Face aux mouvements de grève perturbant l’Education nationale, le chef de ce département ministériel, Florentin Moussavou, a décidé de passer à la méthode forte en annonçant des sanctions contre les syndicalistes et autres «Collectifs» de grévistes.
La rentrée scolaire 2016-2017 au Gabon est loin d’être une sinécure. Depuis fin novembre 2016, date de la reprise des cours dans les établissements scolaires du pays, elle n’a été qu’émaillée de bras de fer entre le gouvernement et les syndicats. De revendications en revendications et de grèves en grèves, ces collectifs et syndicats ont fini pas plomber définitivement le système éducatif. Pour essayer donc de remettre de l’ordre dans la maison, le ministre de l’Education nationale a publié, le 30 janvier 2017, une note circulaire dans laquelle il prescrit des sanctions à appliquer par les directeurs généraux de l’administration centrale, les directeurs d’académie provinciale, les directeurs de zone d’académie et les chefs d’établissements contre les grévistes.
Dans cette note, le ministre invite ces membres de l’administration et autres chef d’Etablissements à procéder, à compter du lundi 30 janvier 2017, à la «suspension immédiate de solde pour les personnels absents de leur psote de travail sans justification», mais aussi à la «suspension immédiate de solde, pour les enseignants n’assurant pas effectivement leurs cours». Florentin Moussavou annonce dans cette lignée «la mise en place des Conseils de disciplines» ainsi que «la radiation sans consultation des instances disciplinaires en cas d’abandon de poste sans motif valable depuis trois mois».
Voulant marquer le caractère coercitif de cette note, le membre du gouvernement a insisté sur le «pointage quotidien des agents présents et absents de leur poste de travail» que devraient faire ces chefs d’administration et d’établissements. Ce qui permettrait, selon lui, de veiller au déroulement effectif des activités administratives et pédagogiques. Ne se limitant pas à ces sanctions et pointage, le ministre de l’Education nationale souhaite en outre disposer, en fin de chaque semaine, des listes des réfractaires à transmettre respectivement aux ministres de la Fonction publique et du Budget.
Le ministre de l’Education nationale justifie son acte par le fait que l’année scolaire 2016 – 2017 connaît de nombreuses perturbations du fait de ce qu’il considère comme un «cycle de grèves décidées par les syndicats d’une part, et des arrêts de cours par des personnels de l’Education nationale se réclamant de ‘‘Collectifs’’, d’autre part». Dans ce contexte, il dénonce tous ces mouvements, «parfois incontrôlés s’accompagnant de brutalités diverses sur les personnels et les biens à l’intérieur des établissements scolaires, générant un climat de peur chez les chefs d’établissement, les autres personnels administratifs, les enseignants non-grévistes, les élèves et les parents d’élèves». Florentin Moussavou s’offusque d’autant plus qu’il assure, dans ce communiqué, que le «gouvernement travail au règlement des problèmes, dans un contexte économique difficile».
Entrées en vigueur le 30 janvier dernier, ces sanctions risquent, selon certains observateurs avertis, de «mettre de l’huile sur le feu». «Il est clair que les lendemains sont désormais incertains», a lancé un parent d’élèves pour qui, «la voie du dialogue et de la négociation reste la voie royale vers la sortie de cette crise qui n’a que trop duré».