Les autorités gabonaises auraient-elles décidé de faire leur mea culpa sur Gabon 24 ? Si rien n’est moins sûr, le choix de la chaîne tout-info nationale de diffuser plusieurs fois par jour et de manière quasi-successive des éléments liés aux soupçons de fraudes au PS ne manque pas d’interroger.
Une vidéo d’archive de France 24 datant de 2009 et publiée pour la première fois en mars 2012 par le site 24heuresactu.com, met en scène Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la prochaine présidentielle française. L’homme politique y accuse François Hollande d’avoir truqué un vote interne du Parti socialiste (PS) en 1997. L’affaire tombe bien au moment où la gauche française fait face à de nouvelles accusations de triche, notamment lors du premier tour de la primaire du dimanche 22 janvier. A Gabon 24, la chaîne de télévision que d’aucuns disent «gérée» par la présidence de la République, avec l’appui pour le moins remarqué du porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Billie-By-Nze, on a choisi de sauter sur l’occasion. Cette vidéo est diffusée plusieurs fois sur la chaîne depuis ces dernières heures, et de manière quasi-successive. Mieux, un autre élément axé précisément sur le «scandale» lié au nombre douteux de participants enregistrés au premier tour de la primaire accompagne, comme appui, chaque passage de la fameuse vidéo d’archive. Question : quel est le but réel de cette petite campagne de dénigrement de la majorité française au pouvoir ?
Si certains croient avoir vu dans la démarche de «la chaîne du palais» une tentative de se faire passer pour des donneurs de leçons, celle-ci apparaît, en réalité, sous un autre angle. On pourrait notamment penser qu’il s’agit d’un mea culpa déguisé. Sinon, qu’est-ce qui expliquerait l’acharnement de ce média, muet devant certaines dérives et amnésique lorsqu’il s’agit de rappeler que des évènements similaires ont eu lieu au Gabon. En diffusant quasiment en boucle les deux éléments, les autorités gabonaises semblent tenter de faire passer un message au PS : «Nous ne sommes pas les seuls à tricher aux élections.» Et leur réaction pourrait parfaitement se comprendre. D’autant qu’à la suite de la présidentielle au Gabon, le pouvoir de Libreville avait subi de vives critiques de la part des responsables politiques français, y compris ceux du PS. Si le palais du bord de mer n’avait pas manqué de répondre à l’époque aux accusations de fraudes électorales qui lui avaient été adressées, cinq mois après, alors qu’Ali Bongo est désormais certain de conserver son pouvoir, la contre-attaque est permise. Mais à quelle fin ?