communiqué sur ma page Facebook. Aussi, toutes les démarches menées par l’ONG UNITÉ, depuis son lancement à Libreville, le 5 septembre 2016, jour de ma démission et la formalisation de cette démission, le 6 septembre, ainsi que de la création effective de cette ONG le même jour, ne sont que des modestes contributions aux efforts fournis par tous les leaders politiques et ceux de la société civile pour libérer le peuple gabonais de la tyrannie et faire entendre les appels des Gabonaises et des Gabonais à être secourus par la communauté internationale, invitée à appliquer le principe de la responsabilité internationale de protéger un peuple en danger soit en raison d’accords particuliers comme l’accord de Cotonou, soit sur autorisation du Conseil de Sécurité des Nations Unies comme ce fut le cas en 2011 lorsque le Gabon, dirigé par Ali Bongo, avait voté la résolution des Nations Unies ayant sauvé le peuple libyen contre les atrocités de Mouammar Kadhafi.

En dehors du lobbying que vous menez tambour battant auprès de l’Union européenne, avez-vous d’autres solutions pour sortir le Gabon de la crise sociopolitique actuelle ; mieux, faire respecter le verdict des urnes que continue de réclamer Jean Ping ?

Il ne s’agit pas d’une seule réclamation du président élu Jean Ping . Il s’agit de faire triompher la volonté souveraine du peuple gabonais, exprimée le 27 août 2016, pour que quiconque sera désormais appelé à exercer une quelconque fonction publique, élective au Gabon, demeure à l’écoute et au service du peuple, en s’interdisant de s’en servir et de l’asservir, conscient et convaincu que le peuple qui l’a choisi est en droit de le révoquer. Aussi, le recomptage transparent de votes semble être la principale piste de sortie de crise; des alternatives pouvant être :

– la reprise partielle du vote dans les zones litigieuses du Haut-Ogooué et du deuxième arrondissement de Libreville mais sous protection internationale et sous non plus simple observation internationale mais supervision internationale ;

– la mise en place d’une transition à la durée et aux modalités à déterminer, avec quels acteurs et pour quel rôle à faire jouer – sous protection et supervision internationale – au président élu Jean Ping et au contestataire Ali Bongo qui s’agrippe quoique très cerné de partout, pour aboutir à la révision de la Constitution et un rééquilibrage institutionnel promoteur de tous les 3 pouvoirs, tout en instituant une démocratie à la fois participative et interactive, pour mieux marquer la centralité de la société civile dans tous les processus politiques destinés à promouvoir les valeurs et la prospérité pour tous. Cette transition devrait aboutir à des nouvelles élections présidentielles suivies par les législatives, si ce n’est en même temps.



Les animateurs et artisans du régime d’Ali Bongo et même certains observateurs s’étonnent de l’espoir investi par l’opposition en l’Union européenne et se demandent qu’aurait fait l’opposition si le pouvoir de Libreville n’avait littéralement pas créé cette opportunité en invitant les observateurs de l’UE à la dernière présidentielle. Avez-vous une idée de ce qu’aurait fait l’opposition sans l’investissement a posteriori de certains députés européens, à l’instar de l’Allemand Jo Leinen ou de la Bulgare Mariya Gabriel ?

Je ne peux, faute de compétence, présager ce que ferait ou ne ferait l’opposition gabonaise car l’ONG UNITÉ n’est pas au service des particularismes mais s’est mise au service du peuple gabonais pour faire triompher sa volonté souveraine et contribuer à la paix. Pour le reste, j’observe que plusieurs leaders politiques et de la société civile sont très actifs dans la conduite d’actions non violentes permettant de passer, aisément et sûrement, de la dictature à la démocratie, tel que préconisé par le Professeur Gene Sharp qui déconseille, par ailleurs, d’accepter de négocier avec un dictateur sauf si c’est pour lui ménager la piste de sortie vers un pays d’exil comme on vient de le vivre en Gambie. Gene Sharp interdit aussi des actions violentes, convaincu, comme au sein de l’ONG UNITÉ, que toutes les actions non violentes passées, actuelles et futures, menées par nous tous et par chacun partout où nous nous trouvons, vont contribuer à désintégrer la tyrannie, sans délai .

Comment pourriez-vous expliquer l’atonie actuelle de l’opposition sur le terrain purement gabonais ?

En répondant à la précédente question, il me semble que cous pouvez, en fouillant, trouver la réponse à votre présente question. Sauf si je l’ai mal comprise. Auquel cas je sollicite votre indulgence pour pardonner ma lanterne.

Sans doute révélateur de l’état moral des troupes, croyez-vous que l’appel au boycott de la Can 2017, lancée par certains leaders, notamment de la société civile, ait été suivie ?

La réponse donnée ci-haut me paraît aussi partiellement applicable ici. Pour ce qui est de la participation des Gabonaises et des Gabonais à la fête ou au deuil de la Can, en dépit des billets d’entrée qu’on leur a payés pour mieux les infantiliser, au lieu de les rendre solvables en payant leurs arriérés de salaires et primes et indemnités multiformes, nous avons tous constaté qu’on a tenté de remplir les stades avec des mineurs ainsi gravement instrumentalisés en violation des conventions internationales sur les droits de l’enfant ; le remplissage par des étrangers et immigrés clandestins promis à une régularisation massive de situation de séjour au Gabon n’ayant pas suffi.

