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Logements Alhambra et Bikélé «remis» aux ayants-droits, et maintenant ?
Publié le dimanche 15 janvier 2017  |  Gabon Review
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Les «quatre jours de douleur» de l’opération de déguerpissement des squatters, du 27 au 30 décembre dernier à Agondjé sur le site d’Alhambra et à Bikélé, par le procureur de la République et 300 agents de police, ont permis aux ayants-droits de recouvrer la plénitude de leurs droits dans ce dossier, mais cette opération a, dans le même temps, poussé près de 1300 personnes dans la rue. Que fait-on de ces SDF ? Il y a urgence, il y a trop d’indicateurs de pauvreté, trop de précarité.

Les services compétents du gouvernement (Habitat, Justice et Sécurité) viennent de «jeter dans la rue» près de 1280 familles, soit à peu près 10.000 personnes ! «Au-delà de l’intrusion collective de ce groupe de squatters et du préjudice causé aux vrais propriétaires ou locataires, il est du devoir de l’Etat de trouver un toit à toute personne nécessiteuse», souhaite l’un des avocats du Collectif des habitants. Celui-ci refuse de revenir sur la procédure judiciaire engagée par ses clients. «Comme lors des calamités naturelles par exemple, l’Etat se doit de régler rapidement une telle situation, en réquisitionnant par exemple des bâtiments publics non occupés pour les loger. Il faudrait oser une vraie politique de lutte contre la précarité !», lâche un ancien ministre de l’Habitat. «On peut aussi faire appel à un entrepreneur qui a fait ses preuves ailleurs, comme l’entreprise marocaine qui a construit des milliers de logements sociaux à Malabo», suggère un fin connaisseur du dossier.

Réquisition de bâtiments publics non occupés

Mais le Gabon n’est plus un pays attractif pour les entreprises étrangères. Le consortium turc venu construire les logements préfabriqués dans la ville d’Akanda a quitté le Gabon avant même la fin du chantier, en raison des tergiversations de ses interlocuteurs du gouvernement dans ce dossier. Le Gabon est encore moins attractif aujourd’hui qu’il y a un an. Ce qui est de la faute de ses gouvernements successifs depuis le projet «5000 logements par an». Il est vrai que tous les projets annoncés ou suivis par les prédécesseurs de Bruno Ben Moubamba au ministère de l’Habitat – Ruffin Pacôme Ondzounga, Blaise Louembet, Magloire Ngambia, Désiré Guédon, Alexis Boutamba Mbina – ne se sont nullement concrétisés. Ainsi résumé, le Gabon peut apparaitre comme un pays compliqué, verrouillé, un véritable repoussoir pour les investisseurs. Les gouvernements successifs ont beaucoup parlé, beaucoup promis, mais ont agi «trop peu, trop lentement, trop faiblement» à la fois avec les investisseurs potentiels et pour les populations qui en sont toujours à attendre que «les lignes bougent» réellement dans ce secteur. Si le propos de Bruno Ben Moubamba sur la construction de 10.000 logements par an n’a pas vraiment été pris au sérieux dans l’opinion, voire parmi les cadres de son ministère, il n’en demeure pas moins que le logement ne mérite pas de rester le principal point noir des politiques publiques engagées toutes ces dernières années.

Il va bien en effet falloir relancer le projet de construction des logements au Gabon, à commencer par la reprise du projet des 3800 logements lancé par la Société nationale immobilière (SNI) en 2013 et qui a été interrompu un an et demi plus tard. En plus des 1300 SDF d’Alhambra et de Bikélé, on évalue, chaque année, qu’entre 300 et 400 familles s’installent dans des quartiers défavorisés, dans des habitations indignes, dans les «mapanes», comme on dit. «Le temps est venu de régler le principal problème qui, après le chômage et la vie chère, se pose aux Gabonais, à savoir le mal-logement. L’opération de déguerpissement de fin-décembre 2016 qui a enregistré un retentissement particulier doit être un tournant majeur et un véritable challenge pour le gouvernement pour faire en sorte que les populations nécessiteuses et à très faibles revenus trouvent enfin un toit, comme lorsque, au début des années 70, Likouala et ses 300 habitations furent créées», avance un ancien directeur général adjoint de la SNI, aujourd’hui à la retraite.

En l’absence du ministre du Logement social


SDF à Akanda : un matelas pour dormir à la belle étoile… en pleine saison des pluies. © Gabonreview
Les déguerpis d’Alhambra et de Bikélé n’ont pas compris que le ministre de l’Habitat, Bruno Ben Moubamba (accompagné de son épouse et ses enfants) préfère déserter Libreville et se rendre, dès le 26 décembre, veille du lancement de l’opération de déguerpissement, à Paris pour quelques jours de répit (?)… alors que sa présence était nécessaire sur les lieux. Coup de fatigue ? Stress ? Manque de courage ? Qu’a donc eu le ministre de l’Habitat ? Il a été, en tout cas, au centre de toutes les rumeurs pendant cette période. «Symboliquement, il aurait dû être présent. Diantre, aucune raison, aucun motif, n’est valable sur cette escapade parisienne quand des vies humaines et des situations individuelles et collectives sont en jeu», tranche un membre du Collectif des (anciens) habitants d’Alhambra. «S’il avait été là, le ministre nous aurait dit un mot sur la suite des événements», regrette l’un des porte-parole du Collectif. S’ils continuent de porter un jugement très sévère aujourd’hui sur le gouvernement, c’est aussi à cause de cette absence.

En tout cas, les choses peuvent encore changer, espèrent les uns et les autres. «L’action du gouvernement peut encore gagner en lisibilité». Avec cette petite saison des pluies interminable, de nombreuses familles ne peuvent rester dehors. «Il y a urgence, il y a trop d’indicateurs de pauvreté, trop de précarité, le pays ne peut plus attendre», affirme un membre du Collectif. Après les «quatre jours de douleur» marqués par un déni de dignité, il faudrait passer à la production de logements et ne surtout plus se contenter d’une politique de petits pas et de mesurettes destinées à plaire à la hiérarchie.
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