Pionnière de ce projet agricole d’envergure dans le pays, la province constitue un bel exemple de l’avancement de cette initiative. Toutefois, quelques réglages sont encore nécessaires pour que le projet prenne définitivement son envol.
La province de l’Ogooué-Ivindo figure très certainement dans le peloton de tête, en matière d’état d’avancement dans la Gabonaise des réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés (Graine). Une donnée renforcée par l’adhésion des coopératives autour de ce projet agricole, évaluées à 172 pour plus de 4000 membres, sur l’ensemble des quatre départements que compte la province.
Si seules 37 coopératives ont effectivement lancé leurs activités, le bilan actuel n’en demeure pas moins éloquent. En effet, les données de la Société gabonaise de transformation agricole (Sotrader) font état de 1009,32 hectares de plantations défrichées et nettoyées, 264 hectares en phase de planting et une superficie totale plantée de 410 hectares.
Principales cultures développées dans cette province, le manioc et la banane occupent, respectivement, 288,26 hectares et 120,55 hectares de superficie plantées. Selon le directeur provincial du programme Graine, «les premières récoltes seront lancées dans les prochains jours». A quelques jours de cette échéance, le 21 janvier dernier à Makokou, Sidoine Akoubou n’a pas manqué de magnifier le travail réalisé en amont, avec la production de semences de manioc et de banane sur la pépinière d’Ekwong, à trois kilomètre de Makokou.
«Nous produisons ici toutes les semences allant sur les différents sites. Nous recevons cette semence en provenance d’un centre agréé du Cameroun», a-t- poursuivi. A cette occasion, l’ingénieur agronome en charge du site, a révélé quelques éléments inhérents à la production desdites semences.
«Ici, nous sommes sur la pépinière de l’Ogooué-Ivindo, avec une capacité de 500 000 iso-plants. Nous produisons deux variétés de bananes : Big-Ebang et Bâtard, en provenance du Cameroun», a expliqué Nguema Prudence, soulignant qu’une partie du site est également dédiée à la production de boutures de manioc. Arrivés à maturité, les iso-plants, alors au stade de boutures, sont ainsi distribués aux différentes coopératives partenaires du projet Graine.
Si l’ensemble des coopératives engagées ont passé le stade du planting, attendant ainsi la prochaine récolte, certaines n’ont pas manqué d’évoquer quelques difficultés liées à leurs activités. C’est le cas de la coopérative Andock, ayant développé une plantation de manioc sur une superficie de 30 hectares. Sa présidente a notamment déploré l’insuffisance de matériel agricole, mais également des retards de paiement des 100 000 francs CFA, accordés chaque mois, à chaque membre de la coopérative.
«Je voudrais également lancer un appel au gouvernement, pour qu’il jette un regard favorable sur la route menant à notre site», a lancé Edzowa Jacqueline. Longue d’une dizaine de kilomètres, cette voie n’est pas bitumée, rendant ainsi difficile l’accès des membres de la coopérative à leur plantation.
D’autres coopératives ont également mentionné des préoccupations tout aussi cruciales. Beaucoup, en effet, sont caractérisées par la vieillesse de leur main d’œuvre. Une situation liée à l’absence, dans les villages, de certaines commodités en tête desquelles l’électricité. Du coup, les jeunes préfèrent rester en ville, bien que sans emplois, au lieu d’aller s’adonner au travail de la terre dans les conditions actuelles. Autant de doléances, que la Sotrader et Olam ont promis corriger dans un proche avenir.