Conviés par le Premier ministre, plusieurs représentants de centrales syndicales gabonaises reconnues ont pris part à une importante réunion le week-end écoulé. Au cours de cette rencontre, les syndicalistes, sans ambages, ont présenté à Daniel Ona Ondo leurs différentes préoccupations, avant de lui soumettre quelques propositions pour l’apaisement du climat social dans le pays.
Au cours de la rencontre initiée le samedi 29 mars par le Premier ministre à Libreville, les quatre porte-paroles des différentes centrales syndicales n’ont pas caché leur volonté d’apaiser le climat social qui, depuis plusieurs mois, tend peu à peu à se détériorer avec la multiplication des mouvements de grèves dans tous les secteurs de l’administration publique. Si, unanimement, les leaders syndicaux ont dit leur préoccupation face à cette menace, ils ont mis, sans ambages, Daniel Ona Ondo devant ses responsabilités et devant les difficultés rencontrées par les agents du Public.
Pour Fridolin Mve Messa représentant de la coalition des centrales syndicales, la chose est entendue : «Dans le secteur public, le cadre de travail est loin d’être agréable. On relève en tout, l’absence de matériel de bureau, de véhicules de liaison, la mauvaise utilisation des ressources humaines. Aujourd’hui, une frange importante des cadres de l’administration est à la maison. Toute chose qui ne garantie pas l’atteinte des objectifs escomptés. (…) L’autre motif d’inquiétude qui peut être à l’origine, à nouveau, de mouvements sociaux est la suite à donner à notre cahier des charges, négocié et ayant fait l’objet d’un procès verbal d’accord partite.»
Au-delà de ces différentes préoccupations fonctionnelles, les acteurs sociaux ont reconnu devant le chef du gouvernement que «l’actualité du monde du travail tourne autour de la Prime d’incitation à la performance». En effet, si pour le chef de file de la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed) cette question suscite, depuis l’annonce de sa mise en vigueur, divers commentaires, c’est que l’idée de la PIP n’a pas pris en compte le sentiment des différentes organisations syndicales du pays. Pour Fridolin Mve Messa, c’est indéniable, «cet élément de motivation va créer des frustrations et des discriminations». Pour cause, a-t-il indiqué, «certains ministères s’érigent déjà en superstructures, se plaçant hors de l’échelle prévue». De même, a relevé le porte-parole des centrales syndicales gabonaises, «dans le fonctionnement actuel de notre administration, il serait difficile d’évaluer objectivement l’efficacité d’un agent public. Il y a là, risque de retomber dans les travers, les habitudes et les comportements tant décriés. Notamment, le copinage, le tribalisme et l’abus d’autorité.»
Dans le sens d’un apaisement du climat social dans le pays, les représentants des organisations syndicales gabonaises ont également attiré l’attention de Daniel Ona Ondo sur les questions relatives au salaire minimum de base en République gabonaise qu’ils souhaitent voir augmenté incessamment. A cet effet, Joël Ondo Ella, le représentant de l’Alliance pour le renouveau syndical au Gabon (Aresga) a invité le Premier ministre à «mettre en place des mécanismes performants» et «courageux», afin de venir à bout des différentes préoccupations des Gabonais, confrontés à la pauvreté et à la hausse des prix au quotidien. Pour ce faire, a-t-il proposé, le gouvernement devrait prendre en compte l’héritage du passif et de l’actif qui lui incombent. Au titre du passif, les syndicalistes ont notamment relevé les engagements gouvernementaux du 11 mars 2013, parmi lesquels figurent la revalorisation du SMIG et celle du point d’indice. Reste donc à Daniel Ona Ondo, tout fraîchement nommé à la tête du gouvernement de répondre par des actes aux nombreuses préoccupations des Gabonais.