Les petites et moyennes entreprises (PME) locales disent avoir constaté un accaparement des forêts dans la province du Woleu-Ntem, particulièrement à Bitam et à Minvoul. Deux sociétés chinoises détiendraient plus d’hectares d’exploitation que la réglementation ne le permet.
Dans les départements du Ntem (Bitam) et du Haut Ntem (Minvoul), l’exploitation forestière serait soumise à une bien curieuse pratique face à laquelle les riverains se sentent impuissants, voire abandonnés par les autorités en charge du secteur. Depuis quelques années, en effet, les entreprises TTIB et CDG appartenant au Chinois Gao Yan bénéficieraient de permis d’exploitation format «XXL». C’est en tout cas, le constat fait par la Confédération générale des petites et moyennes entreprises et industries (CGPMEI) à l’occasion d’une visite de terrain la semaine dernière. Selon son président Emmanuel Marcos Zue Meye, l’exploitant forestier «s’est vu attribué […] tout le département du Haut Ntem», imposant ainsi sa loi dans les forêts de Minvoul, Bolossoville et Ebomane, au point d’en interdire leur fréquentation aux paysans desdites localités.
Pourtant, à la CGPMEI, on soutient que les permis acquis par l’exploitant Chinois n’ont «pas fait l’objet d’adjudication, mais d’une procédure de gré à gré». Et Gao Yan, dit-on, ne s’en cache pas. Il «raconte à qui veut l’entendre qu’il a remis 7 milliards (de francs) au chef de l’Etat pour avoir ces permis». Aujourd’hui, ironise Emmanuel Marcos Zue Meye, «aucun villageois ne peut plus couper un petit bois pour procéder aux réparations de sa maison sans demander l’autorisation écrite du tout puissant Gao Yan, au risque d’être inquiété par les autorités judiciaire de la province». Mais pour tenter d’y voir clair, la confédération des PME locales annonce la sollicitation d’une enquête à la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI) et le dépôt d’un recours en annulation des gigantesques permis acquis par les sociétés TTIB et CDG dans le Woleu-Ntem. Le Conseil d’Etat devrait être saisi sur cette question dans les jours qui viennent, promet le président de la CGPMEI.
Si la CGPMEI dit préférer s’adresser à la CNLCEI et au Conseil d’Etat plutôt qu’au ministère de l’Economie forestière, c’est que ce département ministériel, bien qu’ayant récemment permis aux PME locales d’accéder au recensement et à la récupération des bois abandonnés dans la zone forestière du Woleu-Ntem, semble avoir été supplanté par les autorités judiciaires de la province. «Les entrepreneurs nationaux constatent que le secteur foret-bois dans la province du Woleu-Ntem, est bien plus sous la tutelle du département de la justice que sous celui de l’économie forestière. Il y a donc un ministère de l’Economie forestière géré par le procureur du tribunal d’Oyem et un autre ministère géré par madame le ministre Estelle Ondo qui est basé à Libreville», a regretté Emmanuel Marcos Zue à la faveur d’un point de presse le 30 janvier.