Vous avez porté sur les fonts baptismaux, une ONG dénommée Unité. Où en est-elle ? quelles actions entreprises depuis sa création ?

L’ONG UNITÉ, lancée le 5 septembre 2016 et dont la création a été formalisée par une assemblée générale, le lendemain 6 septembre à Libreville, nous a amené à agir en son nom pour faire entendre la voix du peuple gabonais, opprimé par un tyran, devenu sanguinaire, auprès du monde libre et épris de paix et des valeurs démocratiques, en France en Belgique, en Allemagne et États-Unis, avant d’aller très prochainement au Canada et au berceau de la de la démocratie et de la République en Grèce, ainsi que partout où nous sommes soit sollicités soit admis à notre demande. Notre activité doit davantage prendre d’ampleur depuis la légalisation de l’ONG UNITÉ en France par enregistrement ayant donné lieu à une codification par les autorités compétentes françaises, avec un numéro SIREN ; ce qui confère, depuis le 27 décembre 2016, une personnalité juridique, morale, à notre ONG à tous, nous tous, les épris de paix et de valeurs démocratiques partout où nous nous trouvons dans le monde. On peut avoir plus de précisions sur l’ONG UNITÉ (Union pour la Nation, l’Intégrité, le Travail et l’Egalité) en visitant le site web www.unitegabon.com


Ali Bongo appelle à un dialogue que vous déclinez. Frederik de Klerk et Nelson Mandela étaient pourtant radicalement opposés, mais ils ont fini par s’entendre sur un minimum commun pour créer la nation arc-en-ciel. N’est-ce pas une leçon de l’histoire dont le Gabon peut s’inspirer ?

Je constate simplement que vous ne dites pas que je n’ai pas aussi participé au Dialogue national convoqué et déjà réuni par le président élu Jean Ping. Pourquoi alors participer à un Dialogue convoqué par un individu que les Gabonaises et les Gabonais ont souverainement et notoirement révoqué et dont il confirmé qu’il n’est pas légitime, par la communauté internationale, depuis les déclarations de toutes représentations diplomatiques d’États démocratiques au Gabon, jusqu’aux rapports d’observation des élections par l’UA, par la fondation américaine NDI, la mission d’observation de l’Union européenne puis désormais le Parlement européen ? On a un accord avec l’UE, l’accord de Cotonou. Il devrait être appliqué par la procédure souple du Dialogue politique de l’article 8. Nous constatons tous que la junte politico-militaire d’Ali Bongo, par le porte-voix que je ne peux nommer et par le biais d’une Chambre qui représente les collectivités locales et non pas le peuple, faute d’une Assemblée nationale élue mais au mandat prorogé par une Cour constitutionnelle qui a cessé de rendre justice au nom du peuple gabonais, que la junte politico-militaire qui écume et sévit au Gabon, refuse le dialogue politique de l’article 8 de l’accord de Cotonou. Il reste à l’Union européenne et aux États européens de passer à l’article 96. Puis, si sans nouveau résultat, aux sanctions ciblées auxquels tout le monde libre est en droit de s’associer et ce avant la mise en œuvre, sur autorisation du Conseil de sécurité des Nations Unies, du droit de la responsabilité internationale de protéger un peuple en danger, le peuple gabonais.

Last but not least, en tant qu’ancien ministre de la Justice Garde des Sceaux que pensez-vous de la vague d’arrestations dernièrement intervenue au Gabon dans le cadre de l’opération Mamba en vue de l’assainissement des finances publiques ?

Dans une tyrannie personne n’a aucun droit. Car, seul le tyran a des droits tel qu’enseigné par Étienne de La Boetie en ces termes :

– le tyran qui le devient par une élection traite le peuple comme un taureau, un buffle qu’il faut dompter ;

– le Tyran qui s’impose par les armes grâce à une guerre ou même à un coup d’Etat, traite le peuple comme un trophée de chasse, une proie, un gibier ;

– le tyran devenu tyran par hérédité ou dévolution successorale, ainsi «né et nourri au lait» sortant du sein «de la tyrannie, regarde le peuple comme composé de cerfs reçu en héritage», un troupeau d’esclaves dont le salut passe, exclusivement, par le refus, tôt ou tard, de la servitude volontaire, en désobéissant au tyran, tous et partout, jusqu’à la naissance de la démocratie sur les cendres de la tyrannie. L’article 78 de la Constitution est sans ambiguïté. Les membres du gouvernement comme les responsables d’institutions constitutionnelles, ne sont responsables des faits allégués, au moment de leur commission, d’être des délits ou des crimes, rien que devant la Haute Cour de justice, qu’il faut réunir, y compris pour toute personne concernée par lesdits faits. Mais est-ce qu’il y a État de droit dans une tyrannie puisque le peuple n’a aucun droit ? Les «collabos» actuels l’apprendront un jour à leurs dépens quoiqu’ils s’en glorifient aujourd’hui et qu’ils tentent d’intimider même des leaders et personnalités qu’ils connaissent pourtant inintimidables et insusceptibles d’être pervertis par des biens matériels et autres prébendes.
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