C’est le message porté actuellement par Gérard Ella Nguema, le président de la 3ème voix, dans le cadre de la tournée initiée par lui du 9 au 11 janvier courant à Libreville, la capitale gabonaise. Dans une situation de crise postélectorale ambiante, la 3ème voix n’entend se positionner ni du côté du pouvoir ni de celui de l’opposition, qui sont les seuls responsables du statu quo dans cette guerre d’héritage entre les héritiers d’Omar Bongo. Elle œuvre plutôt pour la conjugaison des énergies tous azimuts, afin de trouver une issue pacifique au conflit post-présidentiel qui secoue le pays depuis le terme du scrutin du 27 août dernier.
Les acteurs politiques actuels, pouvoir comme opposition sont les seuls responsables de la situation postélectorale que traverse le pays depuis l’avènement du multipartisme en 1990. Et les contestations postélectorales enregistrées à chaque élection présidentielle ne sont autre chose que la conséquence d’une prise en otage du pays par les héritiers du système Bongo, qui se livrent bataille pour le partage de l’héritage. Il faut donc, au milieu de cette guerre des héritiers, trouver une autre force d’interposition, afin de libérer le pays de la stratégie du "sur place" entretenue volontiers par opposition et majorité, qui sont tous à ranger dans le même moule des héritiers du Bongoïsme.
Cette force d’interposition c’est la 3ème voix dirigée par Gérard Ella Nguema, ancien candidat malheureux à la dernière présidentielle. Pour le dissident de l’union nationale qui se réclame de la vision d’André Mba Obame, la 3ème voix étant une plate-forme sociale, économique et politique, elle se veut fédératrice de toutes les énergies, toutes les compétences de tous les horizons ou chapelles politiques pour trouver une issue pacifique à la crise que connaît actuellement le pays. Il s’agit d’une issue qui soit à même d’arrimer notre pays au modèle des nations dites de démocratie participative de tous les citoyens.
Une voix inaudible ?
La 3ème voix, si elle se veut force d’interposition souffre cruellement de plusieurs maux, d’où sa difficulté à convaincre et à mobiliser. Même si elle se veut le plus large possible en termes de propositions et de mutualisation des énergies, il reste qu’Ella Nguema manque de précision sur la forme même de cette addition d’énergies. S’il refuse le dialogue d’Ali Bongo, et l’épreuve de force prônée par Jean Ping dans sa prise de pouvoir, Gérard Ella reste flou sur le type de solution, qu’il entend apporter à la maladie du Gabon. A y regarder de près, il s’agit plutôt d’un dialogue politique voilé sous l’égide d’Ali Bongo, même si l’intéressé rejette lui-même l’idée. Ce qui ne le différencie véritablement pas de l’actuel Chef de l’Etat, qu’il tente de critiquer, au fond ce n’est qu’un jeu de mots. Outre ce brouillage de piste, il y a que l’ancien candidat traîne derrière lui l’image écornée des « candidats du palais », puisque l’homme fait bel et bien partie des petits candidats qui n’ont pas hésité à aller féliciter Ali Bongo, lors de sa prestation de serment en septembre dernier.
Un geste qui apparaît aux yeux de nombreux compatriotes comme une traîtrise de certains candidats dits de l’opposition, qui n’ont pas hésité de certifier la réélection d’Ali Bongo au plus fort de la contestation postélectorale. Autant de casseroles qui rendent inaudible la 3ème voix dans sa prétention de "ni ni", sans autre solution viable. Ce qui est d’ailleurs une grosse erreur, car le problème du Gabon n’est plus un problème d’héritiers se battant pour le partage du gâteau héréditaire, mais plutôt un problème d’alternance politique. Un ras-le-bol presque généralisé devant la fossilisation cinquantenaire des mêmes têtes au pouvoir, qui donnent l’impression d’enlisement. C’est avant tout une question d’alternance, quitte à ce que celle-ci soit incarnée par un autre "démon" du système.