Cité dans des affaires de détournement de deniers publics par Hervé Patrick Opiangah, conseiller du président de la République, Désiré Guedon, vient d’être nommé Secrétaire général de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) par le Sommet des chefs d’Etat de la CEMAC. Ancien ministre de l’Energie et des Ressources hydrauliques, et ancien ministre de l’Urbanisme et du Logement – deux des secteurs ayant connu le plus de «prélèvements magiques»-, le banquier de 51 ans va-t-il pouvoir rejoindre son poste à Yaoundé ?
C’est le 23 janvier prochain que le gouverneur et toute la nouvelle équipe dirigeante de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) vont prendre leurs fonctions dans la capitale camerounaise. Parmi ceux-ci, figure l’ancien ministre gabonais de l’Urbanisme et du Logement, nommé Secrétaire général de l’institution financière sous-régionale fin- décembre, soit deux mois et demi après sa sortie du gouvernement.
Après les procédures ayant conduit, les 10 et 12 janvier derniers, deux de ses anciens collègues, à savoir Magloire Ngambia et Etienne Dieudonné Ngoubou, à la prison centrale de Libreville, appelée «Sans-Famille» par les Librevillois, l’opinion se demande quel sort va connaître ce nouveau «fonctionnaire international» qui jouira, dès sa prise de fonctions à Yaoundé, de l’immunité diplomatique accordée pour ce type de fonctions. Désiré Guedon a pourtant été cité par voie de presse comme faisant partie de ces ministres qui auraient procédé à des «prélèvements incestueux» dans les fonds destinés au programme d’électrification des villes et d’adduction d’eau. Sans qu’il n’y ait eu de plainte, la justice s’est autosaisie après les affirmations d’un Conseiller du président de la République, dans le quotidien L’Union, sur de présumés détournements de fonds publics pour lesquels, disait-il, «ils ne peuvent circuler librement dans la ville sans rendre des comptes».
Va-t-il se claquemurer ou se mettre à la disposition de la justice ?
L’ancien ministre préférera-t-il rester dans la sacro-sainte obligation de réserve qui ne peut le servir durablement ? Va-t-il se claquemurer et esquiver, au risque de voir son image rester brouillée pour longtemps ? Ou prendra-t-il lui-même la décision de se mettre d’abord à la disposition de la justice de son pays pour se défendre, au moment où des accusations de malversations financières contre lui fusent, comme on le voit, de certains cercles du Palais du Bord de mer ? Beaucoup pensent que c’est la réponse qu’il devrait donner à un tel climat de suspicion. Cela lui permettrait non seulement de faire preuve de sa bonne foi, mais aussi et surtout de mettre fin aux doutes qui semblent s’emparer de l’opinion, et à toutes les allégations qui entachent sa personnalité et son honneur et de laver son honneur gravement terni. Des observateurs de la vie politique gabonaise estiment qu’une telle décision serait la bonne, d’autant plus que les procédures actuelles ne mettent pas de temps, si l’on en juge par la rapidité avec laquelle les dossiers de ces deux anciens collègues du gouvernement ont été traités par les services de police et par la justice : quelques perquisitions, un interrogatoire, et fin de procédure en cas d’innocence.
Le cas Guedon est d’ailleurs abondamment commenté sur les réseaux sociaux. On y parle en effet d’une interdiction de sortie du territoire qui lui aurait été signifiée par le procureur de la République. Ils évoquent de ce fait un voyage «manqué» que l’ancien ministre devait effectuer aux Etats-Unis où il aurait dû retrouver son épouse et ses enfants pour un séjour privé, avant d’aller prendre ses fonctions à l’avenue Monseigneur Vogt, siège de la BEAC dans la capitale camerounaise. Tout ceci mérite de la clarté.