Les coûts de production et les facilitations sur les importations à l’origine de ce contraste.
Difficile pour les populations de Libreville de s’approvisionner en viandes produites au Gabon. Le constat est fait dans les rayons de certains supermarchés de la capitale. Samedi 7 janvier 2017, un tour fait dans certaines de ces surfaces commerciales a permis de confirmer cette tendance. Au supermarché Prix Import, le consommateur est accueilli par une enseigne indiquant un rayon où sont achalandées les viandes produites au Gabon. Mais, en regardant les prix, la désillusion peut être grande pour certains. Ici, le filet de viande de bœuf est vendu à 12 600 Fcfa le kilogramme. Tout à côté, le poulet de chair local est vendu 4 200 Fcfa le kilogramme. Cet espace commercial n’est pas le seul dans son cas. Tout à côté, à une centaine de mètres de là, Géant CKdo présente les mêmes produits, à des prix toujours aussi prohibitifs.
Pourtant, dans les mêmes espaces, les produits importés sont vendus à des prix beaucoup plus compétitifs. Au supermarché Mbolo par exemple, les consommateurs peuvent s’offrir un kilogramme de côtes de porc à un peu moins de 2 000 Fcfa lorsqu’il s’agit de produits venus d’Europe ou de certains pays d’Amérique du sud. Tandis que les poulets importés sont cédés à 1 200 Fcfa, voire 1 000 Fcfa par kilogramme, selon la provenance du produit.
Production et dumping
Plusieurs paramètres expliquent ces différences de prix entre les viandes produites localement et celles importées. Marcel Bridon, propriétaire d’une ferme dans la banlieue de Libreville, explique la cherté des produits locaux par le coût de production élevé. « Pour faire un kilogramme de viande de poulet, il faut en moyenne dépenser 1 500 FCFA », explique-t-il. Si l’on ajoute à cela les autres dé- penses inhérentes à l’exploitation de la ferme, ainsi que l’incidence des coûts de transport, et même les exigences de qualité par les distributeurs qui induisent des dépenses supplémentaires, « on peut comprendre finalement que le kilogramme de poulet de chair, dans un supermarché, soit aussi élevé », argumente-il.
Les fermiers du Gabon se plaignent de subir une sorte de dumping des produits importés. Les éleveurs européens, dans la majorité, bénéficient de subventions pour soutenir leur production. Des subventions et des facilitations leurs sont également accordées par leurs pays lorsqu’ils exportent leurs produits. Lesquels bénéficient d’autres avantages offerts par l’Etat, à leur entrée en territoire gabonais. En 2012 par exemple, pour tenter d’infléchir l’inflation de certains produits de consommation de masse, le gouvernement avait levé les droits de douane et la Tva sur neuf groupes de produits, dont faisaient partie les viandes porcine et bovine, ainsi que la volaille. Des facilités qui permettent aujourd’hui de trouver dans certaines surfaces commerciales, comme au marché de Nkembo des côtes de porc à 1 200 Fcfa le kilogramme ou des cuisses de poulets à moins de 1 000 Fcfa par kilogramme.
Le gouvernement, à travers le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage, chargé de la mise en œuvre du programme Graine, entend renverser cette tendance en boostant la production locale. Des programmes et projets sont en cours d’élaboration ou de mise en œuvre afin d’apporter un soutien technique et financier efficient pour les aider à produire davantage tout en réduisant les coûts de production. Ce qui va, à terme, contribuer à ce que les consommateurs trouvent des produits locaux à des prix moins inflationnistes.