La crise politique, les salaires impayés dans plusieurs entreprises, le manque de tables-bancs dans les établissements et les menaces incessantes des enseignants font craindre au pouvoir un boycott total de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2017). Pour parer à l’absence des supporters, les autorités ont décidé de mettre à contribution les élèves en exigeant aux chefs d’établissements scolaires de les convoyer au stade durant la compétition .
Pour remplir les stades qui abriteront la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2017), les autorités auraient exigé des responsables d’établissement scolaires secondaires d’imposer aux élèves d’assister aux différentes rencontres de la CAN. « Le proviseur est passé en classe nous exiger d’aller au stade à Oyem lors du test match entre les Panthères et le CF Mounana pour l’inauguration du stade. Selon le proviseur, c’est une exigence de la Présidence de la République. Il nous a fait savoir que l’opération allait se renouveler tout au long de la CAN et que les billets seront payés et distribués à chaque élève du lycée. Nous seront transportés de Mitzic au stade d’Oyem. Il semble que le proviseur ne mesure pas le risque qu’il y a de déporter ainsi plusieurs élèves avec le risque d’accident de circulation. Tout cela pour le bonheur d’un homme. Pour une communication inutile » nous a confié une élève du lycée de Mitzic exaspérée par l’entêtement de son proviseur.
Une situation qui ne laisse pas insensibles de nombreux parents d’élèves qui s’interrogent sur le diktat des proviseurs. « Ma fille de 15 ans est en troisième au collège Ange Mba. Elle m’a dit ce soir que le proviseur a informé que ‘’les grands du lycée’’ iront au stade gratuitement pour la cérémonie et le match d’ouverture. Et pour les autres matchs on leur remettra 5000 frs par match pour y assister. Je dis ceci, à tous les proviseurs contactés par le COCAN, mon enfant est mineur donc sous ma responsabilité toutes les dépenses concernant ses études, sa santé, son avenir m’incombe. Vous n’avez pas le droit d’envoyer mon enfant au stade sans mon autorisation et si cela venait à se produire à mon insu, je vous poursuivrais en justice pour abus d’autorité, enlèvement d’enfant et mise en danger de la vie d’autrui. La présence de mon enfant dans votre lycée c’est pour prendre des cours et être éduquée et enseigner, non servir de faire-valoir aux fossoyeurs de la République » confie un parent d’élève visiblement indigné de l’information que venait de lui rapporter son enfant.
« La CAN renforce les liens entre peuple d’une même nation. N’est-il pas utile que le président de la République puisse donner à la jeunesse la possibilité de vivre cet évènement en live ? La Jeunesse ne paie-t-elle pas le lourd tribut de la crise pétrolière actuelle avec tous ses corolaires ? » déclare pour sa part Martin Zang Ollomo.
Tout semble indiquer que les autorités sont à la recherche de supporters pour animer les stades à l’occasion de la CAN et faire croire à une cohésion nationale plus que précaire au lendemain de la crise née de la réélection controversée d’Ali Bongo Ondimba.