En décidant de suspendre les grévistes du secteur de l’Éducation nationale, Florentin Moussavou aurait «inconsciemment» ou «consciemment» pris l’option de rentrer en conflit ouvert avec ses partenaires sociaux qui promettent de durcir leur mouvement.
Désorienté, affaibli par la témérité des enseignants membres des syndicats du secteur de l’éducation nationale, le ministre de l’Éducation nationale semble perdre toute sa lucide, au point de multiplier des «bugs» dans la conduite et la prise de décision au sein de son département. Après des flops au lancement de la rentrée scolaire 2016-2017 ; la prise d’arrêtés jugé «tendancieuse», à savoir : «règlementation du régime temporaire en double flux de certains établissements de l’enseignement secondaire ; modification des horaires d’enseignement et des coefficients dans le premier cycle de l’enseignement général et sur l’implantation transitoire des classes de sixième dans certaines écoles primaires», Florentin Moussavou a décidé le 30 janvier dernier de se débarrasser des partenaires sociaux «téméraires», pour mieux faire fonctionner sa maison.
Les dernières trouvailles du patron de l’Éducation nationale sont des sanctions contre les syndicalistes et autres «Collectifs» de grévistes, allant de la suspension immédiate de solde pour les personnels absents de leur poste de travail sans justification, à la radiation sans consultation des instances disciplinaires en cas d’abandon de poste sans motif valable depuis trois mois. Faisant fi des textes régissant les libertés syndicales auxquels le Gabon est tenu de respecter, notamment le droit de grève défendu par l’Organisation internationale du travail (OIT) et la loi 18/92 sur les organisations syndicales en République gabonaise, le ministre de l’Éducation nationale, vient de se tirer une balle dans le pied.
«La circulaire du ministre nous surprend, parce que le début de la crise, je ne sais plus combien de rencontre nous avons eu avec le ministre pour essayer de proposer des pistes de solution pour que la grève puisse s’arrêter », s’est étonné le Secrétaire général du syndicat national de l’éducation Fridolin Mve Messa. « Nous avons même été plus loin en saisissant le ministre de la fonction publique et le celui du Budget qui sont concernés par cette crise pour essayer d’entrevoir une sortie de crise », a-t-il poursuivi.
Cette initiative de Florentin Moussavou qui serait lancée pour court-circuiter la discussion engagée ces dernières semaines avec les grévistes, est perçue par les syndicats comme une opportunité de réaffirmer leur position et dénoncer les menaces du ministre de l’Education. «Le ministre de l’Education nationale ne tire pas les leçons de ces prédécesseurs. Parce que lorsqu’on est responsable d’une administration on devrait plutôt à chaque fois essayer d’apaiser le climat au lieu de le tendre. Cette mesure n’a jamais porté de fruits. Ce ne sera pas la première fois que le gouvernement suspendra des salaires. Ce ne créera que d’autres problèmes. C’est une mesure qui plombera davantage l’aile au système éducatif», a affirmé le secrétaire général de la fédération syndicale des enseignants de l’éducation nationale, Alain Magouadi.
« Pour radier un fonctionnaire, il faut des procédures. Il faut d’abord constater la faute lourde», rappelle Mve Messa. «Nous cela nous fait rire et cela nous désole en même temps», regrette-t-il. Les leaders syndicaux promettent de mettre fin aux concessions, pour que cette grève qui est bien suivi le soit davantage sur l’ensemble du territoire. «Même si les enseignants regagnent les classes, ils ne vont pas travailler. Nous irons nous asseoir, ce sont les élèves qui seront pénalisés. Et on verra in fine qui sera perdant. Nous allons nous limiter à la pratique syndicale. Le mieux est d’assurer aux partenaires sociaux que nous sommes que sur 10 revendications, nous pouvons régler quelques points», a conclu Fridolin Mve Messa